Catherine Xhardez est professeure adjointe à l’Université de Montréal au département de science politique et directrice de l’Équipe de recherche sur l’immigration au Québec et ailleurs (ÉRIQA). Elle rappelle d’abord que « l’enjeu de cette annonce est qu’elle est en réalité beaucoup plus limitée que cela en a l’air. »

En effet, cette mesure, annoncée en début de semaine et qui débutera le 3 septembre, vise les offres d’emplois du PTET situées dans l’île de Montréal dont le salaire offert est inférieur au salaire médian du Québec, qui s’élève actuellement à 27,47 $/h (soit 57 137 $ par année). Cette suspension inclut les demandes présentées dans le cadre du traitement simplifié et celles visant à prolonger l’emploi d’un travailleur étranger occupant déjà un emploi au Québec, précise le gouvernement québécois. 

À noter que le gouvernement fédéral a approuvé cette demande provinciale.

Il s’agit donc que d’une petite partie des 600 000 immigrants temporaires accueillis par le Québec en 2024, selon Statistique Canada. « Ce que l’on voit, c’est que Québec s’est rendu compte que pour gérer l’immigration, il ne s’agissait pas seulement des immigrants permanents, qui ont été l’objet de débats forts ces dernières campagnes électorales, mais aussi et surtout des immigrants temporaires, dont les chiffres ont presque doublé », souligne Catherine Xhardez. 

Qu’en est-il des étudiants étrangers?

Comme la mesure est plutôt limitée, il est difficile « de se positionner sur les efforts ou effets sur les autres provinces » selon Catherine Xhardez. Il est en effet compliqué de prévoir la réaction des immigrants temporaires et s’ils choisiront d’autres provinces hors Québec au cours des prochains mois. « Les mesures d’une province peuvent encourager ou limiter l’attrait, ce qui potentiellement peut jouer sur les provinces choisies par les migrants », remarque tout de même Catherine Xhardez. 

En revanche, Catherine Xhardez imagine un impact plus important pour une autre partie de la population : les étudiants étrangers. En effet, les responsables politiques québécois envisagent un projet de loi pour encadrer les inscriptions d’étudiants internationaux. « C’est certain que des limitations sur le nombre d’étudiants par province, va mener à certains flux vers des provinces qui avaient moins de demandes, et potentiellement plus de distribution. » 

La professeure alerte par contre que sur le fait « ce n’est pas un jeu automatique » et que d’autres facteurs sont à considérer comme la langue ou l’attrait économique.