Elle est la touche finale à un projet ambitieux de tissu social et musical dans le sud de Winnipeg. 

Nommée en l’honneur du regretté philanthrope Marcel A. Desautels, dont le don de 20 millions $ à la faculté de musique en 2008 a ouvert la voie à la construction d’une salle de concert, ce nouvel espace compte 409 places à la pointe de la technologie dans le sud de Winnipeg. 

Cela n’a pas manqué de susciter l’enthousiasme du doyen de la faculté de musique, Edward Jurkowski. «L’acoustique est époustouflante. Il n’y a pas un seul siège de mauvaise qualité acoustique dans la salle. Les lignes de vue sont fantastiques. C’est un bâtiment magnifique. »

Il aura fallu se montrer patient puisque la construction de ce bâtiment « magnifique » est un rêve depuis déjà une quinzaine d’années. Un rêve dont l’effort a consisté en de multiples collectes de fonds, des dons supplémentaires de bienfaiteurs locaux et les opinions d’architectes experts, le tout s’ajoutant à la donation remarquable faite par Marcel A. Desautels.

Le projet a couté 24 millions $. Une moitié du don inaugurale reçu est allée à la construction du nouvel espace, l’autre moitié étant destinée à des bourses d’études pour les étudiants de la faculté, dont le nombre continue d’augmenter.

Plusieurs rénovations

Il faut dire que la Faculté de musique a connu plusieurs déménagements au cours de la dernière décennie. En effet, vers 2015, la Faculté de musique se déplace de quelques bâtiments pour prendre place dans le pavillon Taché. Et la raison de ce déplacement est dû à l’augmentation de sa fréquentation.

Edward Jurkowski, qui se souvient de ses années d’études à, ce qu’il était alors convenu d’appeler l’École de musique, souligne la nécessité des nouveaux bâtiments. « J’ai fait mes études de 1985 à 1989. À l’époque, déjà, c’était trop petit et les cloisons sèches se détachaient des murs. Il devenait donc de plus en plus nécessaire de nettoyer. »

Fort de ce constat, en 2008, le Taché Arts Project est alors initié. L’idée est de rassembler sous un même toit, le théâtre, la musique et les arts. La salle de concert Desautels est la touche finale de ce campus artistique regroupant l’école d’art, l’école de théâtre et la faculté de musique. « La moitié du pavillon Taché est désormais consacrée à l’art, et l’autre moitié à la musique. Après l’achèvement du laboratoire d’art, des studios ont commencé à être construits et des salles de classe ont été aménagées entre les deux moitiés.

« La bibliothèque musicale Eckhardt-Gramatté sépare le pavillon Taché en deux. Cette dernière a également été rénovée et a ouvert officiellement ses portes en 2015. 

« En 2017, la moitié arrière du bâtiment a été ouverte, et c’est là que se trouvent nos studios et nos salles de répétition. Et maintenant, en 2024, nous inaugurons la dernière phase du projet : la salle de concert Desautels. »

Son acoustique

Ce projet a nécessité l’implication de plusieurs parties. Edward Jurkowski explique : « Ce qui rend la nouvelle salle si spéciale, c’est son acoustique. Des professionnels ont fait des essais : en chantant et en jouant de leurs instruments. Ils étaient unanimes sur le fait que c’était l’une des salles les plus acoustiques qu’ils aient jamais connues. 

« Deux cabinets d’architectes ont travaillé ensemble sur ce projet. Cibinel Architects, de Winnipeg, s’est associé à Teeple Architects, de Toronto, qui avait une grande expérience des salles de concert et des théâtres. Ils ont apporté une vaste expérience de la conception d’une salle de concert par exemple sur les types de matériaux à utiliser. Que ce soit sur le type de bois et de tissu pour les sièges, la forme de l’espace, la hauteur et la forme des murs, la forme et la hauteur de l’espace. Il y a très peu d’angles droits. Une grande partie de l’espace est ronde. »

L’inauguration est prévue pour le 5 septembre. Mais les personnes passionnées de musique devront attendre un peu plus longtemps pour découvrir cette fameuse acoustique. « L’évènement du 5 septembre est déjà complet. Il était très attendu, même avant la mise en vente des billets. Nos musiciens ont aussi très hâte de jouer dans  cetespace pour un vrai public. »

Une réception attendue

La réception se déroulera en deux parties. Dans la première partie, des professeurs et d’anciens élèves joueront de l’opéra, de la musique instrumentale classique et du quintet de jazz. 

Puis, dans la seconde partie, William Prince et son orchestre se produiront pendant une cinquantaine de minutes. Il y aura également une réception et une bénédiction autochtone au début de la cérémonie.

Comme en témoigne la variété des musiques qui seront jouées lors de la cérémonie d’ouverture, la salle de concert Desautels n’est pas exclusivement réservée à la musique classique, qui est le premier domaine d’études de la Faculté de musique. 

Edward Jurkowski justifie ce choix. « Je crois fondamentalement que cette nouvelle salle de concert va changer la démographie de la musique à Winnipeg. 

« Jusqu’à présent, la plupart des activités musicales se déroulent dans les zones du centre-ville. La salle du Centenaire, le Royal MTC, le théâtre Pantages Playhouse lorsqu’il était actif. 

« Mais il n’y a rien de tel dans le sud de la ville. Désormais, les résidents de cette partie de la ville auront une salle de concert authentique avec une sonorité incroyable. La musique n’est pas un secteur exploité par la Ville. J’espère que cette salle changera la façon dont la musique est perçue à Winnipeg en général. »

Un espace communautaire

D’après Edward Jurkowski, un certain nombre d’artistes font déjà la queue pour louer l’espace pour un certain nombre d’activités. Bien qu’il ne puisse pas encore divulguer la programmation, il est impatient de partager des évènements avec les amateurs de musique. « La salle de concert répondra aux besoins académiques de la faculté. Mais dès le début, le message a été clair : il ne s’agit pas seulement d’un espace universitaire, mais aussi d’un espace communautaire de Winnipeg. 

« De grands acteurs de la ville et des groupes de danse ont déjà réservé cet espace pour l’année prochaine. C’est très intéressant, car cela permet à la communauté de s’installer sur le campus. L’université devient un élément du tissu culturel de la ville. »