C’est dire l’importance qu’à à ses yeux l’organisme qui l’a vu grandir et évoluer pour devenir la personne qu’elle est aujourd’hui. 

Roxane Dupuis n’hésite pas à partager un moment clé. « Dès mes premières interactions avec le CJP, j’ai ressenti un déclic. J’avais le sentiment que cet organisme était comme une deuxième maison pour moi. J’ai grandi dans ce réseau, j’ai appris à me connaître et à connaître la communauté francophone. À la fin des années 1990, j’ai siégé au CA en tant que présidente pendant deux ans.

« Ça a été tellement bénéfique pour moi que lorsque j’ai débuté ma carrière professionnelle, j’ai voulu continuer à contribuer au CJP à un autre niveau. Car après l’âge de 25 ans, on ne peut plus faire partie du CA. Alors j’ai pris le poste de coordonnatrice de projets. »

Rolande Kirouac, alors la directrice générale, a vu en Roxane Dupuis la personne idéale pour lui succéder. « Rolande avait déjà planifié son départ et souhaitait assurer une transition en me formant. J’ai, par la suite, fait la demande pour le poste, et le CA me l’a offert. »

Les années 2000 ont marqué une transition pour le CJP, concrétisée par une ouverture aux jeunes issus des écoles d’immersion. « Le CA de l’époque avait compris que ces jeunes étaient des voisins, pas des étrangers, et que nous avions la responsabilité de les inclure. Nous avons donc élargi notre programmation pour les intégrer. Une ouverture qui n’a pas toujours été bien accueillie. De nos jours, on parle beaucoup d’agrandissement de l’espace francophone, d’inclusion. Au début des années 2000, l’avenir était encore très axé sur les Franco-Manitobains.

« Le CJP souhaitait ne plus parler de jeunes franco-manitobains, mais de jeunes d’expression française. Il s’agissait d’œuvrer en faveur d’une mission plus inclusive. On ne voulait pas catégoriser les jeunes, mais plutôt élargir la clientèle pour envelopper tous ceux qui se reconnaissaient dans cette définition. Cette approche a changé le CJP de manière significative. Suite à cette décision, le CJP a commencé à obtenir une participation accrue des élèves provenant de l’immersion. »

La Furie, un rassemblement pour tous

Pour favoriser cette inclusion, le CJP a lancé un projet pilote, dans le prolongement des rassemblements annuels d’automne de la jeunesse francophone : La Furie (2011 à 2014). « Les écoles d’immersion ont répondu massivement. Comme il était difficile d’organiser cet évènement pour des jeunes provenant de l’immersion et de la DSFM sur des journées différentes, on a pris la décision stratégique de ne faire qu’un seul rassemblement et d’inviter tout le monde. »

Roxane Dupuis souligne que le CJP existe avant tout par et pour les jeunes, mais que la mission de l’organisme va néanmoins au-delà de la jeunesse.  « Dans ces années-là, on essayait de faire beaucoup de sensibilisation auprès des autres organismes pour qu’eux aussi développent des initiatives dans l’esprit du par et pour les jeunes. L’idée était de placer les jeunes au premier rang et de les outiller pour qu’ils prennent leur juste place. Ce n’est pas forcément simple pour quelqu’un de 18 ans de prendre la parole au sein de sa communauté. »

C’est pourquoi Roxane Dupuis a pris son rôle de soutien à la jeunesse à cœur. « J’ai vraiment vu mon travail comme une exigence d’outiller et de former les jeunes pour qu’ils expriment leur voix au sein de la communauté. Certains présidents qui siégeaient au CA dans ces années-là sont d’ailleurs maintenant eux-mêmes à la tête de direction d’organismes. 

« Je pense à l’un de mes premiers présidents, Jean-Michel Beaudry, qui est directeur général adjoint de la Société de la francophonie manitobaine. Ou encore à Justin Johnson, qui est Chef de la direction à l’Association des municipalités bilingues du Manitoba. J’ose croire et espérer que leur parcours au CJP a été formateur. »

Une expérience concrète

Le CJP a aussi permis à Roxane Dupuis de s’épanouir au sein de sa communauté. « Cet organisme m’a apporté des expériences que je n’aurais jamais imaginé pouvoir vivre, des amitiés, des expériences personnelles et professionnelles. 

« En 2003, j’avais 28 ans, j’étais encore assez naïve. En travaillant dans un tel organisme, tu touches un peu à tout. On plaisante souvent en se disant que la précision et toute autre tâche connexe dans notre contrat, c’est le point qui nous sauve, parce qu’on se retrouve à faire toutes sortes d’affaires ! (rires)

« À certains moments, je me suis même dit : Je suis folle, mais je me fais payer pour faire ça et c’est du pur plaisir. Le CJP a été une découverte, puis l’inestimable possibilité d’apprécier la communauté, dans un sens très large. »

Si l’ancienne directrice générale avait un conseil à offrir aux responsables du CJP, ce serait celui de continuer à innover. « Il ne faut pas hésiter à sortir des sentiers battus, à essayer des choses. Il ne faut pas avoir peur de faire des changements. »