Vous êtes à la tête du ministère des Services publics et de l’Approvisionnement depuis juillet 2023, quels constats avez-vous faits jusque-là?
C’est un ministère central au bien-être de beaucoup de Canadiens. Lors de ma visite à Winnipeg, j’ai visité plusieurs entreprises dont une, StandardAero dans le domaine de l’aéronautique. C’est une compagnie qui emploie 1 300 employés à Winnipeg.
C’est très beau de voir des compagnies pareilles s’épanouir au Canada et à l’international. Ce sont des emplois de plus en plus technologiques qui profitent des formations des collèges techniques et des universités du Manitoba.
Mon ministère a la chance de travailler directement avec ces entreprises puisque nous accordons des contrats pour l’entretien, la réparation et la mise à jour de la flotte d’avions pour les Forces armées canadiennes ou encore pour Transports Canada.
Nous collaborons donc étroitement avec, notamment des entreprises winnipégoises.
J’imagine que vous avez d’autres mandats…
Il y a également tout le déploiement du programme de soins dentaires. C’est mon ministère qui traite directe-ment avec la compagnie SunLife qui facilite les paiements auprès des fournisseurs. À Winnipeg, il y a à peu près 40 000 personnes qui ont reçu leur carte de membre du Régime canadien soin dentaire. Ce sont principalement des aînés qui l’ont. Depuis le 26 juin, les familles avec des revenus modestes peuvent aussi faire une demande de carte pour leurs enfants de moins de 18 ans.
Votre ministère est aussi responsable de la fonction publique, un ministère qui est souvent épinglé par le Commissaire aux langues officielles pour le non-respect de l’application de la Loi sur les langues officielles, notamment sur la question du travail. Comment faites-vous pour vous assurer que les fonctionnaires peuvent exercer leur emploi dans la langue de leur choix?
Comme francophone, c’est ma préoccupation et ma responsabilité de tous les jours. En situation minoritaire, c’est un exercice de tous les jours. À Ottawa aussi, il faut insister tous les jours pour que les francophones puissent travailler en français et que les francophones aient le droit d’être servis en français. C’est certes mon ministère qui s’en occupe avec égale-ment le Conseil du Trésor et le ministère des Langues officielles. Nous avons une responsabilité envers les fran-cophones, qu’avec les moyens disponibles, le bilinguisme soit une réalité.
La nouvelle Loi sur les langues officielles reconnaît des obligations qui dépas-sent celles antérieures. Le Commissaire aux langues officielles a des pouvoirs plus importants dont des amendes envers le gouvernement fédéral et ses partenaires.
Les personnes non francophones ont aussi une responsabilité dans le bilinguisme…
Bien sûr. C’est une fierté de pouvoir participer au bilinguisme. Certains le voient comme un obstacle. Mais ceux qui voient au-delà de l’obstacle peuvent vraiment porter cette fierté.
Vous n’avez pas reçu de nouvelle lettre de mandat, cependant dans celle de votre prédécesseure, on peut lire que vous devez « Continuer à promouvoir des initiatives pangouvernementales afin d’accroître la diversité des soumissionnaires pour les marchés publics… ». Comment vous assurez-vous d’une juste représentation des entreprises francophones?
Souvent, les francophones occupent des postes de leadership dans des petites et moyennes entreprises. Il existe des barrières pour ces entreprises afin d’attein-dre le marché public. Nous sommes en train de travailler à voir de quelle manière le gouvernement peut faciliter les choses pour les petites et les moyennes entreprises.
Néanmoins, les francophones ont des opportunités que les anglophones ont peut-être moins comme dans le domaine de la culture, les langues, les services de garde, de logement, en immigration. Il s’agit effectivement plus de services que de biens.
Il est aussi question d’équité, plus que d’égalité…
C’est une distinction que l’on doit toujours faire en matière de langues officielles au Canada. Par défaut, on pourrait traiter tout le monde de la même manière. Mais il faut reconnaître qu’il y a des barrières pour des gens comme pour les entreprises francophones en situation minoritaire. À nouveau, notre équipe de fonctionnaires est consciente de cette réalité et que nous devons fournir un effort particulier sur cette question.
Le Manitoba se démarque-t-il sur ce marché public?
Plutôt oui, il y a plusieurs entreprises dans le secteur du transport et dans la manufacture avancée qui se démarquent. Nous avons pu en rencontrer plusieurs lors de mon passage à Winnipeg. Il y a beaucoup d’investissement technologique à Winnipeg qui fait qu’il y a une démarcation sur le marché public.
Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC), en tant que fournis-seur de services communs et sous sa propre délégation, a octroyé des contrats totalisant approximativement 32,6 milliards $, dont 313,5 millions $ à des fournisseurs basés dans la province du Manitoba au cours de l’année civile 2023.
Sur la question de l’approvisionnement, le Manitoba connaît des difficultés dans le Nord ce qui rend la vie plus difficile, comment s’assurer d’une équité pour les Manitobains et Manitobaines qui vivent dans des communautés éloignées?
Tout d’abord, nous devons reconnaître leurs besoins qui sont légitimes. Nous devons aussi reconnaître les coûts et les difficultés accrues de répondre à ces besoins dans les communautés éloignées et nordiques. Et reconnaître que ce travail pour répondre à ces besoins est un travail collaboratif.
Le gouvernement fédéral intervient surtout en matière d’investissement. Par exemple, nous avons un plan très ambitieux jusqu’en 2030 pour la construction de logements abordables. Pour la pre-mière fois de l’histoire, nous allons avoir un programme d’alimentation scolaire national ce qui va permettre à tous les élèves d’avoir de quoi manger avant d’aller en classe. Et enfin l’allocation canadienne pour les enfants qui réduit de 40 % la pauvreté des enfants notamment dans les communautés éloignées. Ce sont des investissements qui permettent à des familles dans des communautés plus éloignées où le coût de la vie est plus cher de vivre