L’exposition met de l’avant la peau et le corps métis contemporain.
L’artiste songeait à cette exposition depuis deux ans déjà. Pouvoir la présenter à la Maison des artistes (MDA) est une réelle fierté pour Eric Plamondon qui a été directeur de l’organisme entre 2013 et 2016. « Je me sens hyper choyé et c’est ma première ici en tant qu’artiste. Je vis pas mal d’émotions », reconnaît le président du conseil d’administration du Festival du Voyageur qui a été soutenu financièrement par le Conseil des arts du Manitoba et du Canada pour mettre sur pied cette exposition.
Métis.ses dénudé.e.s part de l’envie d’Eric Plamondon de présenter des corps métis d’aujourd’hui. Tout en respectant l’histoire, le patrimoine et le folklore qui accompagnent la culture métisse, l’artiste a souhaité se dégager de certains codes pour faire apparaître une version plus moderne des femmes et hommes métis. « Je me disais souvent : comme humain et artiste, qui vivent en 2024, ou sont les manifestations contemporaines de ma culture et ma communauté? Donc je ne voulais pas que cette culture vive qu’à travers le patrimoine, je veux qu’elle vive aujourd’hui. Mais ce n’est pas nécessaire- ment évident de faire ce portrait d’un ou une métis sans les codes culturels clichés. J’étais donc intéressé de faire abstraction de tout ça. Mais s’ils sont vêtus de jeans ou de casquettes, ce sont des codes aussi. Alors il fallait vraiment tout évacuer et présenter les personnes dénudées. Ce qui nous reste, c’est la personne. »
Vulnérabilité et fierté
Eric Plamondon, qui a fait la plupart des séances photo le printemps dernier, a aussi voulu jouer sur la diversité des médias. « Les photos sont sur du papier, du canevas, du cuir brut sur un cadre, du métal, ce qui met en avant la peau. Jouer sur quoi on imprime la peau de la personne amène un discours intéressant. »
Se dénuder à ce point-ci n’est pas un exercice facile. Eric Plamondon en fait lui-même l’expérience dans l’une des œuvres. C’était pour lui une manière de vivre la même vulnérabilité que les autres personnes présentes dans Métis.ses dénudé.e.s. « Ils n’étaient pas tous prêts à se lancer dans l’expérience quand je leur en ai parlé. J’accepte ça, puis on a eu de belles conversations. Et c’est toute la force de ce projet : l’art n’est pas juste pour 100 ou 200 ans, ça doit aussi être un reflet de ce qu’on est aujourd’hui. Les gens qui ont accepté sont vulnérables et n’étaient pas non plus tous confortables pour être le visage ou le portrait de quelqu’un de la Nation métisse. Mais toutes les œuvres, je pense, montrent tout de même une fierté et une énergie. »
Une plus grande place pour l’art métis
Sans se projeter aussi loin que dans une centaine d’années, Eric Plamondon a le sentiment que l’art métis prend petit à petit une place plus importante. « Je ressens qu’il y a une réémergence de la communauté métisse. Je crois que les manifestations culturelles et ce qu’on apporte commencent à avoir une valeur sur la compréhension de la relation qui existe entre nous et le territoire. »
Et c’est d’ailleurs dans cette optique qu’Eric Plamondon a utilisé des techniques artistiques anciennes et plus modernes. C’est selon lui ce qui fait l’essence de la création de la Nation métisse. « J’espère que ce sera vu. Et dans les arts, on se donne la permission de pousser, de créer, de réinventer et surtout de lancer un dialogue. »