Ils étaient une vingtaine réunie à l’Université de Saint-Boniface pour écouter l’autrice Anne-Marie Turcotte. Cette dernière vient de publier aux Éditions XYZ son premier roman La terre maternelle. Un roman qui mêle fiction et réalisme.
« Je suis entourée des gens que j’aime dans un endroit vraiment très prestigieux. Alors je suis très chanceuse. La personne que j’étais serait très fière de qui je suis devenue. C’est un grand moment. »
Il faut dire que son premier roman est le fruit d’une longue réflexion. Pas loin de 11 ans de maturation auront permis la création de ce romain du genre néoterroir. Anne-Marie Turcotte explique. « J’aimais les arts en général. J’ai essayé le théâtre, la peinture et plein d’autres choses. L’écriture, tu n’as pas la reconnaissance tout de suite. Mais j’ai découvert l’écriture assez tard dans ma vie, j’étais à l’université. C’est un cours de création qui m’y a amené. »
Comme tout auteur et autrice, Anne-Marie Turcotte s’est inspirée de ce qu’elle connaissait pour son premier livre. « Je viens de la région de Témiscouata au Québec dans le Bas-Saint-Laurent et je ne retrouvais pas dans les histoires. On est dans les terres et non sur le bord du fleuve. Donc les histoires des bateaux échoués, ça ne résonnait pas vraiment en moi. »
Réalisme magique
Si plusieurs éléments sont inspirés d’histoires qu’Anne-Marie Turcotte a entendu, elle tient bien à préciser. « Il y a beaucoup d’extrapolation. Certains personnages n’existent même pas. J’ai travaillé pour le musée du Témiscouata qui relate l’histoire de la région donc je me suis inspiré de certaines histoires. Mais j’ai vraiment joué sur la fiction.
« Le style de réalisme magique est celui qui m’offre le plus de liberté. On part d’une base vraie très intéressante et on extrapole en voyant où ça nous mène. Je donne un exemple qui se trouve dans le chapitre Brise-culottes. Il y a des maisons à Pohénégamook qui sont à cheval entre la frontière des États-Unis et du Canada, tout ça est vrai. Moi, j’ai fait en sorte qu’une madame accouche sur la ligne de la frontière, l’enfant à la double nationalité et il devient un contrebandier célèbre. Tout ça c’est de la fiction. »
Le livre est aussi rythmé par des notes de choses à faire, de narratifs. Un choix qui permet au lecteur de rester accroché. « J’aime qu’il y ait un rythme avec différentes voix. Ce sont des récits enchâssés. Les listes permettent de ramener le lecteur à un point de l’histoire. J’aime beaucoup faire des listes. Mon éditrice m’a conseillé d’en ajouter plus. »
Le lancement de ce premier roman a aussi été l’occasion pour Anne-Marie Turcotte d’annoncer la création d’un deuxième qui se déroulera à Saint-Boniface. En effet, l’autrice a déménagé il y a quatre ans maintenant en terre manitobaine. « J’écris quand je peux. Je travaille à côté. Je profite souvent de l’été pour écrire. J’ai commencé cinq chapitres et j’ai bon espoir de déposer mon roman dans deux ans. »
Contrairement à d’autres auteurs et autrices, Anne-Marie Turcotte n’a pas de problème de longueur. « Je suis une fille de bûcheron, je coupe, je coupe trop. Il faut que j’ajoute. D’ailleurs, dans La terre maternelle, il y a 3 000 mots de plus que ce que j’avais envoyé. »
Protéger le français
Même si originaire du Québec, Anne-Marie Turcotte a tenu à aborder la question de renforcement linguistique. « Ce n’est pas parce qu’on est en majorité que la langue est protégée. Lire et écrire sont les meilleures façons de faire vivre la langue. C’est important pour moi d’écrire dans la langue française, d’écrire en français et d’écouter de la musique en français. J’enseigne le français comme langue seconde. »
La maison d’édition XYZ avait initialement prévu un tirage de 1 200 copies. Cependant, toutes les copies ont déjà été précommandées. « Les librairies qui avaient des précommandes vont les recevoir. Mais sinon il va falloir attendre un nouveau tirage d’ici le 3 avril. Quand je l’ai su, je n’ai pas dormi de la nuit! Je me disais que c’était impossible qu’ils aient tout vendu. »