La motivation ne manque pas chez les candidat.e.s qui se présentent pour le mandat de la présidence de la Société de la francophonie manitobaine.
Pour Gilles Pelletier, l’emphase devrait être sur les nouveaux arrivants. Ce sont ces questions qui l’animent : « Est-ce que réellement on fait tout ce qu’il faut? Est-ce qu’on met en place tous les moyens pour intégrer tous ces gens qui viennent de différents pays? Et est-ce qu’on essaie de les retenir, est-ce qu’on les aide vraiment totalement? Ce sont ces questions qui m’animent. »
Ce qui l’a fait se poser ces questions, c’est la nouvelle que depuis 2015, entre 900 et 1 000 unilingues francophones avaient quitté le Manitoba pour le Québec et l’Ontario. « Ce que j’ai compris dans ce reportage (NDLR : de Radio-Canada Manitoba), c’est que beaucoup de nouveaux arrivants ne pouvaient pas vivre et travailler en français au Manitoba. »
Grands dossiers
Pour Angela Cassie, qui a déjà du galon à la SFM puisqu’avant d’être la présidente, elle en était la vice-présidente, ce qui la motive, « ce sont les grands dossiers que l’on peut porter. Je pense à la modernisation de La Loi sur les langues officielles. C’est un dossier qui a commencé avant que j’arrive. Mais dans mes années, nous avons eu des rencontres à différents niveaux pour sensibiliser sur l’importance d’une telle loi, et j’ai vu comment le Manitoba français avait la capacité d’influencer ce travail. C’était long. Mais on y est parvenu et je veux maintenant en voir les résultats pour continuer des partenariats avec des organismes francophones ».
Angela Cassie le souligne très bien : « En situation minoritaire, le travail pour la langue française n’est jamais fini. »
Un travail qui pourrait certainement prendre une autre direction, selon Gilles Pelletier. « Aujourd’hui, le monde a évolué, il faut savoir s’adapter. Les immigrants francophones qui arrivent au Canada, leur question, c’est déjà de trouver du logement, de faire face au coût de la vie. Avant de se poser des questions sur la langue. Nous avons des organismes pour ces situations. Mais la SFM devrait s’impliquer davantage dans ce travail. »
Quels projets?
Pour lui, une communauté forte donnera forcément comme résultat un meilleur accès aux services en français. « On parle souvent qu’à Winnipeg, ou au Manitoba en général, on a une baisse des services en français. Mais il ne faut pas se voiler la face. Si la communauté francophone est moins importante, pourquoi voulez-vous qu’on ait plus de services en français? Cependant, si de notre côté, on a une communauté francophone qui est forte, on pourra recevoir un traitement différent. »
Angela Cassie reconnaît que la pandémie a pu retarder quelques dossiers menés par la SFM. Pour autant, d’autres ont pu être conclus. « La séparation avec Presse-Ouest Limitée a été un gros dossier. Nous avons aussi travaillé très fort sur l’indépendance de l’Accueil francophone. Ce sont des dossiers que nous devions mener dans le cadre de la refonte de la SFM.
« Nous surveillons toujours le dossier du 219 boulevard Provencher. Les discussions vont très bien avec le nouveau maire de la Ville de Winnipeg, Scott Gillingham.
« Et puis nous sommes en train de revoir notre structure de gouvernance. Ce n’est pas forcément quelque chose qui intéresse tout le monde. Mais pour moi, c’est vraiment s’assurer que les dossiers continuent, que la SFM soit aussi efficace que possible, et que les voix de la commu-nauté soient entendues dans nos structures et dans nos décisions.
« Nous continuons de revendiquer, de trouver des solutions, de trouver des stratégies de collaboration pour créer cet environnement pour tous ceux et celles qui veulent vivre et contribuer à la communauté en français. »
Expérience
Si son expérience de nouvel arrivant joue évidemment un rôle dans son appréhension de la question, Gilles Pelletier, qui vient de France, ne perd pas pour autant de vue les francophones du Manitoba. « La SFM manque de visibilité. Quand je discute avec des francophones, certains ne savent pas vraiment ce qu’on fait, ce qui se passe. C’est encore pire au rural. Quand on va à Notre-Dame-de-Lourdes, ils ne se sentent pas forcément représentés par la SFM. Moi j’aimerais recréer ce lien, j’aimerais pouvoir les accueillir. »
La SFM a d’ailleurs bien conscience de ce problème, comme le suggère Angela Cassie. « L’année dernière, nous avons lancé La SFM au rural. Évidemment, on a beaucoup de chemin à faire. Ce n’est pas juste une personne qui va être capable de rehausser la visibilité, mais il faut essayer d’assurer du financement et de la programmation. Il y a aussi des partenariats avec des organismes, comme l’AMBM. C’est extrêmement important d’entendre les perspectives des communautés pour améliorer ce sentiment d’appartenance. »
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