Si les détails sont encore à travailler du côté de l’administration publique, c’est déjà un grand pas de franchi pour les organismes qui militent pour depuis plusieurs années.
Après un programme pilote sur deux ans entre 2020 et 2022, et plusieurs délégations devant différents comités de la Ville de Winnipeg, le conseil municipal a finalement dit oui à un programme de compostage pour les maisons unifamiliales. Une nouvelle qui réjouit le Green Action Centre, qui milite depuis au moins sept ans pour un tel programme. Kristen Malec est coordonnatrice principale du compost et de la réduction des déchets pour l’organisme. « Je dirais que je suis prudemment optimiste. Bien sûr, la Ville a accepté. Maintenant, nous devons voir à quoi ce programme va ressembler. »
Puisqu’en effet, même si la Ville de Winnipeg a accepté dans les grandes lignes ce projet, il faudra que l’administration publique établisse un rapport détaillé pour ce programme. Dans un rapport préliminaire, l’administration publique estime à 96 $ supplémentaires le coût annuel pour les familles pour un tel programme.
Winnipeg était certainement l’une des dernières grandes villes canadiennes à ne pas avoir de programme de poubelle verte. Kristen Malec attend donc de voir la suite. « Nous voulons nous assurer que c’est un bon programme sur lequel les gens peuvent compter. Il faut quelque chose de bien pensé et quelque chose que les Winnipégois peuvent être heureux d’avoir. Et surtout, ne pas avoir un programme avec une perception négative. Par exemple, si dans le compostage de la Ville, on ne peut pas mettre le plastique compostable, les gens vont avoir l’impression d’avoir une charge supplémentaire de travail à la maison. Ce n’est pas ce qu’on veut.
« Depuis plusieurs années, nous avons une bonne relation avec l’administration du département des eaux et des déchets. Nous serons toujours là pour donner des conseils si nécessaire. Une chose est certaine, nous allons continuer à sensibiliser les conseillers municipaux sur le compostage. »
« Lorsque nous mettons les déchets organiques à la décharge, ils se décomposent très, très lentement. Et comme il n’y a pas d’oxygène, lorsqu’ils se décomposent, ils émettent du méthane, qui est un gaz à effet de serre. »
Kristen Malec
Des mythes et une éducation
Comme tout changement, il faudra du temps et de l’éducation comme le suggère Kristen Malec, qui elle-même est une adepte du compostage. « L’éducation est essentielle parce que c’est une nouvelle habitude que les gens doivent créer et il y a beaucoup de craintes à propos du compostage. »
Kristen Malec tente donc de démystifier certains mythes au sujet du compostage. « Beaucoup de gens pensent qu’ils créent de nouvelles ordures et ce n’est pas le cas. Il s’agit simplement de séparer les déchets un peu plus que d’habitude.
« Certains s’inquiètent aussi des odeurs dans leur maison. Mais ce n’est pas différent de ce que vous faites en ce moment. Vous mettez simplement les choses qui sentent vraiment mauvais dans une poubelle séparée que vous pouvez ensuite vider plus fréquemment. »
Dans sa chronique vidéo, Conso l’dise, La Liberté a rencontré Fernand Saurette, biologiste et formé par le Green Action Centre en master composting. Il tient aussi à rassurer certaines personnes. « Quand on commence, le compost utilise beaucoup de place. Cependant, on ne peut jamais dépasser son volume de compost parce qu’avec la dégradation, c’est comme la digestion, la matière diminue en volume. »
Quelle importance?
En 2021, la Ville de Winnipeg a produit 284 700 tonnes de déchets ménagers. Sur ce chiffre, entre 40 et 50 % sont des déchets organiques. Et comme le rappelle Kristen Malec, « en faisant du compost, ces déchets sont détournés de la décharge, nous prolongeons donc considérablement la durée de vie de cette dernière ».
Fernand Saurette confirme ce point. « Quand on fait du compost, on est en train d’élever toutes sortes de microorganismes, qui viennent se nourrir grâce à nos déchets. C’est un cycle très élégant dans la vie. La matière organique représente un bon pourcentage des déchets, alors si on peut l’utiliser pour la mettre au compostage, on peut diminuer ce qu’on envoie au site d’enfouissement. C’est bon pour la planète, surtout dans une ville comme Winnipeg. »
Il y a également beaucoup de bienfaits pour les changements climatiques. Kristen Malec poursuit : « Lorsque nous mettons les déchets orga-niques à la décharge, ils se décomposent très, très lentement. Et comme il n’y a pas d’oxygène, lorsqu’ils se décomposent, ils émettent du méthane, qui est un gaz à effet de serre. Il est 25 fois plus puissant que le dioxyde de carbone. Le site d’enfouissement de Brady Road est donc la deuxième source ponctuelle de pollution par les gaz à effet de serre au Manitoba, après l’usine d’engrais de Brandon.
« C’est aussi un gaspillage. Parce que tous les déchets organiques pourraient servir d’engrais et nourrir nos sols. »
Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté