Par Raymond Clément.
Mais attention aux sondages. En 2016, ils donnaient largement la victoire à la candidate démocrate Hilary Clinton. Et on sait trop bien qui a gagné.
Cette élection présidentielle est spéciale à plusieurs égards. Les deux plus vieux candidats de l’histoire se font face. C’est aussi la première fois qu’un ancien président se présente contre un président en poste.
Le professeur d’économie Ray Fair, de l’Université Yale, estime que les médias et les experts accordent beaucoup trop d’importance aux sondages et pas assez de considération aux variables qui motivent les électeurs à voter pour un candidat.
Ray Fair a examiné les données économiques et les résultats des élections présidentielles de 1916 jusqu’à nos jours. Voici à son avis les variables importantes qui motivent les électeurs américains.
Première variable : est-ce que le président se représente?
En 2024, le président en poste se représente. Voilà un atout positif pour le candidat démocrate.
Deuxième variable : depuis combien de temps le parti est-il au pouvoir?
Il y a un impact négatif sur le vote si le parti est au pouvoir au-delà de deux mandats. Le parti démocrate est au pouvoir depuis seulement un mandat. Voilà un avantage pour le candidat démocrate.
Troisième variable : le représentant républicain
Le modèle de Ray Fair accorde un avantage automatique au représentant du parti républicain.
Quatrième variable : l’économie
En 1992, Bill Clinton avait déclaré pendant la campagne électorale : C’est l’économie qui compte! (It’s the economy, stupid!). Le modèle de Ray Fair semble lui avoir donné raison. L’ancien gouverneur de l’Arkansas est devenu président alors que le président sortant George H. W. Bush avait été au pouvoir durant juste un mandat.
L’inflation joue aussi un rôle. Présentement, elle perdure à un niveau élevé depuis le 2e trimestre 2021. Bien qu’elle diminue lentement depuis le 2e trimestre 2023, tout en demeurant toujours élevée comparativement aux trente années avant la COVID.
Avantage à la variable économique
Les trois premières variables sont bien connues. Toutefois la 4e variable n’est pas encore complète. La situation économique peut encore influencer le résultat du vote jusqu’au 3e trimestre, c’est-à-dire jusqu’à la fin octobre.
Contre-performance au premier débat
Le premier débat télévisé s’est avéré désastreux pour le candidat démocrate. Joe Biden a montré d’apparentes faiblesses, attribuées à son âge, alors que son opposant affichait la forme qu’on lui connait.
Certains du camp démocrate ont sursauté et ont demandé que Biden soit remplacé immédiatement ou à la convention du parti en août prochain. Une exigence probablement mal avisée, d’autant que la décision de se retirer revient au président seul. L’autre réalité est que le camp démocrate perdrait un avantage important, en tout cas selon le modèle du professeur Fair.
Petit récapitulatif électoral
En 1992, seule la variable économique était en faveur de Bill Clinton. Il a été élu.
En 2016, malgré les sondages favorables, toutes les variables du modèle étaient négatives pour la candidate démocrate. Hilary Clinton a bel et bien perdu.
En 2024, à nouveau la variable économique pourrait bien décider du sort de l’actuel président.