Un mot de notre président du conseil d’administration Me Marc E. Marion

Chères lectrices, chers lecteurs,

En cette rentrée de septembre 2024, le conseil d’administration que j’ai l’honneur de présider, est heureux de vous présenter le rapport 2023-2024 de La Liberté. Une année marquée par la nécessité d’adaptation, l’innovation, la solidarité et l’équilibre financier de votre média francophone en situation minoritaire.

Adaptation

À l’heure où l’industrie médiatique est en crise au pays, et que de nombreux journaux ferment leurs portes ou réduisent leur salle de nouvelles, La Liberté a choisi de s’adapter et de diversifier ses sources de revenus pour pallier les baisses de revenus publicitaires (pour en savoir plus, lire l’entrevue de Sophie Gaulin plus bas dans cet article).

Après avoir sondé notre communauté de lectrices et lecteurs, il est apparu que bon nombre d’entre vous ne savaient pas encore que La Liberté était devenue une Organisation journalistique enregistrée (OJE) qui, tel un organisme de charité, a le droit de délivrer des reçus pour fin d’impôt lorsque nous recevons des dons. Nous sommes donc en train de développer des stratégies pour mieux faire connaître notre nouveau statut d’OJE et notre capacité de recevoir des dons pour soutenir notre mission.

D’ailleurs, je profite de ces quelques lignes pour remercier notre nouveau comité aviseur composé de Michelle Smith, Raymond Lafond, David Dandeneau et Gérald Labossière.

La Liberté a pour mission de promouvoir un journalisme indépendant et fiable en français au Manitoba. Nous nous engageons à offrir une information de qualité, en demeurant une voix indépendante et influente pour notre communauté.

Nous mettons en lumière ses enjeux et ses réussites, et faisons rayonner notre francophonie à travers le Manitoba et au-delà, avec, entre autres, de beaux partenariats avec nos amis québécois.

Innovation

En 2023, nous avons franchi une étape importante de notre stratégie de transition numérique avec le lancement de notre tout nouveau site web, un parcours de contribution et d’abonnement simplifié et une stratégie d’augmentation du contenu web au quotidien. Ainsi, à chaque jour, vous pouvez lire des articles exclusifs sur la-liberte.ca.

Vous pouvez aussi y trouver des magazines numériques, des jeux interactifs, des balados, des vidéos, et même des fiches pédagogiques pour enseignants et parents, sur des thèmes comme la cybersécurité.

Solidarité et équilibre financier

L’année fiscale de La Liberté s’est conclue à l’équilibre avec un léger excédent qui a été directement réinvesti dans la salle de nouvelles, et ce en grande partie grâce à la générosité de nos donateurs. Il est important de souligner que les 60 000 $ de dons sont entièrement destinés à soutenir notre salle de nouvelles (salaires de journalistes, équipement et déplacements au rural). Cette générosité communautaire nous a permis de créer davantage de contenu en ligne, tout en maintenant la production du journal papier.

Notre visibilité grandissante sur Internet nous permet de rejoindre un lectorat plus jeune et d’élargir notre audience. Cette approche contribue à renouveler et solidifier notre base de lectrice et lecteurs, grâce à une fréquence de publication accrue et une présence en ligne optimisée. De plus, notre contenu en ligne, accessible à toutes et tous, permet de maintenir une communauté bien informée et connectée, renforçant ainsi notre rôle au sein de la francophonie manitobaine.

En mobilisant tous ceux et celles pour qui la francophonie rime avec Liberté, et en créant une communauté de donateurs et donatrices, nous pouvons pérenniser et sécuriser l’avenir de notre média.

Nous vous remercions pour votre soutien indéfectible, qui nous permet de continuer à faire rayonner la voix des francophones dans notre belle province.

Sophie Gaulin
Sophie Gaulin, directrice et rédactrice en chef de La Liberté.

avec des propos recueillis par Fanny Demeusy

Comment va La Liberté?

S.G : La Liberté se porte bien, malgré une année financièrement difficile qui nous a demandé un tour de force pour équilibrer le budget. Dans un contexte où de nombreux journaux ferment leurs portes ou réduisent drastiquement leurs effectifs à travers le pays, nous avons misé sur de nouvelles sources de revenus pour continuer à survivre.

En cette période de crise pour les médias, La Liberté parvient à tirer son épingle du jeu et nous en sommes très fiers.

Comment La Liberté parvient-elle à financer ses opérations?

S.G. : Les annonceurs demeurent une source importante de revenus. Ils représentent 26 % de nos revenus, contre 34 % l’année précédente. Le soutien des annonceurs est crucial pour notre survie. En créant des collaborations durables avec nos partenaires commerciaux, nous valorisons leurs services tout en renforçant notre indépendance journalistique. C’est pourquoi l’un de nos objectifs principaux est d’enrayer la baisse de revenus publicitaires en encourageant une plus grande participation des entreprises locales et en rappelant aux différents niveaux de gouvernement qu’annoncer dans les médias canadiens, c’est gagnant-gagnant.

Les abonnements, quant à eux, qu’ils soient papier ou numérique, représentent seulement 6 % de nos revenus. Mais le prix de l’abonnement à environ 70 $ par année peine à couvrir les coûts de production. En fait, cela ne couvre que 80 % des frais d’impression et de livraison, et rien des salaires et autres frais fixes. Nous avons bien pensé à augmenter ce prix, mais dans un contexte d’inflation galopante, nous préférons maintenir l’accessibilité à l’information et demander à ceux et celles qui le peuvent d’ajouter un don au prix de leur abonnement.

En effet, nous savons que les revenus publicitaires et les abonnements ne sont plus suffisants pour continuer à opérer. Nous avons donc pris l’engagement de diversifier nos sources de revenus en sollicitant les dons de la communauté et en augmentant par exemple notre offre d’ateliers de journalisme dans les écoles de la DSFM et d’immersion. On en profite d’ailleurs toujours pour recruter la relève (rires).

Et les subventions alors?

S.G. : La Liberté a reçu environ 11 % de son budget du Fonds du Canada pour les périodiques de Patrimoine Canadien. De plus, le salaire d’un de nos journalistes est couvert à 90 % par l’Initiative de journalisme local du gouvernement fédéral. Les autres subventions de différents ministères que reçoit La Liberté sont liées à des projets spéciaux, qui nous permettent d’augmenter notre offre de contenus, comme les balados ou les magazines thématiques, mais qui ne peuvent pas servir à financer les opérations du journal. Ces subventions sont ponctuelles, et dédiées à ces projets spécifiques.

Est-ce que les 60 000 dollars de dons ont réussi à combler la perte de revenus publicitaires?

S.G. : Ça nous a permis de couvrir une partie de la perte et de finir l’année avec un léger excédent qui est entièrement réinvesti pour la pérennité de La Liberté. Cela dit, notre média a besoin de consolider et de faire croître sa communauté de donateurs, car elle fait maintenant partie intégrante du modèle d’affaires.

D’autres médias, tels que The Guardian ou La Presse, ont bâti une communauté de donateurs avec succès. Celles et ceux qui aiment leur journal sont au rendez-vous.

De quelles réalisations êtes-vous la plus fière dans la dernière année?

S.G. : La plus grande fierté que nous avons à La Liberté c’est de réussir à maintenir un journalisme fiable et indépendant au Manitoba et de continuer à augmenter notre offre de contenus en français alors que les journaux au pays et dans le monde vivent une crise majeure qui menace la survie du journalisme indépendant. C’est donc un tour de force que notre journal francophone parvient à réaliser année après année. D’ailleurs, La Liberté est souvent prise en exemple à l’échelle nationale pour le développement d’une entreprise médiatique.

De façon plus concrète, notre équipe est particulièrement fière de son nouveau site web, mais surtout d’avoir réussi à transformer un contenu hebdomadaire en contenu quotidien et ce, avec le même nombre de journalistes. En effet, notre site est alimenté à chaque jour avec 3 à 4 articles exclusifs. Ce qui donne une moyenne de 1 340 articles par an exclusifs pour le web.

Comment le contenu de La Liberté impacte-t-il la communauté?

S.G. : Notre couverture approfondie de la politique provinciale a notamment encouragé certains de nos lecteurs à exercer leur droit de vote, comme ce citoyen canadien de 55 ans atteint de trisomie 21, qui a voté pour la première fois lors des élections provinciales et dont la sœur nous a écrit pour nous dire toute sa fierté.

Je pense aussi à un jeune de 17 ans, victime de sextorsion, qui après avoir lu notre magazine sur la cybercriminalité, a pu comprendre la mécanique des criminels, trouver les ressources pour lui permettre de sortir de cette situation et reprendre goût à la vie. Ses parents nous ont écrit une lettre des plus émouvantes.

L’année 2023 a été marquée par une crise à la radio communautaire Envol 91 FM. La Liberté a été le média le plus pertinent dans ce dossier et a été régulièrement cité en référence dans les conversations qui se déroulaient sur les réseaux sociaux.

Plus récemment, de nombreux lectrices et lecteurs ont choisi La Liberté pour exprimer leur inquiétude au sujet de la fusion entre l’institution financière Caisse Groupe financier (créée et gérée par et pour les francophones) avec deux Credit Union du Manitoba. Cela démontre que notre journal est bien plus qu’un simple média d’information. Il est un véritable lieu de rencontre et d’échange pour toute la communauté franco-manitobaine. Que ce soit pour débattre, exprimer des préoccupations ou faire entendre des voix, La Liberté joue un rôle central en offrant un espace où chacune et chacun peut se faire entendre. La Liberté, c’est un peu la colle de notre communauté.

Que souhaitez-vous dire aux donatrices et donateurs, actuels et futurs?

S.G. : D’abord, je veux leur dire Merci. Et puis que l’avenir est plein de défis, mais aussi de possibilités. Nous savons que l’industrie des médias continue d’évoluer rapidement, et il est essentiel que La Liberté continue de s’adapter. On ne veut pas juste survivre, on veut s’épanouir pour rendre les francophones du Manitoba encore plus fiers de leur journal.

Avec leur soutien, je suis convaincue que nous pourrons améliorer davantage notre contenu et aller chercher de nouveaux lecteurs dans une francophonie élargie.

Comment aider?

S.G. : Il existe plusieurs façons de soutenir La Liberté. Bien sûr, les dons sont essentiels et ont un impact direct sur notre capacité à poursuivre notre mission. Par exemple, si 1 000 personnes donnaient 10 $ par mois – l’équivalent de deux cafés – cela nous permettrait de générer plus de 120 000 $ par an.

Devrait-on privilégier les dons mensuels plutôt que ponctuels?

S.G. : Le don mensuel permet d’investir dans notre mission et de mieux budgéter avec confiance. Cette prévisibilité nous aide à planifier l’avenir de manière plus sereine. Mais au-delà des dons, chaque geste compte, y compris le bénévolat. Chaque contribution, petite ou grande, renforce notre lien avec la communauté et nous permet de continuer à informer, rassembler et défendre la francophonie manitobaine.

Comment ont été et seront utilisés les dons?

S.G. : Les dons continueront de jouer un rôle crucial dans notre avenir. Sans eux, il serait très difficile de maintenir la salle de nouvelles (salaires et équipement) et de produire du contenu en français qui reflète les réalités et enjeux de la communauté franco-manitobaine. Chaque dollar que nous recevons est directement réinvesti dans la salle de nouvelles, nous permettant de rester indépendants et de préserver une voix francophone forte. Nous espérons que nos lecteurs et partenaires continueront à soutenir La Liberté, car c’est grâce à eux que nous pouvons envisager l’avenir avec espoir.

S’abonner au journal, est-ce une forme de contribution?

S.G. : Comme je le disais plus tôt, les abonnés sont très précieux, car ils sont le cœur de notre métier. Et c’est pour eux qu’on travaille à chaque jour. Et c’est pour eux, aussi, que nos annonceurs placent de la publicité. Mais il est essentiel de savoir que le coût de l’abonnement couvre 80 % du coût d’impression et de livraison. Le travail des journalistes et de l’équipe de soutien doit être financé autrement.

Quel est l’objectif à réaliser pour cette année fiscale 2024-2025?

S.G. : Cette année, nous visons un objectif de 75 000 $ en dons d’ici mars 2025. L’an dernier, grâce à la générosité de nos donatrices et donateurs, nous avons atteint plus de 60 000 $, ce qui nous donne la confiance nécessaire pour croire que cet objectif est à notre portée.

Et aujourd’hui, à combien s’élèvent les dons reçus?

S.G. : À ce jour, nous avons déjà collecté 25 000 $ pour l’année fiscale 2024-2025. Nous sommes persuadés que, tous ensemble, nous pouvons atteindre cette somme.

Quel est le média qui vous inspire?

S.G. : Le journal La Presse à Montréal est notre inspiration. Il a réussi une transformation numérique magistrale et a pris le pari de compter sur des donateurs et donatrices pour continuer sa mission de journalisme indépendant au Québec.

L’an dernier, leur PDG, Pierre-Elliott Levasseur, annonçait 7,8 millions de dollars de dons et 56 000 donateurs pour un don moyen de 139 $ par an, par donateur. J’ai la grande conviction que les Manitobains et Manitobaines dépasseront les Québecois et Québecoises sur la question du 139 $ par an, par donateur, pour soutenir leur journal. (rires) D’ailleurs, nous avons reçu plusieurs dons de 1 000 $ et plus!

Et après 2024-2025, quels sont les objectifs donnés pour les prochaines années?

S.G. : Notre vision à long terme repose sur plusieurs objectifs clés. Tout d’abord, nous voulons continuer à diversifier nos sources de revenus, afin d’assurer la stabilité financière de La Liberté tout en respectant notre mission journalistique. Cela inclut non seulement d’augmenter les dons, mais aussi de développer de nouveaux partenariats et projets spéciaux. Nous souhaitons également renforcer notre présence numérique pour élargir notre lectorat, tout en restant fidèles à notre communauté historique. Ensuite, un autre de nos objectifs est de consolider notre rôle dans la formation des futures générations de journalistes francophones.

Nous sommes convaincus que La Liberté doit continuer à être un tremplin pour la jeunesse, à travers des programmes comme Génération Z et Vice-Versa, et en accueillant des stagiaires et de nouveaux talents locaux.

Un dernier mot?

S.G. : Je tiens personnellement à remercier l’ensemble des personnes et organismes qui nous soutiennent, que ce soient nos chroniqueurs et chroniqueuses bénévoles, notre éditorialiste Michel Lagacé, nos fidèles lectrices et lecteurs, annonceurs, mais aussi nos abonné.e.s, et tout particulièrement ceux et celles qui nous ont déjà fait un don. Votre don à La Liberté a déjà permis de préserver votre média et d’assurer que dans ces temps difficiles, nous soyons toujours là pour vous informer sur les enjeux de notre communauté.

Je ne remercierai jamais assez les membres de mon conseil d’administration pour leur temps, leur expertise et l’engagement infaillible dont ils font preuve année après année. Mais aussi toute l’équipe qui m’entoure au quotidien et qui est toujours plus déterminée à vous impressionner.