Quoique toujours minoritaires, les candidats non binaires ou qui s’identifient en tant que femmes ont représenté une part non négligeable des candidats pendant ces élections de 2023. La Liberté s’est penché sur les déclarations de l’organisme À voix égales, qui défend et soutient les femmes et les candidats de la diversité des genres à tous les niveaux de gouvernement. L’organisme est heureux d’avoir constaté une progression significative dans la diversité des genres pour les élections manitobaines 2023.
Entre les quatre principaux partis, un total de 177 candidats se sont présentés pour ces élections de 2023. Sur 177 candidat.e.s, 65 étaient non binaire, ou s’identifiaient en tant que femmes. C’est le NPD qui a été le meilleur élève cette année en termes de diversité, avec 47 % de candidates. Côté Progressistes-Conservateurs, on en compte 31 %. 32 % chez les Libéraux et 28 % pour le Parti vert. À noter cependant que les Libéraux n’ont présenté que 49 candidats sur 57. On comptait 14 candidats chez les Verts.
Un palier atteint
Mais surtout, sur les 57 sièges à la législature, 19 seront occupés par des femmes, ce qui représente 33 %. En 2019, 15 femmes et personnes non binaires avaient été élues, ce qui représentait à l’époque 26 %.
La directrice générale de l’organisme À voix égales, Chi Nguyen, explique pourquoi il était capital de passer la barre des 30 %. « On a atteint au Manitoba ce que l’on appelle la masse critique. Lorsqu’un groupe représente 30 % ou plus, on estime qu’il peut avoir des effets et entraîner des changements dans la chambre des élus. » À savoir que ce seuil critique des 30 % s’applique de manière générale à tous les mouvements sociaux.
Malgré cette amélioration notable, le Manitoba se place sixième en matière de diversité de genre par rapport aux autres Provinces. En Alberta par exemple, les femmes et candidats de la diversité de genre représentent 37 % de la législature. « Nous sommes de plus en plus doués pour élire des femmes, souligne Chi Nguyen. Lorsque les partis présentent davantage de femmes, nous constatons qu’elles gagnent. »
La directrice fait tout de même valoir qu’il reste beaucoup de travail à faire. « Il faut déconstruire l’idée que les partis se font d’un candidat gagnant. »
Des barrières à abattre
Si À voix égales n’observe pas vraiment de tendance chez les femmes et personnes non binaires à se placer d’un côté ou de l’autre de l’échiquier politique, Chi Nguyen men-tionne tout de même que certains partis, comme le NPD, offrent plus d’opportunités pour les femmes.
« Ce n’est pas que les femmes sont nécessairement plus à gauche, mais c’est que le NPD s’est engagé à donner plus de place aux femmes. Côté Progressistes-Conservateurs, un parti qui était alors dirigé par une femme, nous en avons relevé plus de 30 % aussi, alors les signes sont là. Certains partis ont plus de mesures et déploient davantage d’efforts stratégiques pour la parité. C’est pour cela que l’on observe quelques différences d’un parti à l’autre. »
Avec son nombre de députés femmes et non binaires, le Manitoba surpasse à présent le parlement national en diversité de genre. Faut-il comprendre que l’on trouve moins de femmes à mesure que l’on grimpe dans les sphères politiques? Et bien, c’est un peu ça. « Les changements au fédéral sont plus lents, indique la directrice générale. En 2002, nous observions 21 % et il a fallu 20 ans pour faire passer ce chiffre à 30 %. »
Quant aux raisons qui expliquent cela, Chi Nguyen pointe du doigt les viviers de candidats et la nécessité d’encourager plus de femmes à se présenter, car les barrières auxquelles les candidates et candidats de la diversité de genre se frottent sont encore trop nombreuses : « Beaucoup de jeunes femmes pensent qu’il y a trop de harcèlement sur les réseaux en politique, ce qui est une réalité. Personne ne devrait vivre ce type de violence et c’est encore pire lorsque l’on appartient à un groupe minoritaire. C’est une violence qui existe pour les hommes aussi, mais cela décourage surtout les femmes à se lancer.
« Avec le simple fait d’entrer en politique, il existe des défis de financement et de soutien pour les femmes. Et de nombreux stéréotypes subsistent encore, qu’ils soient conscients ou pas. »
Encore une première
Ces élections 2023 auront été historiques à bien des égards. Nombre record de femmes et candidats issus de la diversité des genres élus, un premier Premier ministre issu des Premières Nations depuis 1878, mais ce n’est pas tout. Dans la circonscription de Kirkfield Park, le candidat néo-démocrate, Logan Oxenham, s’est imposé avec 5 169 voix, contre 4 482 pour le candidat progressiste-conservateur Kevin Klein. Logan Oxenham est donc le premier homme transgenre à devenir député au Manitoba. Pour le Winnipégois Charlie Dilk, membre de la communauté LGBTQ2S+, cette élection fait « beaucoup de bien ».
« C’est un pas dans la bonne direction, ça prouve que les manifestations et les journées de la Fierté font une différence. D’autant plus que de faire élire des gens de la communauté peut être très difficile si les électeurs ne voient que cet aspect de l’identité du candidat. Je pense que quelqu’un qui sait ce que ça signifie que de faire partie de la communauté sera en mesure de mieux nous représenter, nous valoriser. »
Charlie Dilk insiste cependant, sur le fait que Logan Oxenham, comme toutes les autres personnes transgenres, n’est pas uniquement une personne transgenre. « Il n’a pas été élu parce qu’il est transgenre, mais parce que sa plateforme électorale a résonné avec beaucoup de monde. »
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