Les entreprises notamment auront leur lot de défis.
Si des avancées ont eu lieu lors de la COP28, 2023 a aussi été l’année la plus chaude de l’histoire. Ce qui montre encore tout le travail à accomplir pour apaiser ces lourdes tendances.
Derek Earl est le fondateur et président du conseil d’administration de BizforClimate, une initiative qui soutient les entreprises dans leur recherche de solutions climatiques. Après quatre années d’existence, plus de 170 entreprises, en majorité manitobaines, ont rejoint le projet. « On avance bien. On continue à grandir, à avoir plus d’impact et d’influence. Je pense qu’une quarantaine d’entreprises nous ont rejoints l’an passé. Ce n’est pas pire, mais on vise plus. C’est important pour développer un vrai mouvement et de là, on pourra coordonner plus d’activités, d’initiatives et de campagnes. »
Avoir plus d’impact passera par une volonté politique. Depuis la mi-octobre 2023, le Manitoba a un nouveau gouvernement, avec une nouvelle ministre de l’environnement : Tracy Schmidt. Si le gouverne-ment est encore dans une phase de prise de conscience sur ces enjeux, selon Derek Earl, plusieurs acteurs sont prêts à faire des changements. « On veut démonter qu’il y a de plus en plus d’entreprises et de gens d’affaires qui appuient pour de l’action climatique plus rapide, en accord avec les démonstrations scientifiques. Donc la plupart de nos actions à date sont liées à la sensibilisation du nouveau gouvernement. »
Remise en question
En lien avec les entreprises depuis plusieurs années, Derek Earl confirme que ces dernières sont de plus en plus inquiètes quant à l’avenir climatique. « Mais je remarque aussi que les entreprises se questionnent beaucoup sur le rôle qu’elles peuvent jouer et leur niveau de responsabilité pour améliorer les choses. Alors, de plus en plus, elles regardent leurs opérations pour voir comment réduire leurs émissions et utiliser moins d’énergie. »
Derek Earl souligne aussi la concrète envie des entreprises de faire des changements. En revanche, cette envie est souvent confrontée à la réalité économique. « Ça représente un coût important de faire des changements pour adopter des nouvelles technologies renouvelables. Il y a aussi un manque de connaissance. Je pense aux PME (petites et moyennes entreprises), elles ne sont pas toutes expertes sur ces sujets. Souvent, elles n’ont pas de personnel en interne pour quantifier leurs émissions de gaz à effet de serre ou faire des audits énergétiques. »
Une transition à ne pas manquer
Les entreprises aimeraient donc avoir plus d’incitatifs à investir, selon Derek Earl. Le fondateur de BizforClimate n’a pas encore pu rencontrer le nouveau gouvernement pour aborder ces sujets. « C’est l’un de nos objectifs pour la nouvelle année », précise-t-il.
De manière générale, Derek Earl va continuer à rester très attentif à toutes les annonces environnementales pour cette année 2024. Les annonces de la COP28 à propos du début de la fin des énergies fossiles auront notamment un impact sur le Canada. « Le gouvernement fédéral prend des mesures. Mais c’est vrai qu’on se retrouve, au Canada, en plein milieu de ce sujet des énergies fossiles et de la transition énergétique. J’imagine qu’on sera jugé selon nos progrès dans ces domaines. »
Derek Earl rappelle aussi que l’Organisation des Nations unies (ONU) a publié en 2023 un premier bilan mondial (Global stocktake) des contributions des pays signataires de l’Accord de Paris en 2015. L’évaluation a montré que malgré des efforts importants, les objectifs sont encore loin d’être atteints, et ce dans tous les coins du monde. « C’est clair qu’il reste moins de temps pour faire une différence. Il y a des objectifs importants à atteindre d’ici 2030 et si l’on ne fait pas assez de progrès d’ici là, les conséquences, selon la science, seraient de passer un point de bascule impossible à arrêter. »