Premier sprinteur canadien à remporter trois médailles lors d’une même édition olympique (en 2016 puis en 2021), il rêve de nouveau d’or à Paris.

Des statuettes à son effigie, des photos d’enfance, des médailles… le sprinteur de 29 ans s’affiche partout dans la grande maison de banlieue de sa mère, sa plus grande fan, située à Pickering à l’est de Toronto.

Enfant hyperactif, Andre De Grasse grandit dans un milieu modeste et découvre le sport très jeune grâce à celle-ci qui l’inscrit au foot, au baseball puis au basket pour canaliser son énergie. Grand fan de Michael Jordan, de Kobe Bryant et des Raptors de Toronto – dont le logo est peint sur un mur de sa chambre – il rêve de devenir une star de la NBA.

Mais c’est finalement sur une piste d’athlétisme que son talent peut exploser. En 2015, il devient le premier Canadien à être passé à la fois sous la barre des 10 secondes au 100 mètres et des 20 secondes au 200 mètres.

“Je ne m’attendais pas à ce qu’Andre devienne un champion olympique ni même qu’il aille aux Jeux olympiques”, raconte Beverley De Grasse, longues tresses aux reflets blonds et grandes boucles d’oreilles créoles. L’ancienne sprinteuse qui a élevé seule son fils avoue avoir toujours du mal à y croire.

“Je dois me pincer parfois et je me demande si c’est bel et bien vrai”, confie-t-elle, sourire jusqu’aux oreilles.

– Talent naturel –

Peu après ses débuts – à 17 ans – en athlétisme, il est repéré par Tony Sharpe, ancien champion olympique bluffé par son “talent naturel”. Ce dernier l’invite à rejoindre la Speed Academy à Pickering.

A son arrivée, il n’avait pas les codes, se rappelle son ancienne coéquipière Taylor Sharpe, fille de l’entraîneur. Lorsque le jeune homme commence à s’entraîner, il porte un short ample et de lourdes chaussures de basket-ball, raconte-t-elle. Il n’avait “pas vraiment l’air de savoir ce qu’il faisait”, se souvient la jeune athlète.

Mais en l’espace de quelques semaines, Andre De Grasse devient le lycéen le plus rapide de la province. Courtisé par plusieurs universités américaines de haut niveau, le jeune homme décroche à 19 ans une bourse d’études de la prestigieuse Université de Californie du Sud (USC).

Et tout s’accélère encore. A 21 ans, il signe chez Puma son premier gros contrat de plusieurs millions de dollars.

– “Incroyable sprinter” –

Quelques mois plus tard, sur la piste face à la légende jamaïcaine Usain Bolt, Andre De Grasse, qui est encore méconnu de la plupart des Canadiens, remporte sa première moisson de médailles aux Jeux de Rio en 2016 (argent au 200 m, bronze au 100 m et au 4×100 m).

A Tokyo, en 2021, le Canadien brille à nouveau avec le titre sur 200 m, l’argent du relais 4×100 m et le bronze du 100 m.

Aux Etats-Unis où il continue de s’entraîner, le jeune homme partage sa vie avec l’Américaine, Nia Ali, championne du monde du 100 m haies. Ils ont trois enfants en bas âge.

Mais il a aussi lancé une fondation caritative pour soutenir des jeunes en leur donnant accès à des programmes sportifs et à des bourses d’études et publié un livre pour enfants sur son histoire.

Douze ans après avoir vu Andre De Grasse courir pour la première fois, Tony Sharpe continue d’être enthousiaste et parie “qu’il sera l’athlète olympique le plus décoré de tous les temps au Canada”.

Samedi matin, il a réussi à se qualifier en demi-finales du 100 m en prenant la troisième place de sa série (10.08) mais reste encore loin des tous meilleurs cette saison (18e temps des séries).

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