Montréal, Canada

Des murs de flammes poussés par des vents violents dans un décor de carte postale : l’incendie « hors de contrôle » qui ravage depuis quelques jours le très prisé parc national de Jasper dans les Rocheuses canadiennes a détruit jeudi une partie de la ville du même nom, provoquant l’émoi dans le pays.

Aucune victime n’est à déplorer, les 25 000 habitants et touristes présents dans la zone ayant été évacués dans la nuit de lundi à mardi quand le feu a soudain pris de l’ampleur prenant de vitesse les pompiers.

Mais à Jasper, les dégâts sont considérables jeudi, les autorités parlant de 30% à 50% de la ville détruite: « des images bouleversantes » pour le Premier ministre Justin Trudeau qui a fait appel à l’aide étrangère.

« Plus de 400 pompiers d’Australie, de Nouvelle-Zélande, du Mexique et d’Afrique du Sud sont en route vers le Canada pour aider nos équipes à lutter contre les feux de forêt en Alberta », a-t-il déclaré sur X.

Dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, on aperçoit des rues de la ville noyées sous les cendres d’où émergent par endroits des carcasses calcinées de voitures et des rangées entières de bâtiments qui ne sont plus qu’un amas de décombres.

Richard Ireland, le maire, parle de destructions « indescriptibles et incompréhensibles », dans un message posté en ligne.

Jeudi, les pompiers sont toujours à pied d’œuvre dans la ville face à d’immenses brasiers, la pluie très attendue n’ayant pas eu « d’impact significatif » sur l’incendie, selon le parc national de Jasper.

L’incendie a été provoqué par la foudre lundi après-midi, selon Parcs Canada qui parle de flammes atteignant plus de 100 mètres de haut. Et les fortes rafales de vent de mercredi après-midi ont poussé l’incendie sur 5 km en moins de 30 minutes, a déclaré Mike Ellis, ministre de la sécurité publique et des services d’urgence de l’Alberta.

« Tous les pompiers vous diront qu’il n’y a pas grand-chose à faire face à un tel mur de flammes », a-t-il ajouté.

Le parc national de Jasper, le plus grand du Canada, connu pour ses montagnes, glaciers, lacs et cascades, attire 2,5 millions de visiteurs tous les ans.

Il faudra « plusieurs semaines » pour maîtriser le feu selon les autorités.

– « Dévastés » –

« Nous sommes dévastés», a déclaré à l’AFP Pattie Pavlov, qui a dû rouler pendant des heures dans la nuit de lundi à mardi pour fuir l’avancée du feu.

« Beaucoup de gens se sentent très impuissants. Il n’y a rien que nous puissions faire, mis à part regarder les images », poursuit celle qui est directrice générale de la Chambre de commerce du parc de Jasper. Elle s’est réfugiée à plus de 500 km de là chez des amis.

« C’est le pire cauchemar possible pour une communauté », a déclaré Danielle Smith, la Première ministre de l’Alberta. En larmes, elle a expliqué que 30 à 50% de la ville était partie en fumées rappelant que « pour de nombreuses générations » Jasper et son parc constituent « une source de fierté ».

De nombreux départs de feux ont été déclenchés ces derniers jours par la foudre dans l’Ouest canadien touché par une très forte sécheresse. Au total, dans la province de l’Alberta, plus de 170 incendies sont actifs jeudi, dont plus d’une dizaine dans la région de Fort McMurray, plaque tournante de l’exploitation des sables bitumineux.

« Les pompiers s’efforcent de sauver autant de structures que possible et de protéger les infrastructures essentielles, notamment l’usine de traitement des eaux usées, les installations de communication, le pipeline Trans Mountain », a indiqué Parcs Canada, l’organisme en charge des parcs nationaux, sur les réseaux sociaux.

La Colombie-Britannique, province voisine de l’Alberta, est elle aussi fortement touchée par les incendies avec plus de 400 feux actifs actuellement dont plus de la moitié sont hors de contrôle. Dans les 24 dernières heures, 56 départs de feu ont été comptabilisés.

Avec le réchauffement climatique, le Canada est de plus en plus souvent frappé par des événements météorologiques extrêmes.

Et le pays craint de revivre une année catastrophique comme celle de 2023, quand il a enregistré la pire saison des feux de son histoire avec 15 millions d’hectares brûlés et plus de 200 000 personnes évacuées.

amp-tib/lpa