Par Geneviève NORMAND

“C’est du jamais-vu pour une journée du mois d’octobre”, explique Jean-Philippe Bégin, météorologue pour Environnement Canada.

Le mercure a atteint 29,3°C mercredi à Montréal, surpassant le record pour octobre de 26,7°C établi en 2005.

Au sommet du Mont-Royal, au cœur de la métropole québécoise, les feuilles rouges des arbres rappellent le début de l’automne et pourtant, un air estival règne parmi les badauds, écrasés par la chaleur.

“C’est certain que ça soulève des questions”, confie Marcello Barsalou, sac à dos rempli d’eau et casquette noire sur la tête, ajoutant que “c’est anormal”, avant de reprendre sa course pour profiter des derniers beaux jours avant l’hiver.

S’émerveillant du panorama de la ville, de nombreux touristes “ne s’attendaient pas” à de telles chaleurs pour un mois d’octobre.

Bien que le beau temps soit bienvenue, autant de chaleur, “ça nous fait bizarre, surtout au Canada”, soutient Christine Boileau, originaire de la région parisienne tandis que non loin de là, André Martin, un Marseillais de 78 ans habitué de Montréal, trouve cela “vraiment inquiétant”.

– Flocons attendus –

Pendant trois jours de suite, des records ont été battus au Québec ainsi que dans les provinces adjacentes. Mais cela ne va pas durer.

D’ici la fin de semaine, les températures devraient chuter en dessous des normales de saison, avec des “flocons de neige” attendus dans certaines régions, souligne Jean-Philippe Bégin.

Cela témoigne du “caractère extrême” de ces événements dont l’intensité risque d’augmenter dans les années à venir à cause du changement climatique, prévient le météorologue.

La saison des feux historiques qui a frappé le Canada d’est en ouest en est un exemple probant, soutiennent les experts. Plus de 18 millions d’hectares, soit un tiers de la France métropolitaine, ont brûlé cette année — et 774 feux sont encore actifs.

Même son de cloche au niveau mondial, où les températures continuent d’écraser les records: après un été inédit et un mois de septembre qui “dépasse l’entendement”, 2023 est désormais l’année la plus chaude jamais mesurée sur les neuf premiers mois.

De janvier à septembre, “la température moyenne mondiale est 1,40°C au-dessus de la moyenne pré-industrielle (1850-1900)”, avant l’effet sur le climat des émissions de gaz à effet de serre de l’humanité, a annoncé jeudi le service sur le changement climatique (C3S) de l’observatoire européen Copernicus.

Et cette moyenne, déjà plus élevée de 0,05°C que pour l’année record de 2016, pourrait encore augmenter sur les trois derniers mois de l’année, compte tenu de la montée en puissance d’El Nino. Ce phénomène météorologique cyclique au-dessus du Pacifique, synonyme de réchauffement supplémentaire, culmine en général autour de la période de Noël.

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