Au niveau provincial, le Parti conservateur du Manitoba se prépare pour sa course à la chefferie.

Après l’annonce du départ du député néo-démocrate Daniel Blaikie en mars 2024, six candidats sont en lice pour récupérer le siège dans la circonscription Elmwood-Transcona.

Il s’agit de Sarah Couture (Parti populaire du Canada), Leila Dance (Nouveau Parti démocratique), Nicolas Geddert (Le Parti Vert du Canada), Ian MacIntyre (Parti libéral du Canada), Colin Reynolds (Parti conservateur du Canada) et Zbig Strycharz (Parti avenir canadien).

Alors que la circonscription a historiquement quasiment toujours été entre les mains du NPD, perdre cette élection partielle serait un coup dur pour le parti. « Ça serait même tragique pour les représentants NPD », appuie Félix Mathieu, professeur de sciences politiques à l’Université de Winnipeg.

« Un siège de moins pour le NPD, c’est une proportion considérable de leur caucus. Et s’ils gagnent, on dira que c’est un château fort néo-démocrate et qu’on s’attendait à leur victoire. Ils ont donc plus à perdre qu’à gagner. Des efforts considérables ont été déployés, mais ça sera une lutte assez féroce entre le NPD et les Conservateurs. »

Un duel NPD contre Conservateurs est attendu

Si les leaders des partis sont tour à tour venus à Winnipeg pour soutenir leurs candidats, les enjeux autour des travailleurs et des syndicats ont animé les discussions de cette campagne. En effet, les mouvements sociaux, que ce soit dans le ferroviaire ou l’aérien, ont fait l’actualité ces dernières semaines. « En cette fin d’été, ce n’est pas toujours facile d’intéresser les gens. Et ça, c’était l’actualité qu’il fallait saisir. Le NPD est d’ailleurs historiquement issu des forces syndicales. Mais il est important d’aller chercher des votes plus largement que ça. Le profil sociodémographique d’Elmwood-Transcona n’est plus le même qu’il y a 40 ans, ce n’est plus tout le monde qui est un travailleur syndiqué. Mais, cela demeure un imaginaire, et c’est un discours important dans cette circonscription », décrit Félix Mathieu. 

Derrière les plus gros partis politiques, d’autres veulent aussi leur place au soleil. C’est le cas notamment du Parti avenir canadien (PAC), qui s’est créé tout récemment au mois d’août. Un parti ni de gauche ni de droite et qui souhaite apporter « des solutions sensées et audacieuses » au Canada. Le PAC a donc présenté un candidat à Elmwood-Transcona, mais aussi à LaSalle–Émard–Verdun au Québec, l’autre élection partielle du 16 septembre. « Il y a beaucoup d’appétit médiatique pour ces élections. C’est donc un bon coup pour le Parti avenir canadien de se lancer en ce moment. Ils ont eu une couverture qu’ils n’auraient jamais obtenue pendant une élection générale. Après, notre mode de scrutin qui fait qu’on doit seulement obtenir la pluralité des voix rend statistiquement impossible pour ces partis de faire une percée », fait savoir Félix Mathieu. 

Du mouvement au PC du Manitoba

Sans chef depuis le mois de janvier 2024, Wayne Ewasko occupe depuis le poste de chef intérimaire du Parti progressiste-conservateur du Manitoba. Les choses devraient changer dans quelques mois, car le parti choisira son nouveau chef le 26 avril 2025.

En attendant, les candidats intéressés ont jusqu’au 15 octobre pour se déclarer. À date, seul le député provincial de Fort Whyte, Obby Khan l’a fait. Sur son site web, on peut lire que « comme personne d’autre, Obby Khan saura libérer tout le potentiel du Manitoba. » L’ex-ministre du Sport, de la Culture et du Patrimoine est-il le grand favori de cette course à la chefferie?

« C’est toujours ambitieux d’avoir des formules chocs, mais on ne sait pas encore grand-chose de la plateforme qu’il voudrait mettre de l’avant. Obby Khan a tout de même laissé entendre qu’il voulait mettre plus de progressiste que de conservateur. En même temps, il a été associé au premier plan au visage le plus conservateur du PC lors de la précédente campagne électorale quand il était question d’enjeux autour des fouilles dans le dépotoir de Prairie Green ou encore des droits parentaux à l’école », rappelle Félix Mathieu. 

Le professeur de sciences politiques voit tout de même plusieurs atouts dans cette candidature. « Il représente quand même un vent de renouveau. Il a connu un grand succès sportif avec les Blue Bombers, il a donc l’aura pour transporter les foules. Mais la politique se fait en équipe, il aura donc besoin du soutien de collègues et d’élus. » 

Pour le bien de la démocratie manitobaine, Félix Mathieu espère surtout que les électeurs aient le droit à une véritable course à la chefferie pour le PC avec plusieurs personnalités capables d’apporter différentes visions.

Taxe sur l’essence : mesure plus politique qu’économique?

À quelques semaines de la reprise du travail législatif tout début octobre, le gouvernement néo-démocrate de Wab Kinew doit faire face à plusieurs enjeux économiques en cette rentrée.

Avec un déficit de 796 millions $ présenté dans le Budget 2024, des décisions qui peuvent être difficiles sont à attendre. Au premier rang : la suspension de la taxe provinciale sur les carburants, qui rapporte environ 340 millions $ par an au gouvernement provincial. C’était une promesse électorale et le gouvernement l’a fait. Depuis le 1er janvier 2024, les automobilistes sauvent 14 cents par litre de carburant. Cette mesure a été prolongée cet été et une nouvelle décision est attendue d’ici le 30 septembre. « C’est absolument une question politique », souligne Félix Mathieu, professeur de sciences politiques à l’Université de Winnipeg.

« Pour le congé sur la taxe sur l’essence, j’ai l’impression qu’on va continuer jusqu’à qu’on soit plus capable, car elle rend le Premier ministre très populaire. Mais c’est aussi une mesure qui fait du sens, simple à expliquer et qui vient directement en aide au peuple dans ces temps difficiles. Cependant, les choses devraient se corser, car on se prive de beaucoup d’argent et le programme sur lequel s’est fait élire le NPD contient des mesures coûteuses. Pour cette session qui s’en vient, on peut imaginer un certain changement de cap. »