Encore une année de plus au compteur de cette troupe de théâtre bénévole qui traverse le temps grâce au soutien de sa communauté.
Alors que le souper se termine, Cédric, don Juan notoire, meurt soudainement. Entre son épouse et ses deux maîtresses, laquelle est la coupable?
Il faudra se rendre à la Salle du centenaire de Saint-Jean-Baptiste les 1er, 2 et 3 mars pour le savoir.
Écrite par Marc-Antoine Cyr et mise en scène par Denis Foidart, la pièce est une comédie et selon Julie Legal, comédienne et présidente du Comité culturel de Saint-Jean-Baptiste, il ne pouvait en être autrement.
« On choisit souvent des pièces légères, drôles. Je pense que depuis 1990, on a essayé différents genres. Mais depuis mon arrivée en 2010, on ne fait que des comédies. C’est ce que les gens veulent, c’est ce qu’ils préfèrent. Les gens viennent pour se détendre, prendre un verre et discuter. »
Un parti pris qui, selon toutes vraisemblances, fonctionne. « Si les gens reviennent, c’est que nous faisons quelque chose de bien. » Cela ne veut pas dire que la palette de jeu des acteurs et actrices du Théâtre Montcalm est limitée, au contraire. Julie Legal souligne que certains sont passés par la case Théâtre Cercle Molière (TCM), pendant laquelle d’autres styles et genres ont pu être explorés.
Pour la comédienne en tout cas, pas de regret, au contraire : «Iln’yariendeplusfortquece sentiment-là d’être sur la scène. Et d’être capable de faire rire la foule, c’est vraiment satisfaisant aussi. » Pour Julie Legal, « la recette a été trouvée et le public en redemande ». La preuve, au moment d’écrire ces lignes, plus de 300 billets avaient été vendus, et il en restait encore pour chaque représentation (1).
Un soutien infaillible
Un public toujours au rendez- vous, c’est important pour la longévité d’une troupe de théâtre, mais ce n’est pas le seul ingrédient nécessaire. Le Théâtre Montcalm peut aussi compter sur un soutien infaillible de la part de la communauté et une véritable volonté de s’engager.
« C’est assez hallucinant, admet Julie Legal. Je le vois d’assez près. Je joue depuis une quinzaine d’années et je reste toujours très humble à propos de ce projet-là, parce que ce sont des bénévoles et des comédiens amateurs, mais on a vraiment à cœur de faire quelque chose de vraiment bien, de qualité. Et c’est fou parfois de se dire que cette troupe continue d’exister 35 ans après. »
En même temps, l’aide vient de tous les côtés. Il y a cinq comédiens sur scène, bénévoles. Les techniciens sont souvent des élèves de l’école secondaire. Des gens de toute la communauté aident à la création des décors.
Et d’autres bénévoles encore viennent aider pour les soirées de représentations, pour faire le service au bar par exemple. « Je dirais qu’il y a entre 30 et 40 personnes qui contribuent d’une manière ou d’une autre. »
Quant à savoir ce qui motive les gens à s’investir autant, la présidente du Comité culturel y va de son hypothèse. « Je pense que c’est quelque chose dont les gens d’ici sont très fiers. Il y a tellement peu de choses qui se passent uniquement en français, et ça, on y tient. Il y a tellement d’efforts qui ont été investis pour démarrer le projet, ils souhaitent que ça continue. Car si on l’abandonne, ce ne sera qu’une nouvelle chose que l’on a perdue. Je croise parfois des gens pendant l’été qui me demandent si le théâtre sera de retour l’année prochaine. Jusqu’alors, j’ai eu le plaisir de leur répondre que oui, et j’espère continuer à le faire. »
Aller chercher les jeunes
Plus de 30 ans après sa création, le Théâtre Montcalm rassemble toujours autant, et ce malgré les changements qui se sont opérés au sein de la communauté. Dans le cadre d’une entrevue en mars 2023, le metteur en scène, Denis Foidard, qui a rejoint la troupe de théâtre à ses balbutiements en 1990, revenait avec La Liberté sur le déclin de la francophonie au sein du village de Saint-Jean-Baptiste. Majoritaire en 1976, le français a petit à petit perdu du terrain au fil du temps.
Julie Legal fait les mêmes observations. « Il y a beaucoup d’aîné.e.s qui partent, les familles sont un peu moins nombreuses et celles qui viennent s’installer ici sont principalement anglophones. Ça ne veut pas dire qu’elles ne sont pas prêtes à nous appuyer, mais elles ne peuvent pas participer et intervenir comme on aimerait qu’elles le fassent. » C’est là une autre dimension qui s’ajoute aux initiatives de la troupe. Au-delà de divertir, il s’agit aussi de maintenir la langue française en vie, « surtout pour les jeunes. Le français existe peu ou pas à l’extérieur des murs de l’école », fait valoir la comédienne, qui est aussi enseignante au secondaire à l’École régionale Saint-Jean-Baptiste.
Impliquer les jeunes
Elle espère d’ailleurs que de proposer ce genre d’activités incitera les plus jeunes à s’impliquer auprès du Théâtre Montcalm, car la troupe peine un petit peu à recruter des jeunes francophones pour jouer la comédie.
« On a quelques personnes qui seraient peut-être intéressées, mais on n’a pas toujours le bon rôle pour eux. Ils ont peut-être une certaine insécurité par rapport à leur langue, et ça, c’est dommage, parce que vraiment on a un texte, on le répète et on devient tous bon. C’est toujours difficile de recruter des gens pour jouer et je me demande si le problème chez les jeunes, parfois, c’est qu’ils ne se sentent pas assez confiants. »
En tant qu’enseignante, Julie Legal encourage toujours ses élèves à prendre des risques et à se faire confiance. Mais si cette aventure théâtrale se poursuit, nul doute que certains finiront par se laisser convaincre. « Il va le falloir en tout cas, lance Julie Legal, car j’arrive à la cinquantaine et puis ma mémoire n’est plus aussi bonne qu’elle l’était! (rires) Je veux bien apprendre mon texte et je suis pleine de bonne volonté, mais ça ne vient pas aussi facilement qu’avant. On vieillit tous un peu, alors si l’on pou- vait recruter quelques jeunes personnes, ce serait bien. »
(1) Les billets peuvent être achetés sur eventbrite.ca. Les représentations auront lieu à 20 h le 1er mars, à 14 h et 20 h le 2 mars, et à 14 h le 3 mars à la Salle du centenaire de Saint-Jean-Baptiste, 203 rue Caron.