Le directeur général adjoint de la SFM, Jean-Michel Beaudry, contextualise la démarche.
« Dans le cadre de la refonte de la SFM en 2016-2017, une étude du travail et des bienfaits du Réseau communautaire, aujourd’hui la SFM au rural, avait été faite.
« On voulait mieux desservir les populations rurales. Et pour ça, mieux collaborer entre des organismes ayant un mandat provincial et des organismes sur le terrain dans les communautés rurales. C’est de là qu’est né ce projet de stratégie. »
Un comité directeur a donc été mis sur pied. Justin Johnson, le chef de la direction de l’Association des municipalités bilingues du Manitoba (AMBM), a assumé le rôle de chef de projet.
Justin Johnson précise : « Le rôle du comité directeur était de coordonner l’élaboration de la Stratégie comme telle, d’identifier les étapes et les outils nécessaires pour qu’elle puisse se faire. Maintenant, la SFM est responsable de son déploiement et de la mise en œuvre des mécanismes de concertation et d’action identifiés, en partenariat avec l’AMBM, entre autres. »
Un comité de concertation a aussi été établi. Composé de 29 membres représentant presque autant d’organismes, il avait pour mandat d’appuyer le comité directeur dans le déploiement d’un processus qui mènerait à l’élaboration d’une Stratégie de développement rural intégrée pour la francophonie manitobaine.
« La Stratégie a été adoptée en décembre 2022, reprend Jean-Michel Beaudry. Faute de temps, elle n’est pas encore mise en œuvre. Mais on a vraiment espoir que les choses vont avancer plus vite, maintenant que nous sommes en train d’embaucher un coordonnateur ou une coordonnatrice. »
Grâce aux discussions
Même si la Stratégie n’est pas encore effective, Jean-Michel Beaudry, qui est membre à la fois du comité directeur et du comité de concertation, note quelques réussites facilitées par cette détermination de travailler ensemble au bénéfice du rural.
« Je pense par exemple au 3M (Modèle de maturité municipal). C’est un projet de l’AMBM, mais grâce aux discussions autour de la Stratégie, la SFM est intervenue davantage qu’elle ne l’aurait habituellement fait pour une question qui concernait spécifiquement le rural.
« Un autre dossier, sur lequel on a travaillé pendant la pandémie, c’est l’accès à l’internet haute vitesse en ruralité. Là encore, c’était vraiment le projet de l’AMBM et du Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba. Mais la SFM a pu apporter son soutien à ce dossier, justement du fait de la Stratégie qui nous a permis de bien communiquer et de travailler ensemble. »
Deux tables à former
La Stratégie adoptée en décembre 2022 prévoit la formation de deux tables : la table stratégique et la table tactique. Ensemble, elles auront pour objectif de coordonner et maximiser les efforts des intervenants au rural ou pour le rural.
La table stratégique devra créer un environnement favorable à l’application d’une lentille de développement rural francophone, promouvoir les valeurs et principes entourant l’accès à des services en français au rural, et améliorer les infrastructures de soutien et de services sur le terrain.
La table tactique s’occupera de mobiliser directement tous les intervenants qui pourraient être amenés à offrir des services en français au rural pour les encourager à rehausser leur offre de services et à mieux collaborer avec d’autres intervenants afin d’offrir une gamme plus complète et efficace de services.
Jean-Michel Beaudry élabore : « L’objectif de cette Stratégie, c’est vraiment de bâtir une culture du « nous » pour le rural. Maximiser le travail ensemble pour mieux servir notre population francophone au rural, car les enjeux identifiés pour un secteur ou une clientèle peuvent souvent en toucher d’autres. On veut trouver des solutions pour que l’offre de services en français et leur qualité soient plus équitables à travers le territoire manitobain. Ça se faisait déjà un peu avant, mais il y a certainement place à l’amélioration. »
Un autre objectif sera « la revendication et la sensibilisation auprès des gouvernements. L’idée est d’identifier les dossiers prioritaires au rural et de faire front, comme communauté, sur ces enjeux-là plutôt que d’avoir quelques petites municipalités rurales qui font ce travail chacune de leur côté ».
Prochaines étapes
« Ce sera désormais le travail du coordonnateur ou de la coordonnatrice de mettre en place tous ces mécanismes identifiés dans la Stratégie, ces tables stratégique et tactique. Bien qu’employé.e de la SFM, il ou elle sera une ressource humaine pour l’ensemble des partenaires de la Stratégie, précise Jean-Michel Beaudry.
« Mais aussi, avant toute chose, sa responsabilité sera de mener une consultation approfondie en milieu rural, parce que ce n’est pas aux organismes provinciaux de dicter les priorités pour le rural. »
Ceci inclura notamment de procéder à un inventaire exhaustif de tous les organismes qui œuvrent sur le terrain, dans chaque communauté, pour la vitalité de la francophonie locale.
« La vitalité de la francophonie manitobaine, ce n’est pas que l’affaire des municipalités concernées au rural, c’est l’affaire de tous. On doit avoir une offre de services adéquate au rural, sinon on va perdre toute une richesse et une diversité de francophones à l’extérieur du périmètre. Les francophones ne devraient pas avoir à choisir entre s’installer au rural ou se sentir confortables et bien desservis dans leur communauté. »