Les cas étaient répartis dans huit provinces (1), selon l’Agence de la santé publique du Canada. Les cas d’infection alimentaire ne sont pas rares mais le changement climatique n’arrange rien.
Souvent associée à la volaille et aux œufs, la salmonelle, qui est le nom de la bactérie à l’origine de la maladie de la salmonellose, est une bactérie que l’on retrouve dans les selles de toute sorte d’animaux et même des humains. Qu’ils soient à sang chaud ou à sang froid, comme le fait valoir le Dr Philippe Lagacé-Wiens, microbiologiste à l’Hôpital Saint-Boniface : « Même les reptiles, comme les serpents peuvent être porteurs de la salmonelle en raison de leur consommation de souris et autres rongeurs qui peuvent être infectés. »
Maladie infectieuse
Il s’agit donc d’une maladie infectieuse qui se transmet de l’animal à l’humain. « C’est une zoonose, tranche le docteur. Avec quelques exceptions pour certaines souches qui sont exclusivement de pathogènes humains, la grande majorité des salmonelles sont des zoonoses. » Il existe une grande variété de types de salmonelle, plus de 2 700 selon l’Institut Pasteur. « Certaines peuvent causer des maladies très sévères, indique le microbiologiste. Comme la salmonelle typhi, présente principalement dans les tropiques, ici les souches sont généralement moins virulentes. Il y a une vaste gamme de représentations symptomatiques qui peuvent aller d’une diarrhée minime à des infections qui s’en prennent au système sanguin », explique le Dr Philippe Lagacé-Wiens.
Dans la majorité des cas cependant, la bactérie va provoquer des symptômes de diarrhée, de vomissement et de fièvre « assez limités » chez les personnes qui ont un système immunitaire normal. Dr Philippe Lagacé-Wiens, relève qu’une centaine de cas par an sont comptés au Canada en moyenne et ajoute : « En général, les gens éprouvent quelques jours de symptôme et la situation se résout d’elle-même. Mais cela peut être sérieux chez les très jeunes, âgés entre deux et trois ans, chez les personnes de plus de 65 ans ainsi que celles qui présentent des maladies du système immunitaire ou cardiaque et prédisposés à des infections du sang. » Les cas graves et les hospitalisations peuvent arriver. Cependant, c’est moins commun chez les gens en bonne santé.
Une maladie assez répandue?
La salmonelle se trouve donc, dans les aliments, notamment les viandes, mais elle peut aussi contaminer l’eau et les sols. Comme mentionné plus tôt, la bactérie se retrouve dans les excréments et c’est ainsi que la transmission se fait parfois jusqu’à l’être humain. « L’œuf sort du cloaque de la poule, qui est le même lieu où la poule produit ses excréments. L’œuf est alors recouvert de la bactérie, lorsqu’on le casse, les bactéries peuvent tomber dans l’œuf lui-même. Ou bien si on laisse les œufs trop longtemps à température ambiante, la bactérie peut pénétrer la coquille. La solution, comme pour les viandes, est donc de bien cuire nos aliments. »
Alors comment certains fruits et légumes peuvent se trouver infectés par la salmonelle, comme ce fut le cas pour les cantaloups à l’origine de la plus récente éclosion au Canada. « On se sert souvent d’engrais à base de fumier dans l’agriculture, explique le microbiologiste. Les sols et les aliments qui y poussent peuvent alors être contaminés si le fumier n’est pas assez vieux. Les légumes et les fruits infectés sont alors distribués dans la chaîne alimentaire. » Ces derniers sont alors susceptibles d’être consommés, soit directement par les humains, ou bien par le bétail qui se retrouve infecté lui aussi.
Conséquence du réchauffement climatique?
Un autre scénario est aussi envisageable, et il aurait un rapport avec le changement climatique. Le Dr Philippe Lagacé-Wiens, et l’Organisation mondiale de la Santé le dit aussi, le changement climatique a des répercussions sur la santé des populations, sur leur mode de subsistance, mais aussi, « sur les microbes et les maladies infectieuses ».
Le microbiologiste poursuit : « Il y a plus d’inondations, ces phénomènes portent les excréments d’animaux et d’humains vers les champs. Une fois que le niveau de l’eau redescend, les sols sont contaminés.
« Évidemment, avec une population qui augmente et le changement climatique qui rend difficile la production de nourriture, l’agriculture est de plus en plus intensive, et, elle a donc recours à l’utilisation d’engrais qui peuvent potentiellement représenter un risque. Il est certain que l’on observe des changements sur tout le spectre des maladies infectieuses qui ont affaire avec le climat. »
Et puisqu’ici il s’agit d’une zoonose, Dr Philippe Lagacé-Wiens se permet de sortir des maladies gastro-intestinales pour donner un autre exemple : « La maladie de Lyme. Les tiques (porteuses de la maladie) se déplacent constamment et peuvent désormais s’établir dans des régions du monde où elles ne le pouvaient pas auparavant. Il existe une connexion intime entre le climat et les maladies, en particulier les zoonoses », conclut-il. En effet, le climat affecte les mouvements des insectes et des animaux qui à leur tour ont un impact sur l’incidence et la présence de certaines maladies dans différentes régions géographiques.
(1) Le Québec, l’Ontario, la Colombie-Britannique, l’Alberta, la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve-et-Labrador et l’Île-du-Prince-Édouard.
Symptômes et transmission?
En fonction des caractéristiques de la souche de salmonelle, ainsi que de l’état de santé des personnes infectées, la salmonellose se manifeste généralement sous la forme d’une gastro-entérite. Mais, certaines souches, issues d’un réservoir strictement humain, peuvent donner lieu à des fièvres typhoïdes et paratyphoïdes (potentiellement mortelles en l’absence de traitement).
Parmi les symptômes principaux, on note : fièvre, diarrhée, vomissements ainsi que des douleurs abdominales.
Pour les modes de transmission, l’Institut Pasteur en relève deux. Dans 90 % des cas, la transmission intervient via des aliments contaminés. On notera d’ailleurs que si une planche à découper ou n’importe quel ustensile de cuisine sert à la préparation d’aliments contaminés, ces derniers vont infecter tout autre aliment sain préparé avec les mêmes ustensiles. On parle alors de contamination croisée. La contamination peut aussi avoir lieu en cas de contact direct avec un animal infecté.
Pour ce qui est des salmonelles humaines (Typhi et paratyphi) elles se transmettent d’humain à humain, par contact, par l’intermédiaire de mains sales qui, par exemple, auraient été en contact avec la bactérie. Toujours selon l’Institut Pasteur, « la contamination d’humain à humain est relativement rare », et survient principalement dans des communautés de jeunes enfants lorsque l’hygiène des mains n’est pas bonne.
Il est donc recommandé, de bien cuire ses aliments, de conserver ses œufs au réfrigérateur, d’éplucher et rincer ses légumes et se laver les mains régulièrement.