Que ce soit lors de l’AGA virtuelle du 31 janvier ou lors des consultations avec les membres un peu plus tôt dans le mois et qui dureront jusqu’au 14 février pour les membres de la Caisse, Joël Rondeau, président-directeur général de Caisse Groupe Financier, admet avoir reçu « beaucoup de questions de clarifications ».
À date, Joël Rondeau confirme que la plupart des d’interrogations des membres tournent autour des services en français. En effet, les deux organismes, l’Assiniboine Credit Union et la Westoba Credit Union, sont des entités anglophones. Joël Rondeau se veut rassurant et rappelle avoir eu des garanties. « On est confiant que les services en français vont continuer. Pour ça, on a répondu du mieux qu’on peut, en expliquant qu’on a des garanties d’avoir des membres francophones au conseil d’administration ou que ce soit inscrit dans les règlements généraux de la nouvelle entité. »
Des garanties pour les services en français
Jacinthe Blais, membre de la Caisse, semble moins convaincue. Ça fait déjà plusieurs mois qu’elle a fait remonter un problème technique qui ne lui permet pas d’avoir des données sur ses activités en français. « La fusion avec deux entreprises anglophones va-t-elle vraiment aider la cause des francophones, alors qu’il y a déjà des manques en ce moment, un manque de services en français dont on a besoin? Donc là, je dois fonctionner en anglais et je ne peux même pas comparer avec les années précédentes, à moins d’aller chercher toutes ces données en anglais. »
Jacinthe Blais précise tout de même avoir reçu récemment un message du service des communications de la Caisse pour assurer le suivi.
D’autres difficultés
De son côté, Norman Dugas estime, lui, ne pas avoir de problème avec les services en français. En revanche, il met en lumière d’autres difficultés. « J’ai remarqué que les services en général sont plus lents. À cause du manque de continuité chez les employés, on a souvent affaire à des gens en formation. Donc après avoir attendu longtemps en ligne, on attend encore plus longtemps à la caisse. Le site web aussi, je trouve qu’il peut être amélioré. Mais je comprends très bien que c’est une petite caisse et qu’ils n’ont pas les moyens de la RBC ou de TD.»
Là aussi, Joël Rondeau peut comprendre ce point. Il rappelle que la question de la rotation du personnel est un sujet qui touche toutes les entreprises. « C’est un phénomène qu’on voit dans toutes les industries. Ce sont des postes d’entrée occupés par des jeunes. Ils viennent prendre de l’expérience. De notre côté, on fait du mieux possible pour former notre personnel. »
Pour rappel, pour justifier cette potentielle fusion, Réal Déquier, président du conseil d’administration de Caisse Groupe Financier, expliquait qu’une « nouvelle coopérative financière de plus grande taille et force aura une plus grande capacité à offrir des produits, services et technologies améliorées pour nos membres particuliers et commerciaux ».
Une autonomie remise en question?
Un argument que comprend Edmond Labossière, membre de la Caisse depuis quasiment 55 ans. « J’étais à l’AGA, j’ai vu l’évolution de la Caisse. D’une Caisse locale jusqu’à provinciale. On a vu une évolution et dans ce contexte-là, j’imagine que c’est peut-être normal de continuer vers des fusionnements. On s’est toujours fait dire qu’il fallait grossir pour pouvoir avoir des économies d’échelle. Il reste qu’il y aura toujours des inquiétudes, même si l’on arrivait à garantir des services en français dans une fusion. Quand on voit qu’on chemine vers quelque chose de toujours plus gros, la nouvelle entité, composée d’une Caisse et de deux Credit Unions, on peut envisager qu’elle fusionnera avec d’autres par la suite. Donc est-ce que ça va diluer davantage la composante francophone? Ou pourra-t-on réussir à garantir l’offre en français si l’on continue à grossir? »
Interrogé, Joël Rondeau souligne que d’autres options que la fusion ont été évoquées. « Oui, il y a une discussion sur le partage des services au lieu de la fusion. Mais on a regardé à nos options, et nous croyons que la meilleure solution reste la fusion. »
Raymond Hébert, membre depuis les années 1970, imagine, lui, d’autres solutions. Le risque de la fusion selon Raymond Hébert : la perte d’autonomie de la Caisse. « Je pense par exemple au développement des nouvelles technologies en coopération avec le mouvement des Credit Unions. Et ça pourrait se faire avec des ententes sans sacrifier l’autonomie de la Caisse. On peut aussi négocier avec la Province pour développer un seul système informatique centralisé pour toutes les Credit Unions et les caisses populaires. Autre modèle possible : créer une fédération des Credit Unions et de Caisse Groupe Financier, qui pourrait partager les frais de développement des nouvelles technologies. »
À la fin des processus de consultations et de discussions, les membres seront appelés à voter pour décider. Ça prendra deux tiers des membres pour qu’une décision soit validée.