Avec des informations d’Ophélie Doireau.
« Dans l’intérêt des usagers, des entreprises, des résidents et des contribuables, nous devons rechercher une alternative plus pratique. Il est temps d’ouvrir les rues Portage et Main à la circulation piétonne », a dit Scott Gillingham en ouverture d’une conférence de presse présentée ce 1er mars. Le maire a aussi précisé qu’il souhaiterait que ce changement soit effectif à l’été 2025 « pour coïncider avec le lancement du nouveau réseau de transport en commun. »
Depuis 1979, lorsque des passages et des espaces commerciaux souterrains ont été aménagés, il n’a plus été possible de traverser le carrefour à pied.
Cette annonce fait suite à la publication d’un rapport de James Veitch, responsable par intérim de l’urbanisme et de la conception. Le fonctionnaire municipal explique dans son rapport que cette réouverture « comprend une vision de revitalisation de l’intersection Portage et Main, déclenchée par la nécessité de démolir des parties de la chaussée et des trottoirs pour remplacer la membrane d’étanchéité vieillissante du hall souterrain. »
Coût estimé : 73 millions $
Le coût estimé des travaux est de 73 millions $. À lui seul, le remplacement de la membrane coûterait 29 millions $, selon le même rapport. À noter qu’il s’agit là d’une solution ponctuelle. « Une nouvelle membrane aurait une durée de vie d’environ 40 ans, ce qui signifie que cette entreprise devra être répétée à l’avenir. »
Michel Durand-Wood, chroniqueur pour La Liberté, observateur de la scène politique municipale et auteur du blogue Dear Winnipeg, valide l’ouverture aux piétons de Portage et Main, sixième carrefour le plus fréquenté de Winnipeg. « La membrane d’étanchéité qui protège le hall souterrain est à la fin de sa vie. Lors de grosses pluies, l’eau coule à l’intérieur du hall. En revanche, l’ouverture de l’intersection aux piétons à la surface et la fermeture du hall souterrain de façon permanente, non seulement coûterait beaucoup moins cher à la ville aujourd’hui, mais on épargnerait aussi des coûts substantiels futurs pour le maintien continu du hall et de la membrane. »
Le chroniqueur va même un peu plus loin et imagine les retombées positives d’une telle décision. « De la même façon que l’extension de routes encourage l’investissement dans l’étalement urbain, les projets qui priorisent le mouvement de piétons encouragent l’investissement dans le développement intercalaire. On peut donc dire que l’ouverture de Portage et Main aux piétons est un ingrédient nécessaire pour la construction de plus de logements au centre-ville, qui est une priorité depuis longtemps. »
Pour rappel, en 2018, à l’occasion des élections municipales, les Winnipégois avaient été invités à voter oui ou non à la question suivante : Êtes-vous favorable à l’ouverture de l’intersection Portage et Main aux piétons? Le non l’avait remporté à 65 % des voix.
Des retombées bénéfiques
Présent en ville ce 1er mars pour faire une annonce d’un investissement fédéral, Dan Vandal, conseiller municipal pour la circonscription de Saint-Boniface entre 1995 et 2004 et 2006 et 2014, a été interrogé à ce sujet. Le ministre fédéral soutient cette ouverture.
« J’ai été conseillé pendant un certain temps et j’ai longtemps plaidé en faveur de l’ouverture de Portage et Main, notamment dans les années 2013-2014 et même avant cela. Il s’agit là d’un exemple de bonne idée qui finit toujours par s’imposer. Il est évident que la fermeture du trafic piétonnier et le maintien de la vitalité du sous-sol posaient des problèmes. La COVID-19 a aussi vraiment mis à mal la voie piétonne souterraine et l’infrastructure coûte cher. C’est la bonne décision, et j’aurais aimé que nous le fassions il y a 15 ans. »
Des comptages récents montrent qu’environ 72 000 véhicules traversent le carrefour chaque jour de semaine, soit 10 % de moins qu’en 2016, selon les chiffres de la Ville. Aussi, des comptages en surface effectués à la mi-janvier 2024 ont révélé que plus de 1 500 personnes passent à proximité de l’intersection sur les trottoirs adjacents lors d’un jour de semaine hivernal typique.