Ce prix vient récompenser et reconnaître les professeurs et chercheurs qui se distinguent par leurs travaux de recherche. La principale intéressée, Phi-Vân Nguyen, explique que plusieurs critères sont pris en compte lors de la remise de ce prix. « L’on s’intéresse à la contribution des recherches à l’avancement des connaissances. L’ampleur et le rayonnement des partenariats et des travaux. »
Phi-Vân Nguyen se consacre depuis une quinzaine d’années à l’étude de l’histoire des migrations au Vietnam. Au cours de sa carrière, elle a notamment exploré le sujet à travers quatre champs de recherche : l’histoire de l’Empire français, l’histoire de l’Église catholique, les études asiatiques et l’histoire de la décolonisation violente.
Une quête personnelle
Au cours de ses études doctorales, la professeure s’est notamment intéressée à un épisode bien précis de l’histoire, en 1954. À l’époque, les accords de Genève, plus de 800 000 Vietnamiens quittent le nord communiste du pays pour se rendre dans le Sud.
En plus d’être le point de départ de sa carrière dans la recherche, puisque le sujet lui ouvrira les portes vers une myriade de sujets relatifs à l’étude, à la fois des migrations, mais aussi des guerres qui ont secoué le pays. Et bien ce point de l’histoire permet de comprendre le lien étroit que Phi-Vân Nguyen entretien avec le Vietnam et ses déplacements de population.
« Mes parents font partie de la génération qui a quitté le nord en 1954. J’ai toujours voulu savoir, mieux connaître l’histoire de ma famille. Mais c’était impossible de trouver de véritables cours sur le Vietnam et son histoire. Les seuls cours qui existaient étaient des cours de langues. C’est beaucoup plus tard en tant que jeune adulte que j’ai entrepris des études pour me spécialiser dans le Vietnam. »
Un autre aspect que le Prix cherche à célébrer, c’est la pédagogie et la capacité des chercheurs à vulgariser leurs travaux. Les rendre accessibles au plus grand nombre. D’ailleurs, toujours dans une optique d’éclairer le grand public, la chercheuse devrait publier un livre prévu pour le mois de décembre 2024. « C’est mon plus gros projet à date, je parlerais des trois guerres, la guerre d’Indochine, du Vietnam et les Khmers rouges. Le livre paraîtra en anglais, mais je négocie pour une version française. »
Une recherche de plus
En tout cas, si la reconnaissance est appréciée, on ne se repose pas sur ses lauriers. Il faut croire que les chercheurs ne prennent jamais de vacances. C’est depuis le Vietnam, avec 12h de décalage, que Phi-Vân Nguyen a répondu à nos questions.
Là-bas, dans le cadre d’une recherche d’archives. À compter du premier août, elle se plongera dans son prochain sujet de recherche au cours d’une année sabbatique. « Ce projet qui m’amène à m’interroger sur comment les états intervenaient et géraient les déplacements de population. On présente souvent les personnes déplacées comme un poids pour les belligérants, mais c’était aussi un instrument. On faisait venir des gens pour déborder l’ennemi et ses voies de communication par exemple. Je regarde tous ces aspects de la migration pendant les guerres. »