Dans la salle Martial Caron de l’Université de Saint-Boniface (USB), presque comble pour l’occasion, les élèves de l’école/collège régionale Gabrielle-Roy et ceux du Collège Louis Riel, se sont fait face. La joute verbale aura duré pendant deux manches pour la finale d’une compétition qui aura tout de même vu s’affronter une douzaine d’écoles au total.
Cette cinquième édition était la plus grosse à date. Preuve que la Coupe éthique se développe et qu’elle attire de plus en plus. C’est en tout cas ce que constate Antoine Cantin-Brault, professeur de philosophie à l’USB et coordonnateur de l’évènement. « Ça montre qu’il y a un bon bouche-à-oreille autour de l’activité. Plus d’écoles veulent participer, on a notamment beaucoup d’écoles d’immersion. J’ai l’impression que l’intérêt pour le débat en français grandit. »
Un super niveau
Pour la bataille finale, les élèves ont pu échanger autour de deux cas. L’un qui tournait autour du concept d’amende progressive, qui consiste à adapter le montant d’une amende pour une infraction non criminelle en fonction des revenus du coupable. Et l’autre sur le partage des espaces publics. À travers ces cas, les jeunes adultes ont pu aborder des thèmes variés, profonds et parfois complexes. Sur l’estrade, du haut de leur 17-18 ans, ils se sont interrogés sur les inégalités sociales, la dignité humaine, l’égalité face au droit, la notion de liberté, de morale et bien d’autres encore.
Stéphanie Roy, directrice générale du Centre de santé de Saint-Boniface, faisait partie du jury à l’occasion de cette finale et elle s’est dite très impressionnée par le niveau général de cette année. « Je n’ai pas été surprise, mais vraiment fier de voir que tant d’élèves ont eu le courage de participer. C’était une expérience très enrichissante pour moi. Je suis contente de voir comment la jeunesse pense, après tout ils sont nos prochains leaders. » Elle précise d’ailleurs que les rencontres étaient toujours très serrées, et que la finale n’a pas fait exception à la règle.
Pas de perdants
Malgré tout, c’est l’équipe du Collège Louis Riel qui l’a emporté. Passé l’euphorie qui a suivi l’annonce des vainqueurs, les deux équipes se sont retrouvées dans l’amphithéâtre désormais vide. L’occasion de se féliciter. Il n’y avait pas du tout de visages tristes, bien au contraire. « On n’est pas déçus, lance Emma Natividad, finaliste pour l’équipe de l’école Gabrielle Roy. On ne pensait même pas gagner, on est vraiment venu pour l’expérience. La coupe c’est juste un point bonus, ma partie préférée ça a été les réunions et la préparation. »
Du côté des élèves de Louis Riel, on ne se lasse pas de soulever le trophée, certes, mais ce n’est pas le sel de l’aventure. « C’est toujours autant l’fun, assure Gabrielle Lachance qui en est à sa troisième participation. Puis c’est beau de voir la Coupe éthique grandir. C’est bon de voir qu’il y a plus de jeunes. »
L’échange avant tout
Et surtout, tous s’accordent à le dire, participer à la Coupe éthique leur apporte beaucoup sur le plan personnel. Hayam Akcha, élève du Collège Louis Riel, explique : « Ça permet de mettre en pratique tout ce que l’on voit en théorie, en classe. Tu mets tout ce que tu apprends en classe dans un contexte. » Puis tout le monde y va de son observation. « C’est bon pour l’oral »! « C’est bon pour l’impro’ »! « C’est bon pour notre esprit critique »! « C’est bon pour la confiance »!
Gabrielle Lachance, elle, indique avoir vu ses progrès au cours de ces trois ans. « Grâce à la Coupe éthique, je participe à tellement plus de choses. » Mais finalement, c’est Emma Natividad qui va soulever le point le plus important, puisque tous ses camarades acquiesceront : « La meilleure chose dans la Coupe éthique, ce sont les discussions entre écoles, les différents points de vue. Voir comment les autres pensent. »
Il ne s’agit pas tant d’un débat que d’un échange au bout du compte. Et les principaux concernés le disent eux-mêmes. « C’est écouter les autres, pour améliorer mes pensées. »