L’image le montrant prenant à deux mains la tête de l’attaquante de la “Roja” Jennifer Hermoso, le 20 août après la victoire de l’Espagne en finale du Mondial féminin à Sydney, avant de l’embrasser sur la bouche par surprise, a soulevé une vague internationale d’indignation.

La Fifa l’a suspendu de ses fonctions, le parquet espagnol a réclamé son inculpation pour agression sexuelle. Lui continuait de s’accrocher à son mandat, dénonçant un « faux féminisme », fustigeant « une tentative d’assassinat social » et refusant de démissionner pour « un petit bisou consenti ».

Mais depuis trois semaines, les témoignages s’étaient multipliés et les langues déliées à propos des agissements du patron démissionnaire du football espagnol, né il y a 46 ans à Las Palmas, dans l’archipel des Canaries.

Il a ainsi été accusé d’avoir organisé des orgies avec l’argent de la fédération en septembre dernier. Tamara Ramos, l’une de ses anciennes collaboratrices du temps où il officiait comme président de l’Association des footballeurs espagnols (AFE), a décrit sur la chaîne de télévision Telecinco « les humiliations et les insultes », dont certaines à caractère sexiste, subies de la part de Rubiales.

La patronne de la Ligue professionnelle de football féminin Beatriz Álvarez Mesa a évoqué de son côté « l’agressivité, l’arrogance et le mépris » du responsable fédéral.

– Grèves –

Patron du syndicat des joueurs (AFE) de 2010 à 2017, Rubiales, qui a porté le maillot des clubs de Levante et également joué en Ecosse, a été à l’origine de deux grèves, en 2011 et 2015, qui permirent deux avancées: la création d’un fonds de garantie salariale pour couvrir les impayés et l’accord de LaLiga (la ligue des clubs professionnels, qui organise le championnat) de verser à l’AFE un pourcentage des droits de télévision.

C’est de cette époque que datent ses premiers affrontements avec le président de La Liga, Javier Tebas, qui ont continué après son accession à la tête de la fédération, en 2018.

« Je pense qu’il n’est pas qualifié pour être président de la RFEF », avait dit de lui Javier Tebas. Ce qui ne l’empêcha pas d’être élu.

Diplômé en droit, divorcé et père de trois filles, extraverti et connu pour son franc-parler et ses coups de gueule, Rubiales a vite imposé son style à la tête de la RFEF, sa gestion étant marquée par des progrès dans l’organisation du foot espagnol, mais aussi ses clashes constants avec La Liga et divers scandales.

Sa décision, peu après sa prise de fonctions, de limoger le sélectionneur de la “Roja” Julen Lopetegui à deux jours seulement du début du Mondial de 2018 avait donné un aperçu de la fermeté avec laquelle il comptait diriger la fédération, à la présidence de laquelle il avait été réélu en 2020.

L’une de ses principales réformes a été le très lucratif changement de format de la Supercoupe d’Espagne, désormais transformée en tournoi quadrangulaire se déroulant en Arabie saoudite, mais qui a été éclaboussée par une polémique autour de paiements présumés à Kosmos, une entreprise de l’ancien joueur du FC Barcelone Gerard Piqué.

Rubiales a aussi triplé le budget du football féminin pour le porter à 406 millions d’euros en 2022 et, en septembre 2022, maintenu Jorge Vilda à la tête de la sélection féminine malgré « la rébellion des 15 » internationales qui exigeaient son départ.

Soutenir Vilda semblait être un pari gagnant lorsque les Espagnoles ont battu les Anglaises en finale du Mondial féminin, le 20 août dernier. Le comportement de Rubiales dans les minutes qui ont suivi ce sacre inédit a tout fait basculer.

Vilda a été limogé. Et Rubiales poussé à la démission. Pour que le football espagnol, dit-il dans sa lettre de démission, ne subisse pas « les préjudices de cette campagne tant disproportionnée » dont il se dit victime.

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