Le comité culturel de Lorette célébrait précisément le 1er juin son 50e anniversaire. Sept concerts et plusieurs activités étaient au programme. Les festivités se sont déroulées dans le meilleur esprit communautaire, assure Carmelle Noël, la présidente du Comité culturel depuis quatre ans.

« C’était fantastique, on a eudubeautempsetilyaeu foule toute la journée! »

Au ton de sa voix, assurément la bénévole a eu pour des semaines encore le cœur à la fête.

Cela fait maintenant 11 ans qu’elle est impliquée avec le comité culturel, qui compte actuellement huit membres au CA. Si elle n’a pas le recul sur un demi-siècle d’existence de l’organisme, son engagement lui a certes permis de bien comprendre à quel point la mission d’un comité culturel est vitale pour la vie locale.

Faire vivre la langue

« C’est en particulier tellement important pour que notre français reste vibrant et qu’on puisse le vivre au quotidien. Surtout dans notre milieu, où la francophonie est minoritaire. »

depuis sa création en 1974, le comité culturel de Lorette s’est employé à offrir à ses résidents et à ceux des communautés avoisinantes des occasions de « vivre et célébrer la langue française, pour montrer à la prochaine génération que le français, ce n’est pas seulement quelque chose que l’on apprend à l’école, c’est quelque chose que l’on vit. » 

Justement, l’implication de jeunes adultes est essentielle pour garder vibrante la flamme culturelle. Le défi est de réussir à aller les chercher.

Carmelle Noël a au plus haut point conscience de l’importance de la tâche de transmettre ses profondes convictions à la prochaine génération. « On essaie vraiment de créer des évènements spécifiquement pour nos jeunes. Les adolescents viennent parfois avec leur famille. Ils viennent aussi à certaines activités parce qu’ils sont susceptibles de gagner un prix. »

Comme exemple pour rester attractif, la présidente souhaiterait organiser une soirée bingo réservée exclusivement aux adolescents. Il s’agirait de viser leurs centres d’intérêt. Un tournoi de Mario Kart serait envisageable.

La volonté d’intéresser la jeunesse se déploie sur plusieurs fronts, notamment dans des endroits où ils passent la majeure partie de leur temps, comme à l’école.

« À l’École Lagimodière, pour leur donner le goût du spectacle, les élèves de la 5e à la 8e mettent au point des saynètes. Il y a aussi la participation au Festival Théâtre Jeunesse du Théâtre Cercle Molière. L’école fait beaucoup pour la culture et sa promotion. Ça nous aide dans nos efforts de transmission. »

Valoriser l’inclusion

Au-delà de faire vivre la langue, il faut souligner la dimension fédératrice des activités et évènements culturels. À Lorette, le comité culturel s’efforce de prôner l’inclusivité. Même si ce n’est pas toujours facile d’un point de vue linguistique. Le constat de départ est simple : les occasions pour se rencontrer en anglais ne manquent pas. Il faut faire en sorte qu’il en soit de même pour le français. Carmelle Noël donne l’exemple par excellence.

« Notre 50e a été l’occasion parfaite d’inviter toute la communauté. C’était une invitation à venir célébrer notre langue, notre culture. Même si on savait que tous ne seraient pas confortables de venir.

« Pour nos bingos, on a des familles qui viennent et qui ne parlent pas vraiment français, mais ce n’est absolument pas un problème. L’important à nos yeux, c’est qu’ils soient venus.

« Il n’y a évidemment aucune pression à parler le français, il s’agit juste de venir, d’écouter la musique, de venir célébrer avec nous, de participer. »

Bien sûr, il existe des limites, puisque certaines activités nécessitent vraiment une certaine connaissance de la langue. « Ce n’est pas toujours le bon moment de recevoir tout le monde, mais il y a quand même des façons d’inclure toute la communauté, tout en gardant notre fierté langagière. »

Le comité culturel doit par ailleurs avoir les moyens de ses ambitions. Pour y parvenir, ses responsables sont en mesure de compter sur la communauté. « Il y a toujours la question du bénévolat pour nos plus grands évènements. Avec les huit membres du CA, en général on peut gérer tous nos besoins. Pour le 50e, on a naturellement fait appel au bénévolat. Le nombre de bénévoles nécessaires dépend de l’ampleur des activités. »

L’argent fait aussi partie de l’équation culturelle. Dans un contexte où le coût de la vie ne cesse de grimper, la communauté répond encore favorablement. « C’est certain que par rapport à il y a seulement quelques années, la même somme d’argent aujourd’hui permet de faire moins de choses.

« Pour le 50e, on a eu besoin de fonds supplémentaires, alors on a fait demande à nos élus et la Municipalité de Taché nous a aidés. Il y a aussi des entreprises locales qui ont contribué financièrement. »

Le défi du financement

Pour l’exercice financier 2023-2024, le Comité culturel de Lorette a déboursé la somme de 6 110,78 $. La trésorière du Comité, Nicole St-Vincent, précise que ces dépenses concernent les activités mises en place durant l’année.

Si la situation financière du comité culturel est jugée satisfaisante par les personnes intéressées, Edouard Lamontagne, le directeur général de la Fédération culturelle de la francophonie manitobaine (FCFM), rappelle que « les comités culturels, à l’image des villages, manitobains sont tous uniques.

« C’est clair que les défis des uns ne sont pas nécessairement ceux des autres. Là où certains comités se portent plutôt bien, d’autres peuvent connaître des difficultés.

« Le financement est toujours un défi. À la FCFM, nous le ressentons. Le Fédéral a remanié certaines subventions. Des fonds qui existaient ont disparu. Ce qui fait que nous n’avons plus forcément de surplus pour régler de possibles aléas. Nous avons uniquement un minimum garanti.

« On se bat pour que le Fédéral comprenne la réalité des comités culturels en situation minoritaire. Le coût de la vie augmente, et malheureusement l’argent des subventions n’augmente pas. »

Ceci précisé, il est évident après 50 ans d’existence, que ce sont les résidents de Lorette et des alentours qui assurent la pérennité de l’organisme. Edouard Lamontagne résume ainsi la situation : « On peut planifier autant qu’on veut. Si la communauté ne répond pas présente, un comité culturel n’est vraiment pas grand chose. On a besoin de la communauté, de son soutien. C’est un partenariat : l’un a besoin de l’autre. »

En guise d’illustration, un simple coup d’œil du côté de la page Facebook du Comité culturel de Lorette suffit. Au lendemain de son 50e anniversaire, plus d’une dizaine de messages de remerciements ont été publiés à l’intention de divers organismes, des entreprises, et bien sûr de la communauté toute entière.