Pour espérer devenir un « artiste d’élite », il a décidé de partir à Montréal pour développer ses aptitudes professionnelles. 

Autant excitante que stressante : voilà comment définir le mieux la période dans laquelle se trouve Alexandre Tétrault. À 21 ans, le jeune musicien se trouve à un carrefour de sa carrière. 

Soit il reste au Manitoba et vit confortablement de sa musique grâce aux spectacles qu’il donne. Soit il tente une aventure qui comporte certains risques, mais qui peut lui ouvrir les portes d’une plus grande carrière. 

« Si je reste au Manitoba, je ne prendrais jamais le temps d’apprendre d’autres dimensions de mon métier. Je serais trop occupé par les projets ici. C’est pour ça que je cherche à quitter mon réseau et à me donner cette liberté de retourner aux études et d’apprendre des compétences qui vont me servir. 

« C’est repartir à zéro. Il y a une partie de moi qui n’a vraiment pas hâte. Mais je sais de tout mon coeur que j’ai pris la bonne décision. » 

« Mes racines sont ici, ma famille aussi. Ça fait des générations que nous sommes là, que nous jouons un rôle important dans la survie de notre communauté et notre culture. J’ai aussi ma part à donner. Je vais aller faire ce que je dois faire, mais dans 5, 10 ou 15 ans, les chances sont bonnes que je reviens faire ma vie au Manitoba. » 

Alexandre Tétrault

La science de la musique 

À la rentrée, pendant un an et à raison de plusieurs heures par jour, Douzie se retrouvera dans les studios de l’Institut d’enregistrement du Canada. « C’est un programme spécialisé. Une option est proposée à Toronto, une autre à Montréal. Tous les termes techniques liés au vocabulaire du son seront en anglais. Mais l’apprentissage se fera en français. Venant d’un milieu francophone minoritaire, c’était pour moi une décision d’apprentissage très importante. » 

L’artiste originaire de Lorette esquisse quelques détails touchant sa future formation. « Je vais apprendre le sound engineering (ingénierie du son). C’est le domaine de l’audio. Je fais déjà de la production musicale. Mais pour présenter un produit fini, le travail ne s’arrête pas là. 

« Il y a aussi le mixing (mixage) et le mastering (mastérisation). Pour ces deux étapes, ça prend un ingénieur du son, qui s’assure que toute la science derrière le son fonctionne avec l’idée que ça sonne de manière professionnelle. Autrement dit que la pièce musicale rentre dans certains standards, pour passer à la radio, par exemple. C’est un domaine dans lequel j’ai peu d’expérience et que je veux approfondir. » 

Des différences qui rendent unique 

La classe d’Alexandre Tétrault devrait être composée d’une dizaine d’élèves qui viennent du Québec et de l’international. Lui qui pratique le violon depuis l’âge de trois ans espère apporter une contribution par sa culture et son originalité. 

Une ambition légitime. Au Manitoba, Douzie est reconnu pour mélanger les sons traditionnels du violon avec de la musique électronique beaucoup plus moderne. 

« Le violon est aussi populaire au Québec. Je ne sais pas s’il l’est à Montréal, mais dans les villages, oui. J’ai hâte d’explorer ce monde-là et y ajouter ma saveur. Comme métis, j’aurais peut-être aussi plus d’opportunités. Au Québec, il y a moins d’artistes établis qui s’identifient métis. Alors je vais peut-être remplir un besoin. 

« J’ai déjà un bon réseau dans l’Ouest, mais dans l’Est, tout est à construire pour moi. J’ai confiance de pouvoir trouver ma valeur à Montréal et être capable d’embarquer dans toutes sortes de projets. » 

Son départ, inéluctable pour s’améliorer en tant qu’artiste, Alexandre Tétrault ne le vit pas comme définitif. Après son année d’étude, le violoneux n’a pas encore de plan précis. Sa vie toutefois ne se fera jamais très loin du Manitoba. « Mes racines sont ici, ma famille aussi. Ça fait des générations que nous sommes là, que nous jouons un rôle important dans la survie de notre communauté et notre culture. J’ai aussi ma part à donner. 

« Je vais aller faire ce que je dois faire. Mais dans 5, 10 ou 15 ans, les chances sont bonnes que je revienne faire ma vie au Manitoba. J’espère aussi, dans quelques années, avoir le privilège de jouer sur des estrades devant des milliers de personnes. » 

Le Manitoba n’est jamais loin 

Pour l’heure, Alexandre Tétrault s’appuie sur son envie d’indépendance et sa volonté de sortir de sa zone de confort manitobaine. « On a une grande famille et on vit tous sous le même toit. C’est le temps d’un changement. Ça me permettra aussi de reconnecter avec des gens de mon âge. 

« L’année avec TiBert, pour notre duo TiBert et Douzie, nous avons fait des spectacles pour un public scolaire. Le reste du temps, j’ai joué avec une pianiste de 86 ans. Il y a donc aussi un manque à ce niveau-là. L’aventure dans laquelle je m’engage me permettra également de mieux me connaître, loin de certains enjeux auxquels je suis bien sûr fier d’avoir contribué. »

Où joue Douzie cet été? 

Alors qu’il a déjà beaucoup performé depuis le début de l’année, Alexandre Tétrault a encore quelques spectacles à présenter cet été. Si peu de représentations sont programmées au Manitoba, l’artiste sera présent dans d’autres provinces. 

« J’ai déjà fait près de 250 présentations, performances ou encore ateliers cette année. J’ai vécu des mois chargés. Ça a été très exigeant. Il faut dire que je refuse très rarement de participer à des évènements. Là, je viens de terminer ma résidence de DJ au Patio 340 du Centre culturel franco-manitobain. Puis, avec TiBert, nous avons participé au Festival fransaskois du 5 au 7 juillet. » 

Douzie va jouer au Saskatoon Folkfest, qui se tiendra du 15 au 17 août. « Je l’avais fait l’an dernier, c’était vraiment le fun! » 

À Toronto, Douzie sera présent pour le Family Fest le 13 juillet. « Ça sera une performance d’une trentaine de minutes. Je vais commencer avec de la musique traditionnelle, puis de la musique électronique et je vais finir en montrant mon projet qui allie les deux. » 

Enfin, le 9 août, Alexandre Tétrault sera finalement en spectacle au Manitoba aux Folies Grenouilles à Saint-Pierre-Jolys.