Au moment de son établissement en 1963, la Bibliothèque régionale Jolys possedait deux succursales : une à Otterburne, fermée en 1975, et une à Saint-Malo, fermée en 2022.
La succursale de Saint- Malo a dû être fermée en raison d’un manque d’espace à l’École Saint-Malo School, gérée par la division scolaire Vallée de la Rivière-Rouge. Il y a quelques semaines, les résidents de Saint-Pierre-Jolys ont appris que la bibliothèque de Saint-Pierre-Jolys ne serait plus accessible en journée à partir de septembre.
Alison Palmer, résidente de Saint-Pierre-Jolys, a décidé d’agir en organisant la mobi- lisation autour des Amis de la Bibliothèque régionale Jolys. « À Saint-Malo aussi, il y a d’abord eu un problème d’accessibilité durant la journée, et ensuite en soirée, jusqu’à la fermeture définitive. Nous avons peur qu’il arrive la même chose à la bibliothèque de Saint-Pierre-Jolys, parce que l’école déborde. L’école a besoin de davantage de place. C’est le même cas de figure qu’à Saint-Malo. »
Silence électoral
La bibliothèque est rattachée à l’École Héritage Immersion School, également sous la gouverne de la division scolaire Vallée de la Rivière-Rouge. Depuis 70 ans une entente existe pour que la bibliothèque soit à la fois scolaire et publique.
Un état de fait qui ne rassure pas Alison Palmer. « Oui, c’est clairement quelque chose qui est en place depuis longtemps. Sauf qu’aujourd’hui, l’école a besoin de l’espace. Déjà il y a eu des formations pour avoir des bibliothèques dans les salles de classe.
« La bibliothèque appartient à la Province. Mais elle est gérée par la commission scolaire. »
En raison du silence électoral dû à l’élection partielle dans Tuxedo, la Province n’est pas en mesure de répondre à nos questions. Une déclaration à la teneur vague a cependant été fournie par un porte-parole : « Les ministres Altomare et Simard ont rencontré le conseil mercredi [5 juin] et l’ont encouragé à rechercher des solutions avec leur municipalité partenaire et leur conseil de bibliothèque commun, ainsi qu’avec la division scolaire Vallée de la Rivière-Rouge »
Alison Palmer souligne l’importance à plusieurs niveaux de cet édifice pour le village de Saint-Pierre-Jolys. « Il est question de laisser ouverte la bibliothèque, mais le soir seulement. Sauf que certains parents avec des nouveau-nés se rendent à la bibliothèque durant le jour pour des activités. Il y a d’ailleurs aussi des activités avec des aînés pendant la journée.
Un lieu de rassemblement
« Dans la bibliothèque il y a une estrade qui peut servir pour des représentations théâtrales. Il existe un partenariat avec la garderie, ainsi que deux soirées communautaires pendant la semaine. L’endroit est un carrefour pour la communauté. En plus, c’est une des seules choses qui est gratuite dans notre communauté. »
Avant de poursuivre son plaidoyer pour maintenir les services de bibliothèques, Alison Palmer veut clarifier un point. « Je tiens à être claire. Les citoyens mobilisés pour garder la bibliothèque ne dénigrent pas le travail de la division scolaire. Nous comprenons le besoin. Mais nous voulons trouver une autre solution. »
La porte-parole avance encore un argument à la fois historique et culturel : le bâtiment a été conçu par l’architecte de renom, Étienne Gaboury, qui avait « écrit une lettre pour expliquer la raison de la construction de cette structure. Je le cite : Qu’elle soit un phare communautaire pour les francophones du sud de la province ».
Parce qu’en effet, outre sa raison d’être socio-culturelle, la bibliothèque joue un rôle dans l’épanouissement de la francophonie de la région.
« Avoir une programmation en français, c’est tellement important pour entretenir la langue après l’école. On sait fort bien que la culture joue un rôle dans la construction identitaire. »
Alison Palmer
Une grande collection de livre en français
Alison Palmer explique : « Elle a l’une des plus grosses collections de livres en français dans la province. Il y a deux écoles à Saint-Pierre-Jolys : celle de la division scolaire franco-manitobaine et celle de la division scolaire Vallée de la Rivière-Rouge. La bibliothèque dessert Saint- Malo, Otterburne, Kleefeld, et tous les autres francophones de la région.
« De plus, la bibliothécaire est bilingue. Si bien qu’elle assure des animations en fran- çais et en anglais. Avoir une programmation en français, c’est tellement important pour entretenir la langue après l’école. On sait fort bien que la culture joue un rôle dans la construction identitaire. »
Argument ultime : si la Bibliothèque régionale Jolys venait à fermer, il ne resterait plus aucune bibliothèque publique dans la région. C’est pour cette raison capitale que les Amis de la Bibliothèque régionale Jolys demandent « que le Village puisse gérer la bibliothèque plutôt que la division scolaire. Les élus sont d’accord ».
De fait, Raymond Maynard, le maire de Saint-Pierre-Jolys, assure que « si on obtient la gestion de ce bâtiment, nous pourrons décider de le garder pour le bénéfice de la communauté. Après tout, ce bâtiment a été construit pour la communauté par Étienne Gaboury.
« Quand on parle de l’attractivité qu’exerce un village, on pense justement à des places comme celle-là. Nous en avons besoin pour attirer les gens chez nous et pour garder ceux qui vivent déjà chez nous. »
Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté