Depuis les années 1960, la circonscription de Saint-Boniface est disputée entre les Libéraux et les Néo-démocrates. Depuis 2018, à la suite de la démission de Greg Selinger comme député néo-démocrate à l’Assemblée législative du Manitoba, c’est Dougald Lamont qui a été élu sous la bannière du Parti libéral lors d’une élection partielle. L’heure est au changement, comme le pense Robert Loiselle. « Les gens ont soif de changement. Je suis assez bien connu à Saint-Boniface, je suis rassembleur. Et mon intention est restée la même depuis toujours : faire le mieux pour ma communauté. »
Parce qu’avant d’arriver en politique, Robert Loiselle s’est impliqué un peu partout dans les organismes de la francophonie manitobaine. « J’ai fini mon baccalauréat en éducation avec une spécialisation en arts industriels au Collège universitaire de Saint-Boniface, et mon premier poste a été au Collège Louis-Riel. Je viens d’une grande famille d’éducateurs et d’éducatrices, c’est quelque chose qui résonnait en moi. Avec le Collège Louis-Riel, j’ai pu m’impliquer dans toutes sortes de choses, dont un partenariat qui a mené à la création du programme YouthBuild de 2012 à 2016. J’ai pu travailler avec des jeunes Autochtones, des jeunes de gangs. »
Avant même d’être diplômé, Robert Loiselle avait participé à plusieurs associations dans Saint-Boniface. « Dans les années 1990, j’ai été le premier
de ma famille, avec mon oncle Georges Beaudry, à aller chercher ma carte d’identité métisse. C’est à partir de là que j’ai vraiment commencé à m’impliquer dans Saint- Boniface. J’ai fondé les Associés du Fort Gibraltar, qui est devenu la programmation du Festival du Voyageur. J’ai aussi participé activement à l’organisme Sauvons notre Seine. »
Cet engagement n’a d’ailleurs jamais cessé. « J’ai pu aider avec le Centre Flavie-Laurent, lorsqu’il y a eu besoin de déménager de la rue Marion au boulevard Provencher. Pendant huit ans, j’ai œuvré avec Madeleine Arbez à Francofonds pour augmenter le fonds de dotation. »
Inspiration de ses parents
Ou encore plus récemment, Robert Loiselle a fondé les Ami.e.s du carré civique de Saint-Boniface pour préserver le patrimoine francophone. S’il s’est autant impliqué, c’est certainement grâce à ses parents, Lucien et Lucienne Loiselle, qui ont été de véritables modèles pour lui. « Je suis natif de Saint-Boniface, mes racines sont profondes à Saint-Boniface. Mon enfance s’est passée dans les années 1970 dans le nord de Saint-Boniface, qui était complètement différent à cette époque. Il y avait beaucoup de pauvreté. J’étais âgé de cinq ans lorsque ma mère, Lucienne Loiselle, m’a emmené faire du porte-à-porte pour faire signer une pétition auprès du gouvernement fédéral pour obtenir du financement afin de refaire tout le nord de Saint- Boniface.
« Je suis allé à l’École Provencher parce qu’à ce moment, l’École Taché était fermée. À ce temps-là, dans les années 1970, l’École Taché avait été fermée parce que la Division scolaire de Saint-Boniface disait qu’il n’y avait pas de demandes au nord de Saint-Boniface. Encore une fois, mes parents se sont battus avec d’autres pour la rouvrir », relate Robert Loiselle.
Premiers pas en politique
Lorsqu’il explique ses motivations à être engagé dans les différents organismes de la francophonie, Robert Loiselle évoque ce besoin d’affirmer son identité, de la revendiquer et surtout d’œuvrer pour sa communauté. « Ma priorité a toujours été de passer du temps avec mes enfants et ma famille. Alors même si je voulais rendre à ma communauté, je voulais surtout un bon environnement pour ma famille. Nous passons beaucoup de temps dans la nature, ce que j’aime appeler mes terres ancestrales. Le Manitoba, c’est chez nous.
« Et puis j’ai vu la pandémie fracturer des liens dans notre communauté. C’est quelque chose qui m’a fait mal. »
Et c’est l’été 2021 qui est vraiment le déclencheur pour le candidat de Saint-Boniface. « Il y a deux ans, quand le Manitoba était en feu, j’ai eu un déclic. J’ai regardé ma femme et je lui ai dit : Ça ne peut plus continuer comme ça. Je dois m’impliquer encore plus. On doit absolument avoir un changement de gouvernement et remettre notre Province sur la bonne voie.
« J’ai réfléchi à quel endroit je pouvais le mieux m’impliquer par rapport à toutes mes expériences passées. C’est le niveau provincial qui faisait le plus de sens. Je connaissais Wab Kinew depuis 2010, je l’ai approché pour l’investiture et depuis août 2022, nous nous préparons. »
Enjeux à Saint-Boniface
Comme il le dit si bien : « Tout ce que j’ai fait jusqu’à présent m’a mené à cet instant. » Depuisdéjàplusieurssemaines, le candidat parcourt les rues de Saint-Boniface pour tenter de se faire élire le 3 octobre prochain. « La santé revient tout le temps dans les inquiétudes des résidents de Saint-Boniface. La pandémie nous a montré que si notre système de santé est fatigué, la société entière est affectée. Les gens paient des taxes et s’attendent à recevoir des services de qualité. »
Saint-Boniface est une circonscription somme toute relativement jeune, l’âge médian est de 38,8 ans. Beaucoup de familles y sont installées. Robert Loiselle a entendu de la part de certaines : « On ne sent pas d’appui de la part de la Province. On prend soin de nos enfants et de nos parents, et on se sent épuisé.
« Ils s’inquiètent aussi du bien-être de leurs enfants dans leurs écoles. Ils ne veulent pas voir des classes de 30 à 35 élèves.
« Les sans-abris sont aussi une préoccupation. C’est inacceptable que dans l’un des pays les plus riches au monde, des personnes meurent dans des abri bus. »
Bien que Saint-Boniface soit le quartier de la Ville de Winnipeg avec le plus de francophones, ils ne représentent que 30 % des électeurs de la circonscription. Un point dont a bien conscience Robert Loiselle. « Je me suis aussi impliqué dans des organismes anglophones comme Marymound, qui vient en aide aux personnes autochtones. À la porte, quand je raconte mon parcours, les gens voient que j’ai ma communauté à cœur. Que je veux bien faire pour elle.
« J’entends souvent aux portes : Où est notre représentant? Qu’est-ce qu’il peut faire pour Saint-Boniface et qu’est-ce qu’il a fait pour Saint-Boniface? Les gens voient le NPD comme une solution pour faire sortir le gouvernement progressiste- conservateur. C’est peut-être à mon tour de représenter cette circonscription. »
NDLR : Les candidats du Parti progressiste-conservateur et du Parti communiste du Manitoba n’ont pas répondu à nos demandes d’entrevue.
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