Les cas de méningococcie invasive au Manitoba sont en hausse cette année. Sans être alarmant, le nombre de cas est tout de même plus de deux fois supérieur aux années précédentes. Le site internet de
Santé Manitoba, mis à jour tous les vendredis depuis la détection des premiers cas en décembre 2023, fait état de 19 cas en date du 21 juin 2024, dont un décès. « D’ordinaire, six cas sont recensés par année » est-il possible de lire sur la page du gouvernement provincial.

La méningococcie invasive est une infection causée par la bactérie neisseria meningitidis à l’origine de certaines maladies graves, notamment la méningite.

« C’est une maladie assez dangereuse, qui peut aller jusqu’à provoquer la mort », indique Mathias Oulé, microbiologiste et professeur à l’Université de Saint-Boniface.

« Cette bactérie va infecter les tissus qui entourent le cerveau et la moelle épinière (méninges). Ces organes sont entourés par le liquide céphalo-rachidien. S’il est infecté alors il y a inflammation de la méninge. » Le microbiologiste indique ensuite que cette inflammation peut être à l’origine d’autres maladies, comme la septicémie.

La septicémie est une réaction grave du corps à une infection bactérienne du système sanguin. Elle peut notamment entraîner la défaillance de certains organes vitaux. La situation est donc à prendre au sérieux. C’est ce que font les autorités sanitaires de la Province. Mathias Oulé indique d’ailleurs que la méningite est une maladie « à déclaration obligatoire ».

Cela concerne toutes les maladies à potentiel épidémique. C’est-à-dire que lorsqu’une personne est positive à la méningite, les agents de la santé publique lui demanderont une liste des personnes avec qui elle a été en contact. Par souci de prévention.

la prévention comme meilleure défense

Les raisons précises derrière l’augmentation des cas au Manitoba restent encore à être définies. En sa qualité de microbiologiste, Mathias Oulé apporte tout de même un début de réponse. « La transmission se fait à travers les sécrétions biologiques, la salive ou la transpiration par exemple. Il faut aussi souligner qu’environ 10 % de la population est porteuse de la bactérie sans le savoir. »

L’expert fait aussi valoir que le déplacement des populations facilite la transmission de la maladie. Même si la bactérie peut être traitée à l’aide d’antibiotique, 10 % des infections méningococciques sont létales.

D’autre part, 20 % des gens peuvent souffrir de lésions cérébrales permanentes. Il est donc impératif de consulter un médecin rapidement. « Si on attend que la maladie prenne de la force, ça peut donner des cas très graves », met en garde Mathias Oulé qui souligne que les symptômes d’une méningite « ressemblent généralement à ceux d’autres infections ».

Entre autres, de forts maux de tête, des vomissements, des courbatures, de la fatigue, une sensibilité à la lumière. Et dans les cas les plus sévères, des éruptions cutanées.

Le meilleur moyen de lutter contre la maladie reste donc la prévention. C’est également ce que prêche le microbiologiste. « La meilleure façon de réduire le nombre de cas est d’encourager les mesures préventives et la vaccination. » La méningococcie invasive peut provenir de plusieurs souches, au Manitoba par exemple, c’est la souche W qui sévit le plus.

« Cette souche-là est couverte par le vaccin. » Mathias Oulé rappelle au passage qu’il n’est jamais trop tard pour se faire vacciner.

Quant aux autres précautions qui peuvent être prises, elles relèvent principalement de l’hygiène : se laver régulièrement les mains, éviter de partager ses bouteilles d’eau, ses couverts, et se couvrir le nez et la bouche lorsque l’on tousse ou éternue.

Petit rappel concernant le vaccin

Initialement très efficaces, les vaccins contre le méningocoque perdent en efficacité avec le temps. Il
est donc recommandé de faire des rappels. Tous les trois à cinq ans pour les personnes ayant été
vacciné à l’âge de six ans ou moins. Tous les cinq ans, pour les personnes ayant été
vaccinées à l’âge de sept ans ou plus. Si l’on parle de vaccins, au pluriel, c’est qu’il existe
plusieurs souches de bactéries méningococciques. Les souches les plus répandues sont au nombre de
cinq : A, B, C, Y et W.

Au Manitoba, depuis le 1er mars 2024, le vaccin recommandé pour les nourrissons de 12 mois est le vaccin Men-C-ACYW qui combat quatre des cinq souches du virus. Le même vaccin est recommandé aux adolescents et jeunes adultes en bonne santé ainsi qu’aux personnes jugées « à risque » (personnes présentant un déficit immunitaire).

Pour en savoir plus sur les vaccins contre la méningococcie offerts au Manitoba et les critères
d’admissibilité, consultez les critères d’admissibilité aux vaccins du programme public de vaccination de la province au www.gov.mb.ca/health/publichealth/cdc/vaccineeligibility.fr.html