Mais avec le recul de quatre ans, on peut de mieux en mieux mesurer ce qui a bien fonctionné, et ce qui aurait pu mieux fonctionner si on l’avait su plus tôt.
Des chercheurs de quatre institutions françaises et deux canadiennes, dont l’Université McGill, concluent ainsi qu’en France, entre mars 2020 et octobre 2021, le premier confinement a permis de réduire de 84 % les nouvelles contaminations, le deuxième de 74 %, et le troisième, plus tardif et moins restrictif, de 11 %. Quant aux vaccins, ils ont permis d’éviter 159 000 décès entre décembre 2020 (début de la campagne de vaccination) et octobre 2021, de même que 1 million et demi d’hospitalisations (1,48 million pour être exact).
En tout, la COVID a tué 116 000 personnes en France pendant cette période, soit entre mars 2020 et octobre 2021, et provoqué 460 000 hospitalisations.
Comme il s’agit de modélisations mathématiques, les chercheurs ont jonglé avec différents scénarios hypothétiques. Par exemple, le premier confinement aurait pu être encore plus efficace s’il avait été appliqué une semaine plus tôt (à partir du 10 mars 2020 plutôt que du 17) : on parlerait alors de 20 000 décès évités. Ou encore, les fermetures d’école auraient réduit de 15 % la transmission — mais dans leur cas, il est difficile de distinguer leur impact de celui des nombreuses autres mesures sanitaires.
C’est d’ailleurs sur ce dernier point que se situe la principale limite de l’étude : comme ces mesures sanitaires ont été employées simultanément, il est impossible de distinguer les impacts des unes et des autres.
Seuls les confinements, parce qu’ils ont une date de début et de fin, permettent de comparer, par exemple, les données quotidiennes sur les nouveaux cas de COVID, les hospitalisations, celles aux soins intensifs, et les décès, que ce soit avant les confinements, pendant ou après. Même des données météorologiques ont été prises en compte : des températures plus chaudes incitent davantage de gens à sortir, donc réduisent les contacts, donc les risques de contamination à l’intérieur.
L’objectif, notent les chercheurs, est avant tout de prendre du recul par rapport à cette pandémie, en fournissant des paramètres qui, croit-on, pourraient servir lors de la prochaine pandémie, que celle-ci soit dans quelques années ou dans plusieurs décennies.
L’analyse est parue le 6 février dans la revue Epidemics. Et en soi, elle n’est pas entièrement nouvelle. Dès 2020, des chercheurs avaient tenté de mettre des chiffres sur de tels scénarios hypothétiques. Le journal Le Monde rappelle le cas de Mircea Sofonéa, de l’Université de Montpellier, qui avait estimé qu’un confinement décidé une semaine plus tôt, aurait permis d’éviter 13 000 décès. Dans le même esprit, on a noté dès 2020 que bien des pays, comme la France et le Canada, avaient attendu la mi-mars pour imposer des mesures sanitaires, alors que c’est dès janvier 2020 (les premières alertes sur le nouveau virus étaient apparues le 30 décembre) que la Corée du Sud, Taïwan et le Japon avaient commencé des tests de dépistage systématiques du virus.