Car leur combat est emblématique d’un enjeu qui nous interpelle tous. Ces activistes ont initié un mouvement populaire pour protéger la forêt Lemay, un habitat naturel irremplaçable qui contribue de manière significative au bien-être public.
La forêt Lemay est menacée de destruction par ses propriétaires, Tochal Developments, qui veulent y construire des maisons. Elle s’étend sur 22 acres au coeur de Saint-Norbert et constitue un refuge urbain extraordinairement riche en biodiversité. On y compte entre 9 000 et 14 000 arbres qui mettent plus de 60 ans à pousser. Elle abrite des chevreuils, des renards et d’autres mammifères et une variété d’oiseaux migrateurs et indigènes.
La possibilité de détruire une forêt existante constitue un conflit classique entre le bien public et des intérêts particuliers. Elle va à l’encontre de tout ce que nous savons sur le changement climatique, une réalité qui nous a été particulièrement rappelée au cours de l’été 2023. Car les forêts jouent un rôle important en absorbant et en stockant de grandes quantités de dioxyde de carbone et leur préservation contribue ainsi à atténuer le changement climatique.
La menace qui plane sur la forêt Lemay peut surprendre, compte tenu de l’objectif du gouvernement fédéral de conserver 30 % des terres et des eaux du Canada d’ici 2030. De plus, la Ville de Winnipeg s’est fixée l’objectif d’acquérir 1 000 acres supplémentaires pour des parcs publics. Et elle a approuvé la signature de l’Engagement de Montréal qui vise, entre autres, à réduire les menaces à la biodiversité. Il lui revient donc d’agir pour sauvegarder et préserver notre environnement naturel et notre patrimoine culturel pour le bénéfice des générations actuelles et futures.
Du point de vue humain, il ne faut pas perdre de vue que les résidents et les visiteurs ont développé un lien personnel important avec la forêt Lemay. Elle est leur sanctuaire, un endroit où ils trouvent réconfort et explorent les merveilles de la nature. Cette forêt urbaine offre un baume à une société en besoin de veiller à sa santé mentale.
La situation précaire de la forêt Lemay souligne le besoin urgent pour Winnipeg de réglementer l’abattage des arbres sur les terres privées, car il n’existe pas de règlements clairs sur cette question. Pour connaître le sort de la forêt Lemay, il faudra donc attendre les résultats des délibérations du conseil de Ville qui reprendront le mois prochain.
En attendant le dénouement de ce bras de fer entre les intérêts privés et le bien public, ces gens de Saint-Norbert et leurs alliés nous rendent un important service en luttant pour la préservation d’un joyaux naturel. Ils méritent notre reconnaissance et notre appui.(1)
(1) Plus de 3 000 personnes ont déjà signé une pétition à cet effet