Par Michel COMTE
Décrit comme égocentrique, imbu de lui-même et manipulateur, le millionnaire canadien Peter Nygard, à la tête d’un grand empire de la mode, a fini sa carrière sur le banc des accusés, reconnu coupable d’agressions sexuelles envers plusieurs femmes.
Ami des stars hollywoodiennes, voyageant en jet privé avec son nom inscrit en lettres capitales dessus et amateur de fêtes somptueuses organisées dans ses immenses résidences des Bahamas et de Los Angeles, il avait plaidé non coupable à l’ouverture de son procès.
Selon la procureure Ana Serban, ce Finno-Canadien a utilisé son “pouvoir et son statut de riche créateur de mode pour attirer et agresser sexuellement des jeunes femmes”.
– “Piégées” –
Pendant plusieurs semaines, elles ont dit avoir été “piégées” par Peter Nygard, se retrouvant dans une pièce avec un lit, un bar et dont la porte, sans poignée, était fermée avec un code.
Les larmes aux yeux, les femmes appelées à la barre ont raconté avoir été menacées puis agressées.
Décrivant un “monstre”, l’une d’elle a raconté comment “il est devenu comme une autre personne” avant de “revenir à ses affaires, comme si rien ne s’était passé”.
L’homme aimait montrer des vidéos montrant “toutes les choses qu’il avait réalisées, ses défilés de mode, ses manteaux de fourrure…”
“Il parlait beaucoup de lui-même”, a affirmé une plaignante. “Je me rappelle que sa chemise était déboutonnée plus qu’elle n’aurait dû l’être”, a-t-elle dit devant les membre du jury, évoquant son look un peu “ringard” et son style “flamboyant”.
Avant son arrestation, cet homme d’affaires, immigré finlandais arrivé enfant au Canada, aimait à conter son incroyable ascension: parti de rien, il a monté un empire de la mode depuis Winnipeg (sud-est).
Il a fondé la plus grande compagnie de vêtements pour femmes au Canada, comptant jusqu’à 170 magasins à travers le pays. Ses avoirs ont par le passé été évalués à 850 millions de dollars (plus de 575 millions d’euros).
– Vidéos choc –
Sa compagnie s’est toutefois mise sous la protection de la loi sur les faillites peu de temps après que le FBI et la police ont perquisitionné son siège social de Manhattan en 2020, année de son arrestation.
Une arrestation survenue après la diffusion de vidéos tournées par Stephen Feralio, son cameraman personnel, notamment lors de certaines fêtes.
“Nygard n’avait qu’à descendre et à choisir une fille. En général, elles étaient ivres”, résume Stephen Feralio qui avait décidé de montrer ces vidéos pour l'”empêcher de s’en sortir vu tout ce qu’il a fait”.
Lors de son témoignage, Peter Nygard a nié les allégations, les décrivant comme “ridicules” et ne faisant “aucun sens”.
Après le procès de Toronto, il sera jugé au Québec et au Manitoba, pour des faits similaires. Interrogé par l’AFP, son avocat a décliné tout commentaire.
Aux Etats-Unis, où des dizaines de femmes l’accusent, il fait face à neuf chefs d’accusation, dont ceux de racket et trafic sexuel.
L’affaire Peter Nygard rappelle celle de Jeffrey Epstein, le financier américain qui s’est suicidé en 2019 en détention après avoir été arrêté pour avoir entretenu un réseau de prostitution composé, en bonne partie, de mineures.
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