En 2019, Marie-France Bertaud, de son nom de plume Marie-France Desmaray, présentait Les Amants de la Rivière-Rouge, publié aux Presses de la Cité. Un concours de hasards a fait en sorte que la romancière, originaire de l’Ouest de la France, s’est retrouvée à écrire sur le Manitoba, un monde qu’elle ne connaissait pas.

Prise de passion pour l’histoire de la province, c’est finalement une trilogie qu’elle a livrée au public. En 2022 a été publié Le Tourbillon des illusions puis La Délicatesse du bonheur en 2023.

À Saint-Claude et à Saint-Laurent

Pour ses trois livres, Marie-France Bertaud a dû faire un imposant travail éditorial. Livres, biographie, internet, témoignages de résidents manitobains ou encore les archives de La Liberté : autant de sources auxquelles a puisé l’écrivaine pour mieux connaître la vie manitobaine.

« Au début, je voulais tellement raconter toute l’histoire du Manitoba que j’avais mis plein de choses. Trop. Il m’a fallu faire des choix. »

L’un des choix clés a été le lieu d’arrivée de son personnage principal, Louise. Au début des années 1920, la jeune fille, âgée d’une

quinzaine d’années, est enceinte. N’assumant pas cette grossesse auprès de sa famille, Louise quitte d’abord la Vendée, une région de l’Ouest de la France, pour la Charente, un peu plus au sud.

Et quelques années plus tard, avec sa fille Rose, une autre aventure, cette fois outre- Atlantique, l’attendait. « Je ne savais pas où situer l’arrivée de Louise au Manitoba. C’était à un moment où je ne trouvais pas d’ouvrage en France sur le Manitoba de cette époque. »

En tombant, encore par hasard, sur une publicité de l’office du tourisme de Saint-Claude, c’est finalement dans ce village que se passe une partie de l’intrigue de ses livres.

Un voyage qui conforte certaines idées

Après presque une dizaine d’années à travailler sur le sujet, à compter du début de ses recherches jusqu’à la publication de son der- nier ouvrage, Marie-France Bertaud, venue avec quelques amis, a enfin pu voir de ses yeux le Manitoba.

« Il y a plusieurs fois où j’aurais dû venir. Mais ça n’a pas fonctionné. La dernière fois à cause de la COVID-19. J’avais même mes billets. Je désespérais un peu. Et puis là, ça s’est fait. Et c’est génial! Partout où je suis allée, j’ai été très bien reçue. »

Dans le dernier tome de la trilogie, une partie de l’action se déroule à Saint- Laurent. Un lieu qu’elle a aussi pu découvrir pendant son voyage. « À ce moment du livre, on est dans une période plus contemporaine, c’était plus facile pour trou- ver des informations et des personnes. »

Si elle savait quand même à quoi s’attendre en venant sur place, elle ne regrette en rien son voyage. Sur plusieurs points, ce qu’elle a imaginé était très proche de ce qu’elle a présenté dans ses livres. « Saint-Laurent a été un passage émouvant à écrire. Justine, l’un des personnages, vivait dans une cabane au bord du lac et je m’aperçois, sans avoir connu l’endroit physiquement, qu’il y avait bien une réalité

derrière mes images, parce qu’il y a beaucoup de cabanes. J’avais peur que ce ne soit pas forcément réel. Mais finalement, ça correspondait bien à ce que j’avais pu imaginer, à quelques détails près. »

L’imagination comme guide

Sans vraiment le vouloir, Marie-France Bertaud a développé cette spécialité d’écrire sur des lieux qu’elle ne connaît pas. Récemment elle a travaillé sur un livre qui se passe en Irlande. « C’est vrai qu’on devrait faire le contraire. Mais au bout du compte je m’aperçois que découvrir un pays, une région, une province à travers des cartes, grâce à des plans, des images d’ouvrages déjà

écrits sur le sujet, ça éveille l’imagination. »

Par ses livres, Marie-France Bertaud se veut aussi être une porte-parole du Manitoba au Québec, où elle a beaucoup de lecteurs, ainsi qu’en France. « J’ai été contente de recevoir un petit mot du président du Conseil départemental de la Vendée. Parce qu’il me remerciait de parler de la Vendée au Manitoba. Pour leur part les Manitobains sont heureux qu’on parle d’eux en France, qu’on fasse connaître la francophonie ailleurs que celle du Québec. En plus, ça fait parler de la langue française, dont on sait les difficultés à parfois la faire exister dans certains coins de pays. »