Andrea Vermette et Chantal Ross, deux parents et Alain Laberge, directeur général de la Division scolaire franco-manitobaine, abordent cette question.

Que ce soit quatre semaines ou quatre jours avant la rentrée des classes, l’achat des fournitures scolaires peut être une expérience stressante. 

Certains parents d’élèves de la DSFM, comme Andrea Vermette, préfèrent faire leurs propres achats. Ils sont ainsi plus confiants de faire de meilleures économies et d’évaluer les besoins réels de leur enfant.

D’autres parents, comme Chantal Ross, préfèrent utiliser l’option de cotisation proposée par l’école. Elle affirme que « cela vaut la peine d’utiliser cette option car les courses prennent plus de temps et d’énergie ». 

Chantal Ross. (photo : Gracieuseté Chantal Ross)

En tant que directeur général de la DSFM, Alain Laberge constate que « la façon de faire ses achats de fournitures scolaires est une expérience unique pour chaque famille ».

Quelle voie à suivre?

Alors, est-ce moins cher de passer par l’école ou de faire ses propres achats? Cette question fait débat. 

Andrea Vermette préfère faire ses propres achats car elle n’achète que ce qu’elle n’a pas déjà à la maison et elle peut être sûre de la valeur réelle du matériel. « Je ne suis pas sûre à 100 % que l’école fera les meilleurs choix sur cette question. » De son côté, Alain Laberge affirme que les écoles ne font aucun profit sur les cotisations, et qu’il s’agit simplement d’un service que fournissent les écoles. 

« Lorsque nous demandons une cotisation, nous devons nous assurer que nous ne demandons jamais plus que la valeur des matériaux. Nous n’avons pas le droit de faire des profits sur les cotisations, c’est un élément inscrit dans la Loi sur les écoles publiques. »

De gauche à droite : Maxime Vermette, Andrea Vermette, Roger Vermette, Jasmine Vermette
(photo : Gracieuseté Andrea Vermette)

Afin d’être transparent, l’école garde un registre du coût exact de chaque produit que les parents peuvent consulter s’ils le souhaitent. Les prix peuvent varier considérablement, en fonction de ce qui est inclus. 

Le directeur général clarifie, « elle peut être de 40 $, ce qui consiste seulement du matériel. Ou bien elle peut aller jusqu’à 80 $, ce qui inclut typiquement des activités ou des évènements, comme le camp Moose Lake. 

« Si un parent veut économiser de l’argent en demandant à son enfant de ne pas participer à la sortie scolaire, ils ont le droit de le faire. 

« Et si le parent n’aime pas les prix que nous proposons pour les fournitures, c’est tout à fait légitime. Il arrive que Walmart ou Staples fassent des offres intéressantes, j’encourage donc les parents d’en profiter. »

Augmentation des coûts

Justement ces offres intéressantes le sont particulièrement depuis l’inflation. Pour autant, la DSFM ne donne aucune indication particulière à ses écoles sur la façon de procéder avec l’augmentation des coûts. Elles s’adaptent donc aux prix  actuels du marché.

Alain Laberge détaille la démarche d’acquisition des matériaux. « Nous ne faisons pas encore d’économies d’échelle. En raison de notre mandat provincial, c’est assez complexe. En effet, si nous avions un fournisseur qui allait jusqu’à Thompson ou à Saint-Lazare, il nous facturerait l’essence et le temps. À la place, nous avons un courrier interne. 

« Parfois, nous pouvons faire des affaires avec certaines institutions, comme Staples. Ils accordent un rabais à certaines écoles. Mais ce n’est pas à l’échelle de la division. Chaque école doit le faire individuellement. »

Sur ce point, Alain Laberge admet que « nous aimerions bien que ce ne soit pas le cas. Mais tout est plus cher partout ». 

Cette hausse des prix n’est pas passée inaperçue par les parents. Andrea Vermette confirme qu’elle s’attend à dépenser de plus en plus chaque année. 

Chantal Ross explique son expérience, « je crois à 100 % que nous avons dû payer davantage pour les matériaux au fil des ans. Même la cotisation de l’École Précieux-Sang a augmenté de 10 $ depuis les dernières quelques années, ce qui fait qu’elle est maintenant à 70 $ par élève. » Chantal Ross précise que ce prix n’inclut pas les nouveaux vêtements et chaussures. La facture peut donc monter rapidement pour les grandes familles.

Cependant, elle ajoute que lorsque ses enfants ont passé la 10e année, la liste a heureusement diminué. « C’était assez cher dès la maternelle parce qu’ils demandaient beaucoup de matériel qui n’estt pas vraiment nécessaire au secondaire, comme des crayons de cire, des crayons de couleur et de la colle. »

Initiative : analyse

Afin de trouver des moyens de réduire les coûts de fournitures scolaires, la DSFM lance une enquête à partir du mois de septembre. Tous les enseignants de la DSFM, de la maternelle à la 8e année, devront envoyer leur liste de fournitures scolaires à l’administration. Ensuite, les listes seront analysées pour déterminer ce qui doit vraiment être demandé et racheté. 

Le directeur général exprime qu’au cours de ce processus, « nous nous questionnons depuis plusieurs années à propos des fournitures. Par exemple : Quelle est l’utilité d’avoir plus qu’un stylo rouge? Nous ne le savons pas. Les enfants ont-ils vraiment besoin chaque année d’un nouveau Bescherelle qu’ils n’utiliseront pas, surtout lorsqu’ils sont équipés d’ordinateurs? Nous ne le croyons pas. Ou encore les élèves ont-ils vraiment besoin de 100 pages de papier quadrillé pour une année? Nous en doutons. Il est beaucoup plus efficace d’acheter un paquet de 500 papiers et de le répartir entre les enseignants. 

« Le but de cette démarche est de fixer officiellement une limite de 40 $ pour les cotisations. Tout en maintenant la gratuité pour les personnes qui en ont besoin. »

En effet, certains parents ne sont pas en mesure de payer le montant total des fournitures scolaires. Alain Laberge affirme que « les fournitures peuvent certainement coûter cher. Surtout si on considère la vitesse à laquelle les enfants grandissent et ont besoin de nouveaux vêtements, chaussures, sacs à dos, quoi que ce soit. » 

Cette problématique est assez fréquente, la DSFM souhaite donc mettre l’accent sur le respect de la dignité de chaque famille. « Nous ne voulons jamais qu’un parent se sente mal parce qu’il doit demander de l’aide. Il en va de même pour les repas scolaires, nous ne mettons pas les enfants dont les repas sont fournis par l’école dans une pièce séparée.

« Nous voulons donc faire comprendre aux parents que s’il est nécessaire, nous pouvons accepter de plus petites sommes d’argent ou même les fournir gratuitement. » 

Une option qui rassure les parents qui sont du même avis comme Chantal Ross. Elle croit fermement que « les fournitures doivent être fournies aux familles qui n’ont pas les moyens. »

Statistique Canada

En effet, pour la DSFM il est question d’une équité envers les familles. Cette dernière travaille donc avec Statistique Canada pour cibler davantage les personnes qui pourraient bénéficier de la gratuité des fournitures. 

« C’est très utile car Statistique Canada peut fournir de l’information pertinente au sujet de la situation financière d’une communauté scolaire. Par exemple, c’est possible que 20 % des personnes ayant un certain code postal soient très pauvres, et nous accordons donc plus de ressources aux écoles dans ces quartiers », explique le directeur général. 

De plus, il existe quelques systèmes mis en place afin d’aider les familles à faibles revenus. S’ils n’ont pas les moyens de payer la cotisation, les écoles leur fournissent parfois des fournitures provenant d’anciens élèves. 

Parce qu’en effet, une efface peut durer des années et un surligneur devrait durer au moins deux ans. À la fin de chaque année scolaire, les enseignants sont encouragés à conserver le matériel supplémentaire et à le retirer de la liste des fournitures suivantes.

D’ailleurs, Chantal Ross dévoile qu’elle connaît certaines écoles de la DSFM qui acceptent des dons supplémentaires des parents. Ils sont utilisés pour l’achat des fournitures pour les familles qui ne peuvent pas se le permettre. 

Alain Laberge confirme le fait et exprime qu’en « ayant grandi dans une famille avec des revenus modestes, je sais qu’il n’y a rien de plus humiliant que d’être mis à l’écart de ses camarades parce qu’on n’a pas les moyens de se payer les mêmes choses. Ainsi, si le coût est de 40 $ par enfant, des parents peuvent donner 120 $ pour les fournitures afin de pouvoir payer pour deux autres enfants. »

Néanmoins, Alain Laberge se veut très clair sur le fait qu’il s’agit d’un don et non d’une obligation. Le directeur général affirme que « nous ne cesserons jamais d’aider les familles les moins fortunées à cause d’une petite minorité qui peut utiliser injustement le système. »