Jaime Black-Morsette présente She Holds Ground jusqu’au 27 juillet. C’est le résultat d’une résidence artistique effectuée au sein des mêmes lieux. 

Jaime Black-Morsette a commencé à exposer en 2009, grâce à son REDress Project. L’œuvre est dédiée aux filles, femmes et personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées. L’installation a été montée dans plusieurs galeries à travers le pays, de même qu’aux États-Unis. Forte de son succès, l’artiste a continué de se consacrer à sa pratique à Winnipeg, sa ville natale. 

« Maintenant, je travaille beaucoup plus à la maison. J’aime m’enraciner et me connecter davantage à ma terre, car j’ai beaucoup voyagé avec le projet REDress.

Sur la terre de ses ancêtres

Ma pratique artistique s’ancre beaucoup plus dans ma région, dans la terre natale de ma famille. C’est à ce besoin d’enracinement que je pensais pour cette nouvelle exposition.

« C’est vraiment spécial de se pencher sur la terre d’où viennent mes ancêtres, juste à côté de la rivière Rouge, là où se trouve l’histoire de ma famille. Cette exposition porte vraiment sur mon désir de creuser mes racines et de réfléchir à mon histoire, à l’identité de cette terre sur laquelle nous marchons. »

L’identité, la terre : voilà quelques préoccupations qu’il est possible de discerner dans la nouvelle exposition de Jaime Black-Morsette. « Dans mon œuvre She Holds Ground, je mêle les thèmes de l’identité et du pouvoir des femmes dans leur rôle de gardiennes de la mémoire familiale et culturelle.

« Le concept entier de l’installation se résume à dépeindre l’expérience des femmes à l’avant-garde de tous ces combats pour protéger les droits des femmes et, plus largement encore, le droit de la famille. »

Une exploration

Pour faire transparaître cette volonté, Jaime Black-Morsette utilise différents médias, qui lui permettent d’explorer ces questions. « Une des pièces présentées dans la galerie est une ceinture fléchée métisse. En travaillant dans le studio, je me suis employée à la défaire méticuleusement, fil par fil. 

« Par ce processus, je décortique mon histoire. Symboliquement je défais les torts qui ont été causés et je m’efforce de comprendre comment tout ça a été tissé ensemble. »

Comme pour REDress Project, She Holds Ground reste autant politique que personnel. Son travail reflète une profonde connexion avec les luttes historiques et contemporaines des Métis de la Rivière-Rouge. 

C’est pourquoi les pièces créées ne sont pas seulement des expressions artistiques. Mais aussi des commentaires sur les politiques qui ont affecté et continuent d’affecter les peuples autochtones. Jaime Black-Morsette s’explique : « Dans l’exposition, je montre le scrip de ma famille, qui est essentiellement un bon foncier. 

« Dans les années 1870, le gouvernement fédéral avait établi ce programme pour donner des terres aux Métis, comme c’était prévu dans la Loi sur le Manitoba. En échange de ce bon foncier, beaucoup ont quitté leur terre natale de la Rivière-Rouge.

« Cette politique mise en place y a plus de 150 ans a encore des répercussions aujourd’hui. En effet, pour pouvoir s’identifier en tant que Métis, notre famille doit prouver qu’un de nos ancêtres a reçu un scrip. »

Une certaine conception de l’art lie intimement la politique et la critique de la politique. Jaime Black-Morsette s’inscrit dans ce courant. « Comme femme autochtone métisse, l’histoire de cette terre est extrêmement politique. Il s’agit vraiment de réfléchir à la façon dont ces comportements du passé affectent encore nos vies, nos relations et notre identité jusqu’à aujourd’hui. 

« Je ressens une responsabilité de partager la vérité sur l’histoire de cette terre et de son peuple. Et aussi de faire écho aux luttes qui continuent de se dérouler dans les communautés autochtones et métisses à cause du passé. »