Toutes les lois doivent donc être adoptées en français et en anglais pour être valides. Quatre ans plus tard, la Province a adopté une politique sur les services en français pour faire vivre les principes énoncés par la Loi constitutionnelle.
La mise en oeuvre de la Loi et de la politique nécessite une communication efficace entre la population francophone et les agences et ministères provinciaux qui la desservent. Pourtant, des lois qui exigent une telle communication sont rares et pas forcément appliquées. Par exemple, la Loi sur la société Voyage Manitoba stipule que le gouvernement prendra en considération « l’intérêt public et la diversité culturelle de la population du Manitoba, y compris les Autochtones et les francophones ». D’où l’étonnement d’apprendre que, depuis le mois de juin cette année, aucun francophone ne siège au conseil de Voyage Manitoba.
Pourtant, cette société est chargée de surveiller annuellement les progrès de la stratégie touristique francophone du Manitoba développée en 2019. Et un de ses principes directeurs est « le respect des perspectives et de la diversité francophones et métisses ». Il y a lieu de douter du sérieux que l’ancien gouvernement de Heather Stefanson accordait à cette stratégie, et comment Voyage Manitoba s’assurait d’un suivi à ces bonnes intentions.
La participation des francophones à la vie sociale et culturelle de la province ne se limite pas seulement au tourisme et à Voyage Manitoba. Dans sa politique culturelle, la Province elle-même reconnaît que « la culture englobe les arts, la musique, la littérature, la poésie, le théâtre, le cinéma, les musées et les festivals ». En toute logique, pour s’assurer que les organismes qui appuient ces aspects de la culture manitobaine reflètent la réalité et les besoins de la francophonie, une participation francophone s’impose. Comme cela se produit d’ailleurs dans le domaine de l’immigration francophone, ou comme c’est le cas pour la Société d’assurance publique (MPI) avec la nomination de Christian Dandeneau dans les deux premières semaines du mandat de Wab Kinew.
Ne perdons pas de vue non plus que la Province finance et nomme les membres des conseils d’administration de nombreuses institutions culturelles comme Musique et Film Manitoba, le Conseil des arts du Manitoba, le Manitoba Museum et Sport Manitoba, entre autres. Le nouveau ministre responsable de ces nominations, Glen Simard, devra assumer la responsabilité de concrétiser la volonté clairement manifestée par le Premier ministre, Wab Kinew, d’assurer une présence francophone dans ces organismes.
Il reste que, déjà, il a manqué une occasion d’envoyer un signal concret en négligeant de nommer un francophone à son équipe consultative de transition. Manifestement, pour passer du symbolisme à la réalité, ce nouveau gouvernement devra faire la démonstration active d’une volonté politique constante.