Cette nouvelle Loi sur les nouvelles en ligne, portée avec détermination et courage par le Ministre de Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, permettra à des médias comme La Liberté de se regrouper avec d’autres éditeurs pour négocier collectivement des ententes équitables avec les géants du Web.
Avant cette loi, rappelons que la Loi sur la concurrence nous empêchait de créer un tel regroupement, nous laissant ainsi dans la position de David contre Goliath. Imaginez un instant La Liberté négocier seule contre l’armée d’avocats de Google et Meta!
Désormais, le force du collectif permettra aux éditeurs canadiens, petits et grands, de rééquilibrer les pouvoirs et d’obliger les Google et Meta de ce monde à négocier (de bonne foi, on l’espère) avec nous pour l’utilisation des nouvelles que nous produisons en ligne. Un contenu fiable et indépendant qui coûte cher à produire car il nécessite un investissement en temps, en expertise et en ressources humaines que les colosses du numérique n’ont pas choisi de valoriser par eux-mêmes.
L’accumulation des richesses à tout prix étant leur seul et unique moteur, il en coûte à notre monde contemporain une absence quasi totale de protection de nos vies privées, la fragmentation d’une société par la diffusion de contenus sensationnalistes, polémiques ou extrémistes par le biais d’algorithmes hyper puissants, ou encore la concentration du pouvoir car ces plateformes ont la capacité de contrôler la visibilité de certains contenus et de façonner les flux d’information.
La Loi du Ministre Rodriguez vient à point. Les nouvelles fiables sont plus importantes que jamais.
Mais ne nous leurrons pas. Les négociations risquent d’être difficiles. Pour preuve, la réaction de Meta au lendemain de l’adoption de cette loi, qui dans un ultime élan de mauvaise foi et de menace, a annoncé qu’elle suspendrait les contenus de nouvelles sur ses plateformes pour les utilisateurs canadiens.
Les Australiens avant nous ont tenu bon. Et leur Loi, le News Media Bargaining Code, pionnière en la matière, a permis à des groupes de petits journaux comme le Country Press Australia de conclure des accords avec Google et Meta. En d’autres termes, ces médias ont réussi par des négociations collectives à se faire rémunérer pour leur travail qui contribue à la richesse de la toile numérique.
Si cette nouvelle loi canadienne est une merveilleuse nouvelle pour notre industrie, et plus particulièrement pour La Liberté, il reste essentiel de voir nos différents paliers de gouvernements défendre et promouvoir une utilisation responsable des technologies numériques. Un bel exemple serait de rediriger les investissements publicitaires vers les médias qui se donnent la peine de produire un contenu fiable et éthique.