Certains de ses athlètes ont pu participer à la Grande Compétition, où il a été arbitre en 2008. Maintenant, ses yeux sont déjà fixés sur les Olympiques de 2028.

Même si aucun des athlètes entraînés par Ayach Bounachada participera à l’équipe canadienne d’escrime pour les Jeux de Paris, il reste que cet évènement international, qui n’a lieu qu’une fois tous les quatre ans, est très attendu par l’entraîneur provincial.

« J’ai hâte que ça commence! Je souhaite les meilleures chances à notre équipe canadienne pour qu’elle fasse quelque chose d’intéressant. Comme ça Sport Canada va regarder de plus près encore l’escrime et ses athlètes très talentueux. Si les moyens sont au rendez- vous, nous avons des chances de ramener des médailles. »

Avant de se plonger dans ses souvenirs, Ayach Bounachada rend hommage aux forces sportives canadiennes pour Paris 2024. La délégation d’escrime est composée de 12 membres, soit un de plus que lors des derniers jeux à Tokyo.

« Nous avons surtout des chances au fleuret féminin. Il y a une équipe de quatre, avec notamment Jessica Guo, qui a réussi à atteindre trois podiums cette année. Les autres bonnes chances se trouvent dans le sabre masculin. »

Les non-initiés doivent savoir que l’escrime est une discipline divisée en trois armes : le fleuret, l’épée et le sabre. Le fleuret est une arme légère, l’épée une arme de duel et le sabre était à l’origine une arme militaire conçue pour couper, comme le rappelle le Comité olympique canadien.

Un évènement sportif unique

D’origine algérienne, Ayach Bounachada est arrivé au Canada au début des années 2000. Il a d’abord travaillé au Québec avant de s’installer à Winnipeg. Dans sa longue carrière, il a eu à entraîner des athlètes qui ont participé aux Jeux olympiques ou qui ont essayé de se qualifier pour la Grande Compétition. Il sait les efforts requis pour se préparer à un tel évènement.

« C’est un travail de long terme, pas évident. Généralement, nous préparons cette compétition quatre ans en avance. L’athlète participe à toutes les compétitions possibles dans le but d’améliorer son classement au niveau international. L’année qui précède les JO, c’est la période la plus important pour réussir à se qualifier. »

Pour Ayach Bounachada, à la différence d’un championnat du monde qui se déroule tous les ans, la rareté des Olympiques fait toute sa valeur.

« Les JO restent dans l’histoire. Faire les Olympiques et peut-être même gagner une médaille, ça demeure ancré dans l’histoire personnelle de l’athlète. Parce que gagner une médaille exige vraiment beaucoup de préparation, de concentration et amène son lot de stress. »

Et quand les choses se passent mal… L’entraîneur se souvient du Manitobain Misha Sweet, qui se préparait pour les Olympiques à Tokyo. Il était au seuil de rentrer dans l’équipe canadienne, mais s’était blessé lors d’un des tout derniers tournois de préparation. Sa blessure a mis fin à ses chances de qualification. Dans un cas pareil, comment un entraîneur va-t-il soutenir son athlète?

« Misha, c’était un cas spécial. Alors qu’il compétitionnait pour faire les JO, il préparait aussi des concours pour étudier en médecine. Les JO, ça n’a pas fonctionné à cause de sa blessure. Au moins il a pu se plonger complètement dans ses examens. Ça lui a permis d’oublier un peu la déception. »

Entraîneur et arbitre

Ayach Bounachada cite par ailleurs deux athlètes qu’il a entraînés et qui ont fait les Jeux olympiques. L’Algérien Raouf Salim Bernaoui pour les Olympiques d’Atlanta en 1996 et la Canadienne Julie Cloutier pour Pékin en 2008.

« C’est très fort de réussir à positionner un athlète pour la course olympique, c’est franchement très spécial comme émotion. »

Les JO de 2008 ont d’ailleurs été très marquants pour Ayach Bounachada, car il y a officié en tant qu’arbitre.

« C’est une autre paire de manches d’aller aux JO dans cette fonction. Mais pour les arbitres aussi, il existe tout un système de sélection assez strict.

« On choisit les huit meilleurs arbitres au monde pour chaque spécialité. J’ai pu réussir à en être. Ma chance a été que pendant les quatre ans avant Pékin, j’ai beaucoup arbitré. Ça m’a permis de me développer et de mieux connaître tous les escrimeurs du top mondial. »

Cap sur 2028

Ayach Bounachada en garde assurément, malgré le stress, un excellent souvenir.

« Ce sont les meilleurs JO auxquels j’ai pu participer! Même si, très occupé par mon rôle d’arbitre, je n’ai pas eu le temps d’assister à d’autres compétitions dans d’autres sports. On avait besoin de nous chaque jour. Mais nous avions quand même des jours pour sortir et visiter, à notre grand plaisir. »

De Pékin 2008 à Los Angeles 2028, il n’y a qu’un pas que Ayach Bounachada va pouvoir franchir grâce à l’expérience qu’il a accumulée.

Une vaste expérience qui lui sera très utile dans son nouveau rôle.

En effet, en mai dernier, la Fédération canadienne d’escrime l’a choisi avec Patricia Howes, la cofondatrice du Lightning Fencing Club de Winnipeg, pour devenir entraîneur du programme de l’équipe nationale de sabre féminin en vue des Jeux olympiques à Los Angeles.

« C’est une belle nouvelle, sans être totalement une surprise pour moi, puisque cette équipe me voulait comme entraîneur depuis deux ans. Ça n’avait pas encore pu fonctionner, puisque je devais être là à plein temps. On a finalement trouvé la solution : entraîner à deux. Avec Patricia, on va se partager les tâches. On est très excité à l’idée de préparer une équipe pour 2028. On espère qualifier toute l’équipe. Ou alors au moins un à deux athlètes. »