Une inquiétude compréhensible à la lumière des principales composantes de notre économie. 

Justement, Statistique Canada a publié fin février les données de l’économie pour la période allant de 1961 à 2023.  J’ai examiné en particulier l’évolution des composantes de la demande globale. À savoir la consommation des ménages, les dépenses et investissements du gouvernement fédéral, les investissements des entreprises, les exportations et les importations.

J’ai subdivisé les données en trois périodes : 1961-1991, 1991-2008 et 2008-2023. Un premier constat saute aux yeux : la croissance économique est passée de 3,7 % pour la période 1961-1991 à 2,9 % pour la période 1991-2008 et à 1,6 % pour la période 2008-2023. Comment cette diminution de la croissance s’est-elle produite?

La consommation des ménages

La consommation des ménages représente tous nos achats de biens et services. Elle a diminué de 3,6 % durant la période 1961-1991 à 2,0 % durant la période 2008-2023. Tout de même, la part de la consommation est passée de 50 % du Produit intérieur brut (PIB) durant les périodes 1961-1991 et 1991-2008 à 55 % durant la période 2008-2023. 

Les dépenses du gouvernement fédéral

On observe une décroissance des dépenses du gouvernement fédéral entre la première décennie et les dernières décennies. La part de sa contribution au PIB a diminué de 27 % à 21 %. En clair : moins de fonds sont consacrés à la santé, à l’éducation et aux autres dépenses publiques alors que pourtant la population augmente et vieillit.

Les investissements 

La croissance des investissements est passée de 4,2 % entre 1961-1991 à 4,3 % pendant la période de 1991-2008. Mais elle a diminué à 0,5 % entre 2008 et 2023. Cette diminution est très significative parce que l’investissement est un important levier pour maintenir à jour le capital, qui est un facteur important pour la production. 

Les exportations

Le Canada est un pays exportateur. Les ententes de libre-échange ont joué un grand rôle pour augmenter les exportations. Et n’oublions pas l’émergence de la Chine au début des années 2000. C’est pourquoi la part des exportations canadiennes a augmenté de 27 % durant les années 1970 à 31 % en 2023.

Les importations

La part des importations est passée de 15 % dans les années 1960 à 34 % en 2023. Le phénomène a contribué à la consommation, mais aussi à la diminution de la production. Évidemment, l’écart entre les importations et les exportations contribue à augmenter le déficit de la balance commerciale, ce qui pour conséquence d’affaiblir le dollar canadien.

Les prix

Des mesures prises au début des années 2000 par la Chine pour capter davantage du marché mondial des biens en maintenant les prix bas a aussi participé à la faible croissance des prix des produits importés. Ce développement a contribué à la demande des biens et services importés. Notons que les prix liés aux dépenses du gouvernement augmentent plus vite que la moyenne du PIB, ce qui contribue en partie aux déficits que connaissent les différents paliers gouvernementaux.

Et maintenant la grosse question

Le ralentissement de l’engagement financier du gouvernement fédéral et des investissements en général nous affecte énormément. À ce stade, la grosse question qui s’impose est la suivante : face à une population grandissante et vieillissante, le Canada pourra-t-il développer des moyens pour améliorer la productivité et générer de la croissance économique tout en tenant compte de ses responsabilités sociales reliées à la transition énergétique? La question reste ouverte.