Alors que le village de La Broquerie célébrait la traditionnelleSaint-Jean-Baptiste, un terrible accident a coûté la vie à Ida St-Vincent, une résidente de Saint-Boniface âgée de 78 ans, bien connue dans la communauté franco-manitobaine. Elle avait d’ailleurs reçu cette année le capo honorifique du Festival du Voyageur

Alors qu’elle traversait le passage à niveau situé sur la rue principale, elle a été percutée par un train.

Près d’une semaine après l’accident, Ivan Normandeau, préfet de la municipalité rurale de La Broquerie, estime, non sans une certaine réserve, que le village « va mieux »

Les circonstances de cet accident

« En raison de la parade, beaucoup de personnes ont vu ce qu’il s’est passé. Notamment des enfants. Mais il y a eu beaucoup de soutien de la part des autorités scolaires pour s’assurer qu’il y avait du monde pour prendre soin de la santé psychologique des jeunes. »

Au lendemain de l’accident, une messe a été dite à la paroisse Saint-Joachim en hommage à la victime et par respect pour sa famille. Une autre messe a été célébrée le 29 juin en la Cathédrale de Saint-Boniface.

Si les circonstances qui entourent l’accident ne pourront jamais être définies avec exactitude, il s’agit pour Ivan Normandeau d’un accident aux conséquences douloureuses, qui cependant reste exceptionnel. « Parfois, les gens ne réalisent pas que le train s’en vient si vite. Il y avait beaucoup de bruit là où se trouvait le couple St-Vincent. C’est un couple âgé. Parfois à leur âge, on ne fait pas autant attention. »

L’hypothèse circule que le bruit des cloches du passage à niveau aurait peut-être été noyé dans le brouhaha environnant occasionné par les festivités. L’œil humide, Ivan Normandeau, ne peut que reconnaître : « C’est un accident ».

L’élu municipal tient à remercier chaleureusement les pompiers, les volontaires et les familles qui sont intervenus ce jour-là. « Les gens pensaient passer une après-midi avec leurs enfants. Ils ont aidé sans hésiter. Je souhaite leur adresser un gros merci de notre part. »

Quelles sont les règles?

Il convient malgré tout de s’interroger sur l’aspect sécuritaire de ces passages à niveau, notamment sur la réglementation qui entoure la circulation des trains au Canada. La Liberté a souhaité s’entretenir avec un représentant du CN. Une porte-parole de la compagnie nous a alors redirigé vers Transports Canada, en indiquant que c’est ce ministère qui a la charge des règlements entourant les voies ferrées. La porte-parole n’a pas été en mesure de nous préciser quelles étaient les limites de vitesse des trains dans une agglomération.

De son côté, Transports Canada a présenté ses condoléances aux personnes touchées. Puis a fait par écrit la déclaration suivante :

« Le Règlement sur les passages à niveau établit les normes de sécurité qui régissent la conception, la construction et l’exploitation des passages à niveau. Les compagnies de chemin de fer et les autorités responsables du service de voirie (provinces, municipalités et conseils de bande) sont tenues de mettre en place les mesures de sécurité nécessaires, qui peuvent varier d’un passage à niveau à l’autre, selon les circonstances. »

Concernant la vitesse de circulation des trains, le règlement fait mention de plusieurs limites, sans toutefois préciser le contexte dans lequel elles s’appliquent : 97 km/h, 17 km/h, 41 hm/h et 49 km/h.

Alors que le Canada compte quelque 40 000 passages à niveau, il faut comprendre que la règlementation fonctionne au cas par cas.

À La Broquerie, les résidents savent essentiellement à quoi s’attendre, comme l’indique Ivan Normandeau : « Un train passe toutes les 20-25 minutes. Quand ils arrivent de Winnipeg et qu’ils sont pleins, ils roulent moins vite, à environ 60 km/h. Mais lorsqu’ils viennent du sud et qu’ils sont vides, ils passent à près de 100 km/h. »

Pas de changements à l’horizon

Le préfet note que le passage à niveau qui se trouve à la jonction de la rue Principale et la rue Gauthier a été construit par le CN. Il est muni de bras de protection au niveau de la chaussée, de feux de signalisation, mais pas de bras de protection au niveau des trottoirs. « S’ils (le CN) devaient ajouter des bras de protections pour les piétons, ça se ferait à leurs frais. »

Pour sa part, Ivan Normandeau est catégorique : la municipalité n’a pas l’intention de contacter le CN pour faire changer quoi que ce soit aux dispositifs d’avertissement du passage à niveau. L’élu souligne que le passage est là depuis des années et que les résidents de La Broquerie sont habitués, qu’ils sont conscients que des trains passent régulièrement.

Chaque année au Manitoba, une vingtaine d’incidents ont lieu sur des passages à niveau. À l’échelle nationale, sur les dix dernières années, on en recense 1 609, soit environ 200 par année.

Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté