Ce projet est intitulé : Comparaison des perceptions de l’AAC en milieux minoritaire et majoritaire francophones au Canada.
Le projet d’étude de Geneviève Roy-Wsiaki et Marc Lanovaz vise d’abord à déterminer les perceptions vis-à-vis de l’Applied Behaviour Analysis ou analyse appliquée du comportement (AAC).
L’AAC est une approche qui fait partie des programmes d’intervention auprès des enfants autistes.
Il s’agira ensuite de déterminer quels sont les facteurs qui influencent le choix d’intervention des personnes concernées, à savoir les parents ou gardiens ayant un enfant autiste ou bien les adultes autistes. Geneviève Roy-Wsiaki cherche aussi à avoir les perspectives des professionnels en santé et en éducation qui accompagnent ces populations.
Comme l’explique l’universitaire, c’est une observation bien précise qui a motivé le lancement de cette recherche. « En analysant des données en ligne, mon collègue Marc Lanovaz, professeur titulaire à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal, a remarqué qu’il y avait beaucoup de fausses informations par rapport à l’AAC. »
Une observation en particulier est que les commentaires favorables à cette intervention comportementale comprennent généralement des informations qui sont exactes. À l’inverse, les commentaires réticents contiennent plutôt des informations qui sont erronées. Geneviève Roy-Wsiaki note également « depuis 2015, la perception de l’AAC est plus négative ». La question est donc de vérifier ce constat auprès de populations francophones au Canada, mais aussi de déterminer ce qui motive un parent ou une personne autiste à choisir, ou pas, une intervention comportementale et s’il existe un manque de ressources, en français, à propos de la méthode.
Qu’est-ce que l’AAC?
Il convient alors d’expliquer ce qu’est l’analyse appliquée du comportement.
« C’est une branche de la psychologie comportementale qui utilise des principes et des techniques comportementales visant à modifier le comportement, notamment pour renforcer certains comportements chez des individus », explique la professeure qui vulgarise ensuite la méthode avec un exemple.
« C’est comme si l’on ouvrait la porte pour quelqu’un qui a les mains pleines. Si cette personne nous remercie chaleureusement, il y a plus de chance que l’on souhaite aider quelqu’un d’autre la prochaine fois. » Un autre exemple que Geneviève Roy-Wsiaki mentionne se déroule dans une salle de classe, où l’on va récompenser le fait de lever la main avant de prendre la parole par exemple. « Ça s’appelle du renforcement ».
À l’inverse, il est aussi possible de réduire des comportements non désirés, à travers la punition par exemple. Mais pas seulement. « Dans une situation où une personne émet des comportements indésirables pour obtenir de l’attention, on peut aussi ignorer complètement les comportements indésirables et au contraire, donner beaucoup d’attention à un comportement que l’on souhaite voir. Mais il faut faire attention, car le choix des méthodes à employer dépend toujours du comportement et des circonstances actuelles. »
Un manque de ressources
L’étude se concentrera sur les populations francophones au Manitoba et au Québec, soit en situation minoritaire et majoritaire. Notons d’ailleurs qu’il s’agit de la première étude de ce genre, au Canada, à s’intéresser exclusivement aux populations francophones. « Ça va vraiment être intéressant de voir s’il y a des différences. Je ne peux pas encore y répondre, confie la chercheuse. Mais je pense qu’on part du principe qu’il est plus facile d’avoir des ressources en français au Québec ou en France.
« Pourtant, j’ai donné une conférence en France, et les professionnels disaient qu’il y avait un manque d’information et de ressources en français dans le domaine de l’autisme et de l’AAC. Ils utilisent donc des sources anglophones. »
Cela découle d’un certain nombre de choses. D’abord parce que l’anglais reste la langue principale dans le domaine de la recherche, et par conséquent : « il y a plus de revues scientifiques anglophones. Alors souvent les gens publient en anglais parce que cela permet de toucher un plus grand nombre de personnes. »
À travers cette étude, Geneviève Roy-Wsiaki se pose donc aussi la question de savoir « si l’on a besoin de plus de formations, de renseignements sur l’AAC. Cela va dépendre en grande partie de la perspective des gens. En fin de compte, je reste convaincue que les résultats montreront qu’il y a un besoin de ressources et de professionnels francophones. Il y a trop de défis d’accès pour avoir ces éléments dans la langue de son choix qui est le français. J’espère ensuite que l’on pourra avoir l’appui nécessaire pour y remédier. »
Vers la prochaine étape
Le projet d’étude n’en est pour l’instant qu’à ses balbutiements. Geneviève Roy-Wsiaki et Marc Lanovaz en sont pour le moment à la collecte de données, via notamment un sondage en ligne (1) et des entrevues. Mais le projet a d’ores et déjà reçu un financement de la part du Consortium national de formation en santé (CNFS) de 23 000 $, ainsi que de l’ACFAS, de 5 000 $. « Avec ce financement, je vais au Québec pour me rendre disponible pour ceux qui voudraient faire une entrevue en personne. Mais aussi pour travailler avec mon collègue sur nos analyses. On espère une synthèse des résultats à l’automne prochain et c’est après de voir quelles seraient les prochaines étapes. »
(1) Le sondage est accessible ici
Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté