Ce sont quatre personnes, en virtuel et en personne, qui étaient réunies pour parler du racisme systémique dans le système carcéral.
Sous la modération de Niigaan Sinclair, professeur agrégé d’études autochtones à l’Université du Manitoba, Greg Banks, Me James Lockyer, Me Amanda Carling et Alice Kim ont pu apporter chacun leurs perspectives.
Me Amanda Carling est directrice générale du BC First Nations Justice Council. Elle est également avocate et Métisse de la rivière Rouge. C’est l’injustice du système carcéral qui lui a donné envie de militer dans ce domaine. « Quand j’étais petite, je voyais certains de mes amis se faire arrêter. Moi, on me raccompagnait à la maison. Je ne me suis pas tout de suite aperçue du privilège de ma couleur de peau. En grandissant, j’ai vu des injustices se répéter et je ne pouvais pas continuer de laisser faire. »
C’est d’ailleurs la même raison qui motive Me James Lockyer. Récemment, en juillet 2023, il a obtenu l’acquittement pour deux personnes Autochtones, Allan Woodhouse et Brian Anderson. En effet, ils avaient été accusés d’un meurtre commis en 1974. « Je suis originaire d’Angleterre. Je suis arrivé au Canada dans ma vingtaine. Et j’ai vu à quel point un environnement politique peut influencer le racisme. J’espérais pouvoir faire quelque chose contre ce racisme systémique. C’est donc pour cette raison que j’ai fondé Innocence Canada. »
L’injustice, c’est ce qu’a connu Greg Banks. Lorsqu’il avait 20 ans, la police de Chicago l’a torturé pour qu’il avoue un meurtre qu’il n’avait pas commis. Ce n’est que 24 ans plus tard qu’il a été innocenté. « Sous prétexte d’être Noir, j’étais coupable. J’ai pu être libéré par la suite. Mais combien d’innocents sont encore en prison? »
De l’espoir pour le système carcéral
Si les failles du système ont été soulignées à plusieurs reprises dans cette table ronde, des pistes de solutions et d’espoir ont aussi été apportées. Greg Banks a soutenu. « On est ensemble dans cette vie. Le racisme est un système. Dans la vie, les gens sont préoccupés par leurs problèmes et c’est normal. Mais c’est ensemble en travaillant que l’on peut combattre le racisme systémique. »
Me James Lockyer a, par ailleurs, pointé le projet de loi C-40. « Ce projet de loi permettrait de faciliter la révision de cas de personnes qui pourraient être condamnées par erreur, notamment en créant une Commission d’examen des erreurs du système judiciaire. Un point intéressant dans ce projet de loi est la reconnaissance de la situation particulière des personnes noires et autochtones.
« En effet, le projet de loi prévoit, je cite : lorsqu’il formule des recommandations de nomination aux postes de commissaires, le ministre cherche à refléter la diversité de la société canadienne et tient compte de facteurs comme l’égalité des genres et la surreprésentation de certains groupes dans le système de justice pénale, notamment les peuples autochtones et les personnes noires.
« Ou encore lorsque la Commission rendra sa décision, elle devra prendre en compte certains facteurs. Parmi l’un de ces facteurs, il y a : les difficultés spécifiques rencontrées par les demandeurs appartenant à certaines populations pour obtenir des mesures de redressement en cas d’erreur judiciaire, particulièrement en ce qui touche la situation des demandeurs autochtones ou noirs. »
Me James Lockyer a bon espoir qu’il sera adopté d’ici l’année prochaine.