Ancrée dans de profondes racines bonifaciennes, son amour pour sa famille et sa générosité envers sa communauté font que son souvenir restera vif.
Dans une entrevue au printemps 2023 qu’Hélène Clément avait accordée à Michelle Smith dans le cadre d’un projet d’écriture, elle évoquait ainsi sa jeunesse : « J’ai été élevée à partir de mes six mois au 623 rue Langevin, juste en face du parc Provencher et la pataugeuse pour enfants. Ma vie se passait
entre la rue Provencher, la rue Langevin, la rue Dumoulin, le parc Provencher et les petites ruelles autour. » Plus tard, elle reviendra dans cette maison avec son conjoint Gérald Clément pour y élever leurs trois garçons : Charles, Patrick et André
La famille a joué un grand rôle dans les décisions de sa vie, comme le raconte Gérald Clément. « Pour Hélène, la famille était synonyme de bonheur. » Patrick Clément, l’enfant du milieu, le confirme : « Toutes les décisions que maman prenait, elle se demandait toujours de quelle manière ça allait impacter sa vie de famille. »
D’ailleurs, c’est une question qu’elle se posait lorsqu’elle était invitée à siéger aux CA de cer-tains organismes (1), comme elle l’explique elle-même dans le projet de Michelle Smith. « J’ai siégé à travers les années tout en élevant la famille, en travaillant comme enseignante. Je sais que ça a été du temps et ça peut nuire à une vie de famille si on ne fait pas attention de tout équilibrer. C’est sûr qu’on donne mais ça nous rapporte beaucoup de participer comme ça. »
Cet engagement envers la francophonie et sa communauté, elle le tenait de ses parents qui ont eu un gros impact dans sa vie comme l’explique Patrick Clément. « Ses parents sont décédés jeunes. Elle avait 26 ans quand sa maman [Jeanne Rémillard] est décédée. Sept ans plus tard son papa [Louis Deniset] est décédé [en 1983]. Donc en plus de ses enfants et de son mari, elle avait aussi la responsabilité de frères et sœurs qui étaient pour certains encore jeunes. Elle a pris soin de tout ce beau monde. »
Hélène Clément était en effet l’aînée d’une fratrie de six enfants (2). Cette responsabilité l’a certainement influencée tout au long de sa vie, estime Charles Clément, lui-même l’aîné de sa fratrie. « Maman était la fille, la petite-fille, la nièce, la petite-nièce de politiciens, de leaders dans la communauté. Elle était l’aînée d’une fratrie. Maman a pris sa place en laissant aussi aux autres de l’espace pour s’épanouir. Elle a fait suffisamment de place dans sa vie pour son mari, ses trois garçons, ses frères et sœurs et ses élèves. Elle a toujours trouvé du temps pour tout le monde, et particulièrement sa famille. »
Gérald Clément se souvient de moments où elle laissait les autres prendre leur place. « Il me vient un exemple. Lorsqu’on partait faire du ski alpin, les remontées mécaniques ouvraient à 9 h. Alors elle nous aidait avec notre déjeuner, pour qu’on soit prêts pile à l’heure. Et ensuite les boys disaient : Maman dépêche-toi, il faut y aller, il faut y aller. Elle se préparait en deux minutes et c’était parti! »
Charles Clément complète : « Oui, on se demandait toujours : Pourquoi maman est en retard? C’est parce qu’elle s’assurait toujours qu’on ne manque de rien. Elle avait telle-ment de patience. »
L’éducatrice
C’est de ses grandes qualités humaines dont se souviennent aussi avec émotion Huguette et David Dandeneau, des amis proches du couple. Huguette Dandeneau décrit ainsi celle avec qui elle a partagé de longues heures d’amitié. « Hélène avait tou- jours le sourire. Elle était toujours heureuse, généreuse. C’était facile d’être avec elle. Nous pouvions trouver des compromis facilement. Elle aimait toujours découvrir de nouvelles choses, sa compagnie était vraiment très agréable. »
Autant de qualités qui lui ont été particulièrement utiles quand l’éducatrice a commencé à servir comme conseillère en orientation au Collège Louis-Riel d’où elle a pris sa retraite en 2007. André Clément, le cadet de la famille, souligne : « Maman travaillait autant avec les élèves qui excellaient que ceux qui étaient en difficulté.
Elle n’avait aucun favori. Elle avait beaucoup de tendresse pour chacun de ses élèves. »
Car Hélène Clément visait la réussite de chacun de ses élèves. Gérald Clément en témoigne. « Sans partager des noms, elle discutait souvent à la maison des soucis du travail en disant : Ça se voit que ce professeur n’aime pas cet élève, mais je dois arriver à marier leurs personnalités, parce que l’élève n’a pas besoin de vivre ça. Elle faisait des plans pour la réussite des élèves avec certains de ses collègues, dont Lucienne Loiselle. Elle essayait toujours de faire comprendre aux adultes, sans être jamais dans le jugement, que les enfants avaient aussi un vécu qu’il fallait prendre en compte. »
En septembre 2022, Gérald et Hélène ont célébré 50 ans de mariage. Avant de se marier, ils se fréquentaient déjà avec bonheur depuis au moins cinq ans. « Quand on a commencé à se fréquenter, Hélène avait 14 ans et moi 15. Cet été, on soupait avec Bernard Bocquel et sa sœur Marie-Thérèse. Je leur ai partagé que ça faisait tellement longtemps que j’étais avec Hélène, que je ne me rappelais plus de l’avant-Hélène! Elle a toujours été avec moi. Et moi avec elle. Dès le début de notre relation, Hélène m’a laissé une grande place. À chaque fois que j’entrais dans une pièce, elle avait les yeux qui pétillaient. Gerry est ici! Cette communion a été réelle tout le temps où nous avons pu être ensemble. »
(1) Hélène Clément a, entre autres, siégé au CA de Francofonds, de Caisse Groupe Financier, d’Action Marguerite et de La Liberté.
(2) Les frères et sœurs d’Hélène Deniset étaient : Pierre, Rachel, Jacques, Jean-Paul et Louise.
Hélène Clément, un lien fort avec le Festival du Voyageur
Hélène et Gérald Clément ont été Voyageurs officiels en 1996 et 1997 sur recommandations de David et Huguette Dandenau. « Nous avions recommandé Gerry et Hélène. C’est quelque chose qui faisait forcément beaucoup de sens. Ils étaient des ambassadeurs parfaits. Leurs garçons étaient déjà un peu plus vieux. Mais je trouve que c’était parfait de voir des enfants plus âgés comme ambassadeurs du Festival. »
L’offre était évidemment une surprise pour le couple, qui a accepté avec plaisir. Gérald Clément se remémore : « Nous avons eu une belle expérience de famille. Nous amenions de l’amour, la joie de vivre, notre aise devant le micro. Nous avons vécu deux années incroyables
« C’était superbe, parce que nous avons aussi vu nos garçons prendre une part plus active dans la communauté. »
Charles Clément estime que « Voyageurs officiels, c’était une des manières dont maman a redonné à sa communauté, car elle a été impliquée dans beaucoup d’organismes. »
Après leur mandat, Hélène et Gérald Clément sont entrés dans l’Ordre des Voyageurs, où Hélène Clément a laissé sa marque, comme le précise Huguette Dandeneau. « Hélène Clément a aussi été chargée de mettre un peu d’organisation dans l’Ordre du Voyageur. Au fur et à mesure des années, nous sommes devenus plus nombreux. Il fallait mieux organiser notre mémoire de groupe.
« Parfois certains disaient : On a dit ça, mais personne n’en avait le souvenir précis. Tout était oral avec l’Ordre des Voyageurs. Hélène a permis à un moment de tout mettre sur papier pour éviter de perdre des choses et surtout pour aider les nouveaux Voyageurs officiels. »
Bien avant d’être choisie comme Voyageuse officielle, Hélène Clément a été, en 1970, princesse du Festival du Voyageur. Gérald Clément revient sur cette histoire. « À l’époque des premiers Festivals, les concours de Reine de beauté étaient très populaires. Beaucoup de jeunes filles ont embarqué dans ces concours. Mais pas des filles-poupées. C’étaient des filles studieuses, avec des points de vue à défendre. Hélène n’a jamais participé pour prétendre qu’elle était la plus belle.
« Elle avait fait un très beau discours en jouant sur les mots. C’était la nièce de Léo Rémillard, un grand comédien qui avait déjà laissé son empreinte au Cercle Molière. Le théâtre, c’était dans ses gènes. Elle n’a pas gagné le titre de Reine du Festival du Voyageur. Mais pour moi, Hélène a toujours été la plus lumineuse. »