« Ce que nous avons trouvé est déchirant et accablant: à ce jour, 93 possibles tombes anonymes ont été découvertes, 79 enfants et 14 nourrissons », a déclaré mardi Jenny Wolverine, cheffe de la communauté autochtone First nation English River, lors d’une conférence de presse.
Et « ce n’est pas un chiffre définitif », a-t-elle renchéri, mettant en garde que ce nombre pourrait être plus élevé.
Depuis un peu plus de deux ans, plus de 1 300 tombes d’enfants ont été retrouvées à proximité de ces institutions où étaient enrôlés de force les enfants autochtones, provoquant une onde de choc dans le pays et une prise de conscience nationale du sombre passé colonial.
Ces découvertes ont été effectuées au terme de recherches par géoradar à proximité du site du pensionnat autochtone Beauval Indian, dans la province du Saskatchewan.
Selon l’Université de Régina, les bâtiments de l’école ont été détruits par d’anciens pensionnaires à sa fermeture en 1995.
Entre la fin du XIXe siècle et le milieu des années 1990, quelque 150 000 enfants autochtones ont été enrôlés de force dans 139 pensionnats à travers le pays, où ils ont été coupés de leur famille, de leur langue et de leur culture.
Cette page sombre de l’histoire canadienne a été remise en lumière après la découverte au printemps 2021 des premières tombes d’enfants.
Gérées par l’Eglise catholique et le gouvernement canadien, ces institutions avaient pour objectif de tuer l’Indien dans le coeur de l’enfant, selon un documentaire consacré à ce sujet.
En juillet 2022, le pape François avait fait une visite historique au Canada pour présenter ses « excuses », après avoir demandé pardon quelques mois auparavant à une délégation autochtone qui s’était rendue au Vatican.
Ottawa a pour sa part présenté des excuses officielles pour la première fois en 2008.
« Nous demandons à ce que le Canada et la Saskatchewan reconnaissent leurs torts », a insisté Jenny Wolverine, ajoutant que les gouvernements devaient « reconnaître le génocide culturel et la déshumanisation des peuples autochtones ».
Elle les a exhortés à « transformer les mots en action », déplorant avoir trop de fois entendu des excuses.
En 2015, une commission d’enquête nationale avait qualifié ce système des pensionnats autochtones de génocide culturel.