Barney Morin, coordonnateur des initiatives autochtones, fait le point.
D’entrée de jeu, Barney Morin le rappelle : « Le Festival du Voyageur n’est pas un organisme autochtone. » Et pourtant, depuis plusieurs années, il donne une place importante aux artistes et aux cultures autochtones.
« Notre directrice générale, Breanne Lavallée-Heckert, et notre président du conseil d’administration, Eric Plamondon, sont tous les deux Métis, signale Barney Morin. Quelques autres membres du personnel sont aussi Métis, dont moi-même. Créer de l’espace pour les cultures autochtones est donc très important pour notre équipe. Breanne a une véritable passion pour l’éducation autochtone. »
Barney Morin souligne qu’en 2024, « plus de 60 % de notre programmation du programme scolaire inclut du contenu lié à des personnes autochtones, et plus de 70 % de nos musiciens ou groupes s’auto-identifient comme autochtones ou en partie autochtones. On est bien au-dessus des 20 % minimum qu’on visait! »
Dans le parc du Voyageur
Outre le célèbre feu d’infinité, symbole de la Nation métisse, qui continuera de réchauffer les festivaliers, il ne faudra pas manquer de visiter la nouvelle galerie d’art installée dans une cabane de bois et ouverte au public tout au long du festival, avec son exposition d’arts visuels La michinn – Medicine mise sur pied par la commissaire Julia Lafreniere.
« Cette exposition va célébrer la brillance et la contribution des artistes queer et bispirituels métis et autochtones à la culture, aux arts et aux systèmes de connaissances de la Nation métisse de la Rivière-Rouge, dévoile Barney Morin. Une performance drag y est aussi prévue. »
Une autre nouveauté en 2024 sera Lii jeux michifs, une compétition de famille autour des traditions des trappeurs métis et des voyageurs, qui se déroulera le dimanche après-midi 25 février près de la Terrasse à chansons.
« Chaque équipe sera composée d’un.e aîné.e, un.e adulte et un.e jeune, et ils devront faire des choses comme préparer de la bannique et du thé, ou encore deviner des chansons au violon, dévoile Barney Morin. Pour cette première édition, on a recruté d’avance nos participants. »
Des conteurs autochtones
Les festivaliers petits et grands pourront également écouter des conteurs autochtones dans les tipis du camp d’échange hivernal, qui raconteront des histoires en michif, anishinabemowin, anglais et français.
Juste à côté, Barney Morin conseille aux familles de venir rencontrer « de jeunes autochtones qui montreront comment tanner une peau de chevreuil ».
Enfin, au deuxième étage de la Maison du Bourgeois, on retrouvera les ateliers Fayt à la min, qui donnent la chance à tous ceux et celles qui le souhaitent de s’essayer à certains arts autochtones. « Il y aura par exemple des ateliers de perlage et de pierre à savon, indique Barney Morin. C’est gratuit, mais les places sont limitées. Premier arrivé, premier servi. »
Par ailleurs, la présidente de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba (UNMSJM), Paulette Duguay, a été personnellement invitée aux cérémonies d’ouverture, de même que la grande cheffe de l’Assemblée des chefs du Manitoba, Cathy Merrick, le Premier ministre du Manitoba, Wab Kinew, ou encore le député Métis de Saint-Boniface, Robert Loiselle.
« Comme Métis, on se sent de plus en plus inclus dans la programmation du Festival et valorisés, affirme Paulette Duguay. C’est formidable. Le Festival du Voyageur est très ouvert et inclusif, il reconnaît l’importance de la Nation métisse dans notre histoire manitobaine. On apprécie cela. »
Journée Louis- Riel : pleins feux sur les Métis
« Pendant la Journée Louis- Riel, c’est vraiment agréable de circuler dans le parc avec nos drapeaux lors de la maarsh aek lii michif, poursuit la présidente de l’UNMSJM. C’est un acte très simple, mais qui nous donne plus de visibilité et ancre notre fierté métisse. On voit que ça a beaucoup d’effet. De plus, c’est très jovial. »
La même journée, Barney Morin annonce qu’un panel de discussion Lii langues michifs se déroulera dans la Maison du Bourgeois, au sujet des multiples dialectes michifs qui existent. Tout le monde y est le bienvenu.
« Nous organisons aussi un marché d’artisans autochtones, ajoute-t-il. Il y aura une douzaine de vendeurs de petite et moyenne taille, qui proposeront de la bannique, des bijoux en perlage, des pièces d’art, ou encore des vêtements. »
Balados
Une autre nouveauté en 2024, ce sont les balados Le podcast Minut Michif, inspirés des vidéos Minut Michif des années précédentes. Barney Morin explique ce changement de format : « Avec le format vidéo, on devait se garder à quelques minutes seulement. Il fallait que ce soit court. Mais quand on parle de vrais sujets, on a besoin de beaucoup plus! Le format podcast ouvre la porte à de meilleures conversations avec nos intervenants, plus longues et plus riches. »
Les balados, qui sont disponibles en ligne sur les sites de l’UNMSJM et du Festival du Voyageur, sont co-animés par Barney Morin et Paulette Duguay.
« Avec Barney, nous avons une bonne complicité, affirme Paulette Duguay. On s’entend très bien. C’est facile et amusant de travailler ensemble, et il a un grand sens de l’humour. »
Barney Morin confirme l’ambiance détendue. « Ces podcasts, c’est un peu comme si on accueillait nos invités pour une petite visite avec Mémère métisse et le crazy cousin métis, et qu’on faisait une petite jasette. Tout le monde a du fun. »
Ambiance détendue
Barney et Paulette ont reçu cette année six invitées : l’auteure-compositrice-interprète et musicienne métisse Geneviève Toupin, alias Willows, qui parle de son rapport à sa culture métisse et à ses racines alors qu’elle est aujourd’hui ancrée ailleurs; Andrée Forest, qui a travaillé dans beaucoup d’organismes en tant que femme métisse; Janelle Wookey, cinéaste, qui porte son identité métisse dans tous ses projets.
On pourra aussi écouter Debra Radi, conseillère principale – réconciliation/ éducation autochtone à l’Université de Saint-Boniface (USB), qui évoque comment les questions métisse et autochtone sont abordées auprès des étudiants de l’USB; Jani Comeault, jeune étudiante métisse de l’USB; et enfin Breanne Lavallée- Heckert, la nouvelle directrice générale du Festival depuis l’été 2023, qui parle de son parcours et de sa connexion à la culture métisse.
« Au Festival du Voyageur, on veut vraiment faire rayonner les histoires et les cultures autochtones de la meilleure façon possible pour ces cultures, termine Barney Morin. L’idée n’est pas de faire un gros show, mais plutôt que ce soit quelque chose de vrai, de sincère.
« Pour nous aider, on a fait des cercles de partage, des festins et des sessions de formation avec Cathy Merrick, ainsi que les Aînés Florence Paynter et Harry Bone. Ils sont nos guides pour le Festival, pour bien faire les choses. »