Le gouvernement manitobain rentre dans sa troisième phase d’engagement si on regarde au processus de consultation. Après une séance d’information en décembre 2022 et une séance d’examens des propositions en mars 2023, il est désormais temps de se projeter dans quelque chose de plus concret. Un temps d’ailleurs assez attendu par les résidents.

Joel Lemoine, conseiller municipal de Sainte-Agathe à la Municipalité rurale de Ritchot, rappelle les enjeux concernant la digue, « pour les côtés sud, ouest et nord, ou la digue existe déjà, il n’y a pas vraiment de préoccupations. Puis, il n’y pas de plainte, car quasiment aucune personne n’y demeure. Le sujet est donc côté est, le long de la rivière Rouge. Il y a notamment cinq maisons qui sont directement placées où passe la digue temporaire, et éventuellement la digue permanente. L’une des options, c’est d’avoir des gros morceaux de roche ou de béton, et on va faire une sorte de mur avec ça. Évidemment le mur est côté résidents, la terre pour le supporter est de l’autre côté. »

Joel Lemoine explique que cette option engendrerait un mur haut de presque 9 pieds (quasiment 3 mètres). « C’est impossible pour les résidents de la rue principale d’avoir quelque chose d’aussi imposant dans leur cour arrière », explique le conseiller municipal. Joel Lemoine ajoute aussi qu’avant d’entamer quelconques travaux, chaque résident directement concerné par ces changements aura droit à une consultation individuelle.

ILLUSTRATION DIGUE
Ici, un croquis de la conception privilégiée par la Province. (photo : Gracieuseté Joel Lemoine – document KGS Group)

Plusieurs façons de faire

Si Joel Lemoine évoque le terme « d’options », c’est justement parce que la Province, et l’équipe de consultants dirigée par KGS Group, ont présenté lors de cette troisième phase jusqu’à cinq « approches » différentes quand il s’agit de rehausser une digue. Peu importe la décision finale, les autorités ont érigé trois priorités que l’approche choisie devra respecter : maintenir l’accès aux deux côtés de la digue, protéger et améliorer la bande riveraine, et minimiser les impacts sur les propriétés privées.

Présentement, l’option privilégiée est une approche hybride qui va combiner des murs de soutènement et une digue de terre. « Il faut aussi considérer les coûts.

Évidemment, la plupart des options sont dispendieuses, même si nous n’avons pas encore de prix exacts. L’option hybride semble idéale. En revanche, l’hybride ne sera peut-être pas utilisée tout le long de la digue. Peut-être qu’à certains endroits, il y aura de la terre ou un mur. Il est possible de s’adapter », précise Joel Lemoine, qui rappelle également que l’ensemble du projet est une initiative de la Province et sera financée par cette dernière, avec l’appui du Fédéral par l’entremise du Programme d’infrastructure Investir dans le Canada (PIIC).

« L’option hybride semble idéale même si l’hybride ne sera peut-être pas utilisée tout le long de la digue. Peut-être qu’à certains endroits, il y aura de la terre ou un mur. Il est possible de s’adapter. »

Joel Lemoine

La protection comme priorité

Cette solution dite hybride devrait offrir un niveau de protection contre les inondations à hauteur de 238 mètres. Pour information, le niveau moyen de la rivière en été est 226,56 mètres. Si ce printemps et été 2023 n’ont engendré que peu de dégâts à cause des inondations, d’autres années ont été pires. La Municipalité et la Province cherchent donc, avec ce projet, à améliorer la digue au point d’atteindre un niveau de protection contre les inondations à récurrence de 200 ans. « Et ce n’est pas juste la montée de la rivière qui est à surveiller. Il y a aussi parfois le vent qui va apporter des vagues. Ça peut augmenter la hauteur de l’eau d’un autre deux pieds (60 centimètres) », fait savoir Joel Lemoine.

À noter que le projet prévoit aussi des améliorations concernant le drainage de l’eau. L’aménagement d’un nouveau bassin de drainage ou encore un nouvel égout pluvial sont notamment envisagés. « Ils vont aussi prendre cette opportunité pour refaire et modifier tous les canaux d’eau à l’intérieur de la digue », ajoute Joel Lemoine.

Pas pour tout de suite

Selon le processus proposé par la Province, les prochaines étapes sont une conception détaillée de l’approche choisie, ensuite il y aura un appel d’offre qui mènera à la phase de construction. « D’ici un mois ou deux, les consultants vont revenir avec une suggestion dite “idéale”. Puis il faudra affiner les coûts pour voir les résultats. »

Reste une interrogation importante pour le conseiller municipal et tous les résidents : quand cette nouvelle digue sera-t-elle prête? Là aussi, c’est une question d’options. « Si on fait juste ajouter de la terre au sud, au nord et à l’ouest, dans l’idéal, ça peut être fait d’ici un an ou un an et demi. Mais la digue, le long de la rue principale, ça peut prendre un autre deux à trois ans avant qu’on commence car ce sera plus complexe. Mais ce sera aussi en fonction de la volonté des deux paliers gouvernementaux. »