Au milieu des noms de l’ancienne première dame des États-Unis Michelle Obama, de l’icône féministe Gloria Steinman, de la défenseuse des droits de l’enfant ukrainienne Olena Rozvadovska, ou encore de l’artiste iranienne Sepideh Rashnu, se trouve la Manitobaine, Bernadette Smith seule canadienne du classement. C’est évidemment pour elle un grand honneur.
« C’est formidable d’être parmi des femmes incroyables à travers le monde. C’est aussi formidable d’être parmi ces femmes qui peuvent inspirer d’autres femmes dans le monde. C’est aussi un très grand honneur d’être la seule Canadienne de ce classement. »
Après la disparition de sa sœur en 2008, Claudette Osborne, elle est devenue l’une des principales porte-parole canadiennes dans la cause des filles et femmes autochtones disparues et assassinées. Elle est engagée dans beaucoup d’initiatives à cet égard.
Élue en octobre 2023, pour un troisième terme, son parti, le Nouveau Parti démocratique a pu accéder à un gouvernement majoritaire. Wab Kinew, premier ministre du Manitoba, l’a nommé le 18 octobre, la ministre du Logement, de la Lutte contre les dépendances et de la Lutte contre l’itinérance.
« J’ai grandi dans un logement social et j’ai souvent déménagé. Parfois, nous devions aller de canapé en canapé chez des personnes parce qu’il n’y avait pas de logement abordable pour notre famille. C’est donc une priorité pour notre gouvernement : rendre le logement abordable pour les gens et travailler avec les différents paliers de gouvernements : fédéral et municipal. »
Et Bernadette Smith tient à clarifier ce qu’elle met derrière la définition du mot abordable. « Il faut donc s’assurer que les gens ont accès à des logements abordables, et quand je dis abordables, je parle de loyers adaptés aux revenus, car ce qui est abordable pour moi ne l’est pas forcément pour quelqu’un qui n’est pas logé. »
Pour ce faire, la ministre a déjà rencontré quelques-uns des organismes qui mènent le dossier de l’accessibilité aux logements. « C’est quelque chose sur lequel nous avons travaillé très rapidement, en collaborant avec des organisations de première ligne comme Main Street Project et Siloam Mission, puis avec des organisations comme Ma Mawi Wi Chi Itata, Mount Carmel Clinic, des groupes qui sont en première ligne et qui travaillent avec des personnes qui risquent de perdre leur logement ou qui travaillent avec des personnes qui sont logées de façon précaire. »
Un site de consommation supervisée
Outre ce grand dossier du logement, la ministre Bernadette Smith compte bien ouvrir un site de consommation supervisée pour toxicomanes. Un projet contre lequel l’ancien gouvernement progressiste-conservateur s’était toujours opposé. Sans donner de date précise d’ouverture, Bernadette Smith veut faire les choses correctement pour offrir le meilleur service à ceux et celles qui en ont besoin.
« Nous devons nous assurer que les Manitobains ont accès aux services qui les maintiendront en vie. Nous avons vu trop de Manitobains mourir dans notre ville parce qu’ils n’ont pas accès à un endroit sûr et aux ressources dont ils ont besoin, comme des lits dans des centres de désintoxication, des traitements ou même des soins médicaux.
« J’ai visité d’autres sites de consommation supervisée dans d’autres provinces et j’ai examiné leurs modèles. Ils les font très bien en offrant les services sous un même toit, qu’il s’agisse de l’accès à des travailleurs sociaux, à des aides de l’EIA, à des aides au logement, à des soins dentaires ou simplement à des soins médicaux. »
Bernadette Smith pointe aussi le côté humain de ce site de consommation supervisée. « Il faut réfléchir à comment nous allons servir d’une manière compatissante et aimante. Nous voulons accueillir les gens dans des espaces chaleureux pour qu’ils reviennent lorsque nécessaire. Nous ne nous précipitons pas. Nous voulons nous assurer que le site de consommation supervisée répond aux besoins et que toutes les voix qui doivent être entendues le sont, y compris celles des toxicomanes. »
« Il faut dire que nous partons de zéro parce que l’ancien gouvernement n’a absolument pas travaillé sur ce sujet. »
Un besoin d’unité
La ministre Bernadette Smith est consciente qu’il faudra certainement plus qu’un mandat pour mener ce travail à bien. Il faudra aussi l’implication de tous les acteurs de la société pour y parvenir. « En tant que gouvernement, nous n’allons pas le faire seuls. Nous avons besoin de nos partenaires fédéraux. Nous avons besoin de nos partenaires municipaux et nous avons besoin de notre communauté. Il faudra l’effort de tous pour y parvenir.
« Il ne faut pas simplement donner un toit aux gens, nous devons leur donner aussi le soutien dont ils ont besoin pour réussir à rester chez eux et même aller au-delà en leur donnant le soutien nécessaire pour qu’ils puissent retourner sur le marché du travail. Ou même s’ils n’ont jamais été sur le marché du travail auparavant parce qu’ils n’ont pas obtenu leur diplôme d’études secondaires, aidons-les à aller à l’école et à réaliser leur potentiel. »
Bernadette Smith, ministre du Logement, de la Lutte contre les dépendances et de la Lutte contre l’itinérance
En terminant cette entrevue, La Liberté a demandé à la ministre la question suivante : si elle avait un mot pour toutes les Bernadette Smith de ce monde qui la regardent aujourd’hui, lequel ce serait? Et dans un élan d’espoir en la nature humaine, cette dernière a répondu « possibilités ».