La Société mycologique de Winnipeg (SMW) rassemble plus 9 000 membres sur sa page Facebook. La page est très active, les passionnés y postent les résultats de leurs cueillettes, partagent leurs idées de recettes et y posent des questions. Alexandre Brassard, fondateur de la SMW, s’est attelé à son clavier pour y annoncer la chose suivante : la Société mycologique de Winnipeg devient une association fédérale sans but lucratif bilingue.

« Le nom de la société a été incorporé dans les deux langues, j’essaie aussi de publier les documents dans les deux langues. »

Une expérience « scientifique citoyenne »

Créée le 14 septembre 2019, la page Facebook se voulait être au départ une expérience « scientifique citoyenne ». À l’époque, Alexandre Brassard, professeur agrégé en science politique à l’Université de Saint-Boniface (USB), s’apprêtait à enseigner un cours de mycologie. « Je suis assez nouveau dans la Province, ça fait six ans que je vis ici, et je voulais me faire une idée des espèces de champignons qui poussent au Manitoba. J’ai commencé avec un site très simple où je demandais aux gens de partager leurs photos de cueillette, et ça a fait boule de neige. Les gens ont répondu, je les ai un petit peu aidé à identifier les spécimens sur leurs photos et là, ça les a motivés davantage à partager les résultats de leurs expéditions. »

Au fil du temps, le nombre de membres augmente et certains, plus expérimentés, assistent Alexandre Brassard à prodiguer des conseils pour apprécier les champignons de façon responsable, sécuritaire et écologique. « C’est comme ça que ça a commencé », conclut Alexandre Brassard, qui ne s’attendait pas à voir un tel engouement.

La page a vu le jour en pleine pandémie de COVID-19, à un moment où les activités de plein air avaient le vent en poupe. Et celui qui étudie la mycologie en autodidacte depuis maintenant 35 ans pense que cela explique en partie le grand succès de la SMW.

Enthousiasme

L’enthousiasme pour les champignons de la part des curieux et des adeptes a fini par s’accompagner de demandes diverses, qui ont fini par pousser Alexandre Brassard à incorporer la société.

« Les gens demandaient de plus en plus si des excursions en forêt allaient être organisées, si des cours d’identification allaient être proposés aux débutants, des ateliers de cuisine. Les gens voulaient savoir quand nous allions passer du virtuel au monde réel. C’est pour pouvoir mettre en place tout cela que la décision a été prise d’incorporer la société. »

Maintenant que c’est chose faite, la toute première assemblée générale annuelle de la SMW se tiendra au mois de janvier 2024. Il s’agira d’adopter les statuts et règlements pour élire un conseil d’administration, pour recruter des bénévoles, mais aussi pour décider quelles seront les activités prioritaires. « On ne pourra pas tout faire, et il faudra commencer de façon modeste, souligne Alexandre Brassard. Dans un premier temps, nous ne ferons pas de demandes de subvention, nous partagerons les coûts avec nos membres, et nos activités pour le moment s’autofinanceront. »

Les attentes des amateurs

A priori, les excursions en forêt font partie des activités les plus populaires dans le milieu de la mycologie. Toutefois, un sondage a été envoyé sur la page Facebook de la SMW afin de définir les attentes des amateurs de champignons manitobains, mais aussi quelles sont les contributions qu’ils sont prêts à faire (transport, prêt de local pour des rencontres, bénévolat).

Justement, à propos des finances, une cotisation probablement comprise entre 30 $ et 50 $ par an sera prévue pour les futurs membres.

« On veut que cela reste accessible. Et parce que l’on veut encourager la prochaine génération de mycologues, il y aura sûrement un rabais pour les étudiants. »

Dès le mois prochain, la Société mycologique de Winnipeg ouvrira l’inscription de ses membres. Les néophytes, au même titre que les experts, y sont les bienvenus.

L’association contactera directement les personnes ayant répondu au sondage mentionné plus tôt. Pour les autres, une annonce sera faite directement sur Facebook avec les étapes à suivre.

On les trouve au Manitoba

Il existe sur le site web : iNaturalist.nz, une page, créée en août 2019, qui fait l’inventaire des champignons au Manitoba.

18 144 observations y sont répertoriés, et cela permet de se faire une idées des champignons les plus fréquemment rencontrés, par les 1 360 amateurs de mycologie qui ont joué le jeu.

En tête du classement, avec 839 observations, le lichen encroûtant jaune, aussi appelé parmélie des murailles. Ce champignon pousse et couvre l’écorce des arbres, c’est une espèce que l’on retrouve partout dans le monde (excepté les endroits très secs). Rien de surprenant à le voir si haut dans le classement.

Parmi les espèces les plus populaires chez les cueilleurs, Alexandre Brassard indique la Morchella septentrionalis, ou la morille, une espèce printanière comestible et riche en vitamines. Ensuite, le Coprinus comatus, ou coprin chevelu. Il est comestible et très reconnaissable puisqu’il est généralement blanc et de forme cylindrique, et surtout « on en trouve sur presque toutes les pelouses », explique le mycologue autodidacte.

Pour les espèces un peu plus rares :

Le Paragyrodon sphaerosporus, un champignon brun ressemblant à un bolet et qui, selon Alexandre Brassard, « est une espèce occasionnelle au Manitoba associée à nos chênes, mais rare ailleurs au pays ».

Finalement, observé une seule fois au Manitoba et moins répandu que d’autres espèces de la même famille : le Mutinus caninus, de ses noms vernaculaires satyre du chien ou phallus de chien. De couleur orangée avec la tête de couleur vert olive sombre et dépourvue de chapeau, ce champignon de la famille des Phallaceae ressemble à ce que son nom laisse imaginer…

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