Une première publication a déjà eu lieu à la fin de l’année 2023, cette dernière s’intitule Capacitisme. Et l’équipe de rédaction s’attelle déjà à la prochaine qui devrait sortir pour la fin d’année 2024.
Maria Fernanda Arentsen, professeure agrégée à l’Université de Saint-Boniface, est co-rédactrice en chef. Cette dernière est accompagnée par Gildas Brégain, rédacteur en chef et professeur à l’École des hautes études en santé publique en France, Carolina Ferrante de l’Université nationale de Quilmes en Argentine et de Valéria Aydos d’Unipampa au Brésil.
Cette publication est l’accomplissement de plusieurs années de travail et de collaboration comme l’explique Maria Fernanda Arentsen. « C’est un projet qui date de plusieurs années. Il a commencé, comme beaucoup d’autres, par une rencontre entre collègues plutôt informelle. Et puis par la suite, il y a eu plusieurs colloques sur le handicap, que ce soit à Paris, au Chili ou encore au Brésil.
Trois langues
« Dans ces colloques, les universitaires se réunissent pour discuter de leurs recherches. Mais outre discuter, il n’y avait pas de publication liée à ces discussions. On en parlait depuis des années. Et au colloque de Laval qui a eu lieu en pandémie, on a annoncé la création d’une entité morale pour de telles publications. Pour des simplicités administratives, nous nous sommes enregistrés à Paris. »
Cette revue scientifique est publiée dans trois langues : le français, l’espagnol et le portugais. Une particularité demande évidemment un travail supplémentaire pour les chercheurs. « Pour publier dans plusieurs langues, il faut un comité scientifique capable de lire dans deux des trois langues, il faut un comité de rédaction dans les trois langues. Toutes les rencontres doivent être traduites.
« Tous les articles doivent être lus par des membres de comité de relecture et des évaluateurs externes qui parlent les langues. C’est un beau défi avec des rencontres très riches et très productives. Mais c’est évidemment beaucoup de travail. »
De nouvelles perspectives
La réalité est que la traduction, ça ne s’improvise pas et est certainement la partie qui demande le plus de travail comme le souligne Maria Fernanda Arentsen. « Même si nous sommes tous des universitaires, dans la traduction, il faut prendre la réalité culturelle, économique et politique. Parce que nous n’avons pas les mêmes réalités entre l’Amérique du Nord, l’Amérique latine, la France etc. Il faut donc bien comprendre les enjeux liés à ces réalités pour bien traduire et refléter l’idée derrière chaque mot. »
Alors pourquoi ne pas choisir de publier dans la langue scientifique qu’est l’anglais? Et bien justement pour Maria Fernanda Arentsen, il doit y avoir des possibilités de faire connaître de nouvelles perspectives.
« L’idée derrière cette publication est aussi de trouver un chemin pour que les études sur le handicap soient indépendantes des publications anglophones. Il y en a beaucoup dans le contexte anglophone pour plusieurs raisons, dont la lutte pour les minorités visibles. Mais elles ne sont pas les seules.
« C’est aussi intéressant de faire connaître de nouvelles recherches sans passer par l’anglais. Je pense notamment à l’aspect sur les Premières Nations qui est développé en Amérique latine. C’est un aspect qui peut résonner davantage au Canada. »
Un premier numéro avec le thème le capacitistme
Dans cette première publication sur le Capacitisme, ce sont sept articles qui abordent cette notion de manière théorique ou empirique.
Dans le mot de l’équipe éditoriale, on peut lire « Nous espérons que cette publication constituera un espace commun non seulement pour rendre visibles les injustices qui affectent les personnes handicapées sous nos latitudes, mais surtout pour rendre évident le fait que le capacitisme est un régime qui crée ou détermine des « normalités » qui dévalorisent la condition humaine de tous celles et ceux qui échappent aux tyrannies de la perfection.
« En ce sens, nous espérons que cette revue pourra devenir une source de discours et de pratiques alternatifs, construisant un autre ou d’autres mondes possibles, où chacune et chacun est reconnu.e dans son caractère humain à part entière. »