Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté
Pour Peter Văn Ngữ Lê, originaire d’un petit village dans la province de Thừa Thiên Huế, au centre du Việt Nam, le déménagement à Saint-Claude n’a pas été un grand changement. « J’avais l’habitude des petits villages, du fait que tout le monde connaît tout le monde et de l’entraide qui existe entre les résidents. »
C’est Monseigneur Albert LeGatt qui a fait le déplacement jusqu’au Việt Nam pour tenter de convaincre Peter Văn Ngữ Lê et d’autres de s’installer au Manitoba. « L’archevêque de Saint-Boniface a visité le Việt Nam et m’a rencontré au séminaire. À ce moment-là, j’étudiais. Avec la permission de mon supérieur, j’ai pu venir au Manitoba pendant deux mois pour visiter.
« Lors de ma visite au Manitoba, Mgr Albert LeGatt m’a demandé si je voulais poursuivre ma vocation dans le diocèse de Saint-Boniface. J’ai accepté avec plaisir. Bien que je n’avais jamais pensé quitter mon pays natal, c’était une belle occasion, et voilà : c’est le début de mon aventure
manitobaine. »
Mais avant de pouvoir s’occuper de paroisses, Peter Văn Ngữ Lê a dû suivre des cours de théologie. « Avant même de commencer à suivre des cours, j’ai dû apprendre l’anglais. Pendant un an, j’ai travaillé mon anglais.
« Je dois dire qu’au Việt Nam, mon français était meilleur que mon anglais et maintenant, c’est l’inverse.
« J’ai ensuite passé sept ans au St. Peter’s Seminary à London en Ontario. J’ai été ordonné prêtre le 1er juin 2019. »
Installation à Saint-Claude
Peter Văn Ngữ Lê devient donc par la suite officiellement curé de deux paroisses : celle de Saint-Claude et celle de Saint-Denis – Haywood. En effet, depuis presque sept ans, il n’y avait plus de prêtre pour servir les quelque 600 paroissiens. Peter Văn Ngữ Lê avait donc un rôle assez important à endosser.
« Les gens attendaient d’avoir un prêtre pour eux. Ils attendaient beaucoup de moi. »
Cependant, à peine lancé dans sa vocation, ce dernier a été freiné.
« Je suis un jeune prêtre. Tout était nouveau pour moi. Il fallait du temps pour faire connaissance avec les gens, pour comprendre la vie des gens au rural. Sauf que malheureusement, quelques mois après mon arrivée dans ces paroisses, la pandémie de COVID-19 a frappé. Tout a fermé, alors je ne pouvais pas servir mes paroisses correctement. »
À la levée des restrictions sanitaires, Peter Văn Ngữ Lê a pu recommencer son intégration auprès des résidents et des paroissiens. « Même si pendant la pandémie j’ai pu servir, nous ne pouvions pas toujours nous réunir comme nous le souhaitions, alors il y avait comme une barrière entre moi et le reste des gens. »
Peter Văn Ngữ Lê est désormais comme un poisson dans l’eau à Saint-Claude. « Les gens sont tellement accueillants. C’est un débordement de chaleur humaine. Je me suis toujours senti accepté parmi eux sans aucun jugement.
« Mon rôle fait que je suis amené à parler avec beaucoup de monde. C’est donc une belle façon de comprendre l’histoire de la paroisse et du village qui sont forcément très liés. Quand je me suis installé, des résidents n’hésitaient pas à me donner des conseils pour que tout se passe au mieux.
« Quand je ne suis pas certain de comprendre quelque chose, je sais qu’il y a toujours quelqu’un qui va être heureux de me raconter l’histoire d’un lieu, l’importance d’un monument ou tout simplement de répondre à une question. »
Une aide pour son français
Si le français n’est pas la première langue de Peter Văn Ngữ Lê, il reconnaît la bienveillance des paroissiens et des résidents de Saint-Claude.
« Il y a des messes francophones dans la paroisse. Même si mon français n’est pas parfait, tout le monde m’encourage. Peu à peu je me sens plus à l’aise d’utiliser mon français, même en dehors de l’église.
« Au début, j’étais assez timide, alors je parlais automatiquement en anglais. Mais les résidents de Saint-Claude tiennent vraiment à leur français, alors certains me répondaient en français parce qu’ils savaient que je le parlais. »
Peter Văn Ngữ Lê a été nommé pour un mandat de six ans dans les deux paroisses, qui peut être étendu à neuf ans maximum. Peter Văn Ngữ Lê compte bien profiter du temps qu’il lui reste dans cette communauté « qui est comme une famille pour moi ».